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donna une feconde édition, qui comporte 512 pages & fe diftingue de la première par l'addition de quatre toiles provenant de Reims une Defcente de croix de Federigo Zucchero, Noli me tangere du Tintoret, une Nativité du Corrège & un Lavement des pieds de Girolamo Muzziano, qui reprirent plus tard leur place primitive. Au moment même où fon travail paroiffoit pour la première fois, la fucceffion du Régent faifoit circuler un petit

de travaux que la galerie d'Orléans &, fi difperfée qu'elle foit aujourd'hui, il eft poffible de la reconftituer par la pensée à l'aide de tout ce qui a été publié fur fon compte. Sans parler des trois volumes in-folio renfermant 355 planches gravées fous la direction de Couché (1786-1808), on peut confulter fur les viciffitudes de cette galerie & fur les particularités qui fignalèrent fa vente une longue note d'Ad. Thibaudeau, revue par Ch. Blanc, dans le Tréfor de la curiofité (II, 147-159), & une autre note de l'Introduction de M. Louis Courajod au Livre-Journal de Lazare Duvaux (p. xx-xx1). La Defcription de Dubois a reçu, en outre, un précieux complément par les foins de M. A. de Montaiglon, qui a pris la peine de dreffer deux tables, l'une des provenances & l'autre des noms des peintres que Dubois avoit, fuivant la fingulière méthode du tems, claffés dans l'ordre alphabétique des prénoms. Ces deux tables font enfouies dans une revue éphémère & peu connue, Paris-Artiste (no du 2 mai 1872).

Catalogue des tableaux flamands qui devoient être vendus le 9 juin 1727, en même tems que les pierres gravées, s'il étoit fait des offres fuffifantes à M. d'Argenfon (voy. plus loin, p. 120); la vente n'eut pas lieu & ces mêmes tableaux figurent encore dans l'édition de 1737.

La Defcription de Dubois fut accueillie avec l'indifférence qu'avoient rencontrée les travaux antérieurs de Florent Le Comte & de Roger de Piles & à laquelle il faut peut-être demander compte de la médiocrité des premiers