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tive qui emporte toutes les autres, attendu l'importance des affaires qui fe décident dans les parlemens; ces raifons ont paru autant de titres pour accorder à M. le prince de Conti une place dans le Confeil de régence avant l'âge de vingt-trois ans accomplis.

ARTICLE X.

Il y a à Paris des fociétés de perfonnes attachées aux fciences & aux arts, qu'on appelle académies. Elles ont chacune leurs statuts particuliers qui prefcrivent la matière de leurs occupations, & règlent la forme & les jours de leurs affemblées. Celles de l'Académie françoise & des Académies royales des infcriptions & des fciences font publiques en certaines occafions, favoir, pour la première, aux réceptions des académiciens, ainfi que tous les deux ans le jour de Saint Louis à la distribution des prix, &, à l'égard des deux autres, aux rentrées après les vacances d'automne & la quinzaine de Pâques. Cette coutume femble moins établie pour honorer les favans que pour faire connoître au public qu'il eft des lieux où la fcience égale les hommes, où elle eft le feul titre qui leur donne rang, où les conditions les plus fimples ne les confondent pas plus que les hautes dignités les diftinguent, enfin où des fujets,

obfcurs partout ailleurs, font affis à côté des grands du monde, récompenfe du favoir audeffus des richeffes, & peut-être des honneurs mêmes.

L'affemblée d'après Pâques de l'Académie des infcriptions & belles-lettres fut le 6 d'avril; M. Foucault (1), confeiller d'État, y préfida.

(1) Nicolas Foucault, marquis de Magny, né à Paris le 8 janvier 1643, mort le 17 février 1721, fut fucceffivement intendant du Languedoc, de Béarn & de Normandie & fe fignala par fes rigueurs lors de l'exécution de la révocation de l'édit de Nantes; mais il ne s'en montra pas moins honnête homme ", felon l'expreffion du tems, & fes goûts de curieux le firent entrer à l'Académie des infcriptions. Le fort de fa bibliothèque, dispersée de son vivant pour payer les dettes de fon fils, eft affez mal connu; un certain nombre des manuscrits précieux qui l'ornoient paffa chez l'abbé de Rothelin; un autre, juftement célèbre fous le titre d'Heures de Buffy, que Foucault avoit, felon une note autographe, « remis » (c'est-à-dire fans doute cédé) à Mme de Montataire, fille de Buffy, a été acquis en 1879 à la vente de M. Ambroise FirminDidot par M. le baron J. Pichon. Foucault tenoit auffi un rang élevé parmi les numifmates, & Montfaucon mentionne expreffément, dans la préface de l'Antiquité expliquée, les fecours qu'il lui a fournis. Son cabinet fut acheté par Mahudel & revendu au Roi en 1727. L'inventaire qui dut alors en être dreffé feroit curieux à comparer avec le Catalogue des médaillons & des médailles principales du cabinet de M. Foucault (in-4o, 130 pages) que Laverdet a fait figurer dans une vente d'autographes du mois d'avril 1856; mais on ignore entre quelles mains ce dernier manufcrit est passé. Le portrait de Foucault a été gravé deux fois, par Van Schuppen, d'après Largil

Celle des fciences fe tint le lendemain 7. M. l'abbé Bignon (1) étoit préfident. Il fut fait à l'une & à l'autre, felon la coutume, plufieurs lectures favantes. C'est l'usage, lorsqu'il eft mort quelque académicien, de commencer la féance par fon éloge. M. de Boze (2),

lière, & par F. Ertinger, en tête de page, pour une differtation de de Boze fur Janus qui lui eft dédiée. Outre l'éloge funèbre lu par ce dernier en 1721 & imprimé dans fon Hiftoire de l'Académie des infcriptions, on peut confulter fur Foucault la préface de fes Mémoires inédits, publiés en 1862 par M. Frédéric Baudry dans la collection des documens inédits fur l'hiftoire de France, une étude de Sainte-Beuve (Nouveaux Lundis, tome III), & furtout le Cabinet des manufcrits de M. Léopold Delifle (tome I, p. 374-378).

(1) L'abbé Jean-Paul Bignon, oratorien, membre de l'Académie françoife, né en 1662, mort le 14 mars 1743, petit-fils de Jérôme Bignon, fut nommé bibliothécaire du Roi le 15 septembre 1719, & fe démit, en 1741, de cette fonction, fucceffivement attribuée à fix membres de la même famille.

