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Le titre eft critiqué dans la fuppofition qu'il doit s'étendre à tout ce qui fe paffe chaque jour à Paris, de quelque genre que ce foit, jufqu'aux hiftoires comiques & galantes; mais comme les termes ne fignifient que ce qu'on leur fait fignifier quand on les définit, les faits qui paroiffent manquer dans l'Hiftoire journalière ne s'y chercheroient pas, fi l'on fe fouvenoit de la préface de l'auteur, où il a affez expliqué dans l'expofition de fon plan qu'il n'entend par le titre de fon livre que le récit des chofes omifes ou abrégées, par rapport à cette capitale du Royaume, dans les écrits périodiques & furtout touchant les arts, les manufactures, les fpectacles, &c., de même que le détail des événemens relatifs à l'hiftoire de cette ville, & propre à la faire connoître. Le plaifant intéreffe peu, ou plutôt il n'intéreffe point; on n'en remporte rien, il ne divertit même pour l'ordinaire que felon le

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degré de fiction; auffi chez les perfonnes raisonnables y a-t-il une espèce de honte attachée à l'aveu de s'y amufer. L'auteur aime mieux fe fixer à des faits moins divertiffans, mais plus fûrs & à des recherches curieufes qui ne laiffent rien ignorer à l'égard des chofes qu'il rapporte. Il convient que ce plan eft fort férieux; & pour cette raison, il avertit ceux qui veulent favoir entre autres les aventures plaifantes de Paris, qu'ils ne les trouveront point dans cette Hiftoire journalière, à moins qu'elles ne foient liées avec l'histoire de cette ville, ou par la cause, ou par les circonftances: autrement il ne croit pas qu'une pareille omiffion foit un défaut pour fon livre. Il faut d'ailleurs un génie propre pour faire rire, & l'auteur avoue qu'il ne lui a pas été donné; heureufement il n'en a que faire pour remplir fon deffein. Enfin il ne répondra que par un axiome de droit à ceux qui prétendent

que ce livre n'apprend rien : qui nimis probat, nihil probat; cette critique est trop vague pour être exacte.

On trouvera à la fin de ce fecond tome une differtation très curieufe fur l'origine & l'arrangement des jetons. Elle est d'un favant fort profond dans l'histoire métallique ancienne & moderne. Il a bien voulu qu'elle fût donnée au public, & c'eft lui faire un préfent.

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HISTOIRE JOURNALIÈRE

DE PARIS.

1717.

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ARTICLE IX.

E quatrième d'avril, M. le prince de Conti (1), âgé de vingt & un ans & demi moins fix jours, entra au Confeil de régence. Cette place étoit due à fon rang dès le commencement du nouveau règne, & il en étoit digne par les lumières de fon efprit: mais les difpofitions teftamentaires de Louis XIV, qui prefcrivoient l'âge de vingt-quatre ans

(1) Louis-Armand II de Bourbon, prince de Conti, duc de Mercœur, comte de La Marche, né le 10 novembre 1695 à Paris, où il mourut le 4 mai 1727 en fon hôtel. Il fut enterré à Saint-André-des-Arcs.

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accomplis, avoient toujours fait obftacle à l'installation de ce prince, de même que l'arrêt du 2 de feptembre 1715, qui fixoit l'entrée au Confeil de régence pour les princes du fang à vingt-trois ans accomplis. Cependant, comme leur droit & le bien de l'État avoient fait interpréter en plufieurs points les dernières volontés du feu Roi (1), plutôt felon Pefprit que felon la lettre du teftateur, & que Monseigneur le duc d'Orléans avoit dit dans la féance du Parlement du 2 de feptembre 1715 (2) qu'il ne pouvoit "attribuer qu'à oubli de ce que M. le prince de Conti n'étoit pas appelé par “le testament au Confeil de régence, que cette place lui étoit due en qualité de prince du fang & qu'il lui paroiffoit que la règle que l'on établiroit pour l'âge à l'égard de Monfieur le Duc devoit fervir d'exemple pour M. le prince de Conti; enfin comme (3) l'article premier de l'édit de 1711 porte que les princes du fang royal auront droit d'entrée, féance & voix déli"bérative dans les cours de Parlement à l'âge de quinze ans, tant aux audiences qu'au confeil, fans aucune formalité "; préroga

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(1) Procès-verbal de ce qui s'eft paffé au Parlement le 2 de septembre 1715 (D.).

(2) Procès-verbal, ibid. (D.).

(3) Édit pour les duchés & pairies de mai 1711 (D.).

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