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de le revendiquer que pour fa qualité de médecin.

La règle qu'on s'eft prefcrite demande qu'on recherche en cet endroit l'établiffement de ces deux académies & par occafion celui de l'Académie françoife; c'est ce qu'on exécutera en autant d'articles qui commenceront par cette dernière comme la plus ancienne, après en avoir fait un fur l'origine de ces fortes d'inftitutions.

ARTICLE XI.

Le nom d'académie vient d'un Grec appelé Academus (1), à qui avoit appartenu un clos planté d'arbres dans le faubourg d'Athènes où Platon tint fon école & d'où les philofophes de fa fecte furent nommés académiciens. Il n'y avoit point, non feulement en Grèce, mais dans tout le monde, de lieu d'exercice plus célèbre; c'eft comme en parle S. Sulpicius dans une lettre à Cicéron (2): Nos in nobiliffimo orbis terrarum gymnafio academiæ locum delegimus; & Cicéron en faifoit tant de cas qu'il donna le nom d'académie à la maison de campagne qu'il avoit auprès de Pouzol,

(1) Diog. Laert., 1, 3 (D.).
(2) Epift. famil., lib. 4 (D.).

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où il a compofé fes queftions académiques (1). Dans la fuite des tems, à mesure que le chriftianifme s'eft établi, les princes ayant fondé des écoles publiques où l'on enfeignoit la théologie, le droit, la médecine, & ce qu'on appelle les arts, elles ont été nommées en latin academia & univerfitates. Enfin, au feizième fiècle, ce nom a été particulièrement affecté à certaines fociétés de perfonnes qui cultivent les fciences & les arts. Elles ont commencé en Italie en 1525 par l'académie des Intronati de Sienne (2), qui femble avoir donné la forme à toutes celles qui fe font établies depuis en différens États de l'Europe.

ARTICLE XII.

Il paroît que l'Académie françoise eft la première fociété de favans qui ait pris en France le nom d'académie. Les lettres patentes de Louis XIII en forme d'édit pour fon établissement font du mois de janvier de

(1) Plinii rerum nat. hift., lib. 21 (D.).

(2) M. Naudé, Dial. de Mafcurat (D.). - Le vrai titre de ce volume eft: Jugement de tout ce qui a été imprimé contre le cardinal Mazarin depuis le fixième janvier jusqu'à la déclaration du 1er avril 1649, s. 1. n. d., 1650, in-4o, 492 pages; 2e éd., 718 pages. C'eft un des interlocuteurs mis en scène qui a donné fon nom à ce livre. Mercier de

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l'année mil fix cent trente-cinq, mais fon origine eft plus ancienne de quatre ou cinq ans, fi l'on remonte au tems de fes premières affemblées qui commencèrent environ l'an mil fix cent vingt-neuf. La mémoire de ce premier âge étoit même fi chère aux anciens académiciens qu'ils en parloient, dit le célèbre hiftorien de cette académie (1), comme d'un âge d'or durant lequel avec "toute l'innocence & toute la liberté des premiers fiècles, fans bruit, fans pompe, & แ fans autres lois que celles de l'amitié, ils goûtoient enfemble tout ce que la fociété des efprits & la vie raifonnable ont de plus doux & de plus charmant. » La connoiffance que le cardinal de Richelieu eut de cette fociété lui fit fouhaiter d'en faire un corps dont il fe déclareroit le protecteur. Quelque goût que ceux qui la compofoient alors euffent pour la douceur & la familiarité de leurs conférences, ils fentirent bien que dès qu'elles avoient éclaté, il ne leur étoit

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Saint-Léger avoit rédigé pour la feconde édition une table du Mafcurat qui fut imprimée, à l'infu de l'auteur, par les foins de Méon & tirée à 12 exemplaires. Elle a été réimprimée dans les Annales du bibliophile (publiées chez M. A. Claudin), numéro du 25 août 1862. Une autre table manufcrite, rédigée par Camille Falconet, eft jointe à un exemplaire de la feconde édition du Mafcurat, appartenant à l'Arfenal.

(1) Hiftoire de l'Académie françoise (D.). Pelliffon.

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pas permis de refufer les offres d'un miniftre qui pouvoit tout ce qu'il vouloit, d'autant plus qu'ils n'ignoroient pas que les lois du Royaume défendoient toutes fortes d'affemblées qui n'étoient point autorisées : ce qui les engagea à le remercier de l'honneur qu'il leur faifoit en des termes qui marquoient leur foumiffion à fes volontés.

Le Cardinal, content de cette réponse, leur fit dire qu'ils s'affemblaffent comme de « cou"tume, & qu'augmentant leur compagnie, « ainfi qu'ils le jugeroient à propos, ils avifaffent entre eux quelle forme & quelles lois il feroit bon de lui donner à l'avenir. " Ceux qui vouloient plaire au Cardinal & qui avoient quelque réputation d'efprit regardèrent cette permiffion comme un ordre d'entrer dans un corps dont il vouloit être le protecteur & le père : ainfi les perfonnes du plus brillant mérite, entre lesquelles on en comptoit qui n'étoient pas moins confidérables par leur condition, augmentèrent bientôt le nombre des académiciens, & tous penfèrent férieufement à remplir l'intention du Cardinal.

Il s'agiffoit d'abord de donner quelque ordre & quelque forme à leurs affemblées. Pour cela ils commencèrent par créer un directeur, un chancelier & un fecrétaire, avec un libraire de l'académie, lequel devoit lui fervir comme d'huiffier. On agita auffi dans

ces commencemens quel nom prendroit cette compagnie, &, parmi plufieurs qui furent propofés, elle choifit celui de l'Académie françoise qui avoit déjà été approuvé du Cardinal. Néanmoins il fut un tems que quelques-uns s'imaginèrent qu'elle s'appeloit l'Académie éminente, par allufion à la qualité de fon protecteur; d'autres la nommoient l'Académie de Péloquence & plufieurs des beaux esprits; en forte qu'encore aujourd'hui elle n'eft prefque connue que fous ce dernier nom dans quelques provinces, quoiqu'elle ne se soit jamais appelée elle-même que l'Académie françoife. Ce nom avoit paru le plus convenable, parce qu'il la définiffoit mieux, fa principale fonction devant être de travailler à la pureté & à la perfection de la langue françoife. On rédigea enfuite les ftatuts par articles; & comme le fecrétaire de l'Académie fe trouvoit auffi fecrétaire du Roi, il fut en même tems chargé de dreffer les lettres patentes pour fon établiffement. Auffi fontelles compofées avec un art qui a fu allier les expreffions les plus polies & le tour le plus noble avec les façons de parler ordinaires de la chancellerie. Par ces lettres patentes

cette compagnie eft établie à Paris fous le “nom de l'Académie françoise, pour rendre la langue françoise non feulement élégante, mais capable de traiter tous les arts &

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toutes les fciences, eft compofée de qua

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