(2) Claude Gros de Boze, né à Lyon le 28 janvier 1680, garde du cabinet des médailles, membre de l'Académie françoise & de celle des infcriptions, mort à Paris le 10 feptembre 1753. On a trois catalogues de fa bibliothèque le premier, rédigé, felon une note manufcrite, par Jean Boudot, a été imprimé à l'Imprimerie royale, fans indication de lieu, & tiré, dit-on, à 25 exemplaires; il eft intitulé: Catalogue des livres du cabinet de M. de Boze, M.DCC.XLV, petit in-quarto, 4 ff. liminaires, 332 p. & xxxi p. pour la table; les livres ne font pas numérotés; frontifpice & fleuron gravés par J. M. Preifler d'après Bouchardon. Ce même fleuron a été réduit par P. E.

fecrétaire perpétuel de l'Académie des infcriptions, fit celui de M. Kuster (1) qu'elle avoit perdu au mois d'octobre. C'étoit un Allemand fort profond dans la connoiffance de la langue grecque & habile critique. Étant venu en France en 1713 & s'étant fait catholique, la confidération de fon mérite avoit engagé cette compagnie à le recevoir comme affocié furnuméraire par une diftinction qu'elle n'a jamais accordée qu'à ce célèbre grammai

Moitte pour le catalogue portant le même titre & les adreffes de G. Martin, de H. L. Guérin & L. F. Delatour, 1753, in-8°, 2723 numéros & 552 pages, plus un supplément de 14 pages pour les livres retirés. La bibliothèque de de Boze fut acquife en bloc par MM. de Cotte & Boutin, qui y choifirent ce qui leur convenoit & firent revendre le furplus par G. Martin: Catalogue des livres provenant de la bibliothèque de feu M. de Boze dont la vente fera annoncée par affiches, in-8°, 192 pages, 1319 numéros. Une note infcrite, fur l'exemplaire de l'Arfenal nous apprend que cette vente produifit 38 677 # 3 fols. Quelques exemplaires du catalogue de 1753 renferment un portrait gravé par Dupuis d'après Chevalier, pour la fuite d'Odieuvre. Aniffon Duperron poffédoit le deffin original de celui de C. N. Cochin (1752). Un autre portrait par Bouys eft indiqué comme très rare par le catalogue Faucheux (1856, n° II94).

(1) Ludolphe Kufter, né à Blomberg en février 1670, mort le 12 octobre 1716: Au refte, dit de Boze en terminant fon éloge, il paroiffoit d'un naturel doux & paisible; aifé dans fes manières, poli méme jusqu'à un certain point, il n'avoit rien du tout dans l'extérieur qui annonçat un favant de profeffion. "

rien. L'extrait de cet éloge, ainsi que de tout ce qui fe lit à ces affemblées publiques, fe trouve dans les journaux : ce qui difpenfe d'en rien dire. On remarquera feulement que M. Falconet le fils (1), académicien afsocié, parla fur l'aimant, qu'il rapporta les idées fuperftitieufes que l'antiquité s'en étoit formées de même que les fables que l'ignorance en raconte, qu'il expliqua les propriétés de cette pierre felon les différens systèmes, & que ce mélange de belle érudition & de physique lui attira un compliment nouveau : le préfident ayant loué cet habile académicien d'avoir dit des chofes pour lesquelles l'Académie des fciences n'auroit pas moins droit

(1) Camille Falconet, né à Lyon le 1er mars 1671, mort à Paris le 8 février 1762, médecin confultant du Roi, membre de l'Académie des infcriptions, fils de Noël Falconet, également médecin. On fait que Camille Falconet légua en 1742 à la Bibliothèque du Roi 11 090 volumes dont il s'étoit réfervé l'ufage jufqu'à fa mort. Ils figurèrent néanmoins, mais entre crochets, fur le catalogue imprimé rédigé par Marie-Jacques Barrois, 1763, 3 vol. in-8°. La partie livrée aux enchères produifit 39 062 livres. Une note de l'abbé Boudot, alors premier commis en fecond à la Bibliothèque royale, donne le détail des volumes légués & une appréciation affez dédaigneufe de leur valeur : "634 in-folios, 2632 in-4o, 7206 in-8° & de petite forme (fic), 600 pièces à délier & féparées. Ces livres en général ne préfentent pas un objet bien important. On en trouve peu de rares; les conditions en font plus que médiocres » (Arsenal, ms. 6342, fo 35).

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