Imágenes de páginas
PDF
EPUB

élémens d'une trop brève biographie. Il est de ceux d'ailleurs, & ce ne font peut-être pas les moins fages, qui n'ont compté que fur leurs livres pour les recommander à l'attention de la postérité.

Malgré la particule & le titre qui fuivent fon nom patronymique, Louis-François Dubois de Saint-Gelais n'appartenoit pas, felon toute vraisemblance, à la famille angoumoifine d'où font iffus Octavien & Mellin de Saint-Gelais, & peut-être cette superfétation, fi fréquente alors, avoit-elle pour motif quelque attache au petit village de Saint-Gelais, fitué à une lieue de Niort. Toutefois, aucun document n'autorise cette conjecture, & fi Dubois, felon les registres de l'églife de Cires-les-Mello & ceux de l'Académie royale, avoit foixantehuit ans environ au moment de fa mort, on ne fait rien de lui depuis 1669, — date préfumée de fa naiffance, -jufqu'au moment où il remplit chez Nicolas de Launay, directeur de la Monnoie, les fonctions de précepteur : ce fut en reconnoiffance de fes bons fervices que de Launay lui céda l'ufufruit d'une charge de contrôleur des rentes de l'Hôtel de Ville qu'il géroit encore au moment de fa mort.

Antérieurement, il auroit réfidé à Amsterdam en qualité de commiffaire de la marine & affifté au Congrès d'Utrecht comme «fecrétaire pour l'Espagne ". Les archives du ministère de la Marine, pas plus que celles des Affaires étrangères, n'ont pu me mettre en mesure de vérifier ces deux affertions des continuateurs de Moreri (1) qui femblent au furplus très renfeignés fur fon compte. Il poffédoit couramment, nous difent-ils, l'italien & l'efpagnol, & ils citent fa traduction de la Phillis de Scire de Guidubaldo Bonarelli qu'il publia en 1707 (Bruxelles, 2 vol. in-12, fig. de Harrewyn), fans négliger de faire paffer en françois la differtation fur le double amour de Célie qui avoit choqué, paroît-il, les lecteurs de cette faftidieuse pastorale. C'est fans doute auffi fur fa notoriété de philologue & de diplomate que les mêmes bibliographes lui ont attribué la traduction du Voyage du tour du monde de Gemelli Carreri (Paris, Ganeau, 1719, 6 vol. in-12), fignée des initiales L. M. où Gabriel Martin (2) a lu celles d'Eustache Le Noble;

(1) Édition de 1759, v° Bois (Du).

(2) Catalogue de M. Bellanger, 1140, no 2659, p. 284. Les

mais c'eft fans plus de fondemens que le même libraire (1) a porté à fon avoir littéraire la mise au jour d'un petit livre dont Dubois déclaroit aux rédacteurs du Moreri n'avoir jamais eu un exemplaire entre les mains (2).

Il eft de tradition courante parmi les bibliographes que l'État préfent d'Espagne eft de Louis-Charles d'Albert, duc de Luynes, né à Paris le 25 décembre 1620, mort le 10 octobre 1690, & que le Nouveau voyage est de Boureau-Deflandes. L'initiale D***, qu'on lit au faux titre, eft fans doute l'origine d'une méprise qui s'eft renouvelée lorsque le Nou

continuateurs de Moreri, après avoir indiqué Dubois comme l'auteur de la traduction, ajoutent d'autres mieux informés la donnent à Le Noble ". Barbier a fait remarquer que cette opinion n'eft appuyée par aucun contemporain, J. Leclerc, Lenglet-Dufrefnoy, Prévost, Grofley, & qu'elle paroît avoir eu pour origine la difpofition des initiales fur le frontispice.

(1) Catalogue Lancelot, 1741, no 3540.

(2) État préfent d'Espagne; l'origine des grands avec un Voyage d'Angleterre. A Villefranche, chez Étienne Le Vray, à la Renommée, 1717, in-8°, 268 pages. Le Nouveau Voyage d'Angleterre, par M. D*** (Boureau-Deflandes), est p. 223. Barbier a donné un intitulé de ce livre beaucoup plus long que celui-ci qui a été relevé fur l'original.

veau voyage reparut la même année, fous le titre de Remarques fur l'Angleterre, dans les Pièces échappées du feu, recueillies par Sallengre (Plaisance, 1717, in-12). Les Remarques n'appartiennent donc pas plus à Dubois qu'un Mémoire préfenté par le duc d'Arcos à Philippe V fur le rang & Phonneur des ducs & pairs; Quérard, en lui en renvoyant la paternité, me femble avoir lu un peu légèrement la note du catalogue Lancelot.

J'ai dit plus haut quel étoit le plan de l'Histoire journalière. Les mœurs des comédies de Molière ne font déjà plus les nôtres ", écrivoit Dubois en 1717, &, pour être comprifes de la génération nouvelle, les fatires de Boileau avoient befoin du commentaire de Broffette: c'eft pour réagir dans la mesure de fes forces contre cette mobilité de la vie parifienne dont nos contemporains ne font pas, on le voit, les premiers à fe plaindre, que Dubois entreprit de donner tous les trois mois un résumé de ce qui lui fembloit digne d'être difputé à l'oubli. Il ne put exécuter fon projet que pour les derniers jours de décembre 1716 & les cinq premiers mois de 1717; il faut reconnoître d'ailleurs que dans ce laps de

tems fi court les événemens quotidiens furent affez nombreux pour faire apprécier tout l'intérêt de fa tentative: le premier féjour officiel du jeune roi à Paris, la création des bals de l'Opéra & de la Comédie-Françoise, celle de la banque de Law, la réouverture de la Comédie-Italienne fermée depuis 1696, le féjour du Czar à Paris, la réorganisation de l'Académie d'architecture alternent ici avec les incidens variés que les badauds de la Régence, pas plus que ne le feroient ceux d'aujourd'hui, n'étoient gens à négliger: le défaccord des pairs & des préfidens à mortier fur une question de cérémonial, l'entrée d'un ambaffadeur de Suède, un incendie rue SaintMartin, les merveilles annuelles de la foire Saint-Germain, l'arrivée devant les Tuileries d'un navire marchand hollandois, les formalités qui accompagnoient le paffage du Roi des mains des femmes à celles de fon gouverneur, &c. Dubois ne se borne pas à enregistrer ce qui fe déroule ainfi fous fes yeux; toute occafion lui eft bonne pour differter fur l'origine des chofes dont il parle : fi Dagueffeau fuccède à Voyfin dans la garde des fceaux, fi Joly de Fleury eft nommé procureur général,

« AnteriorContinuar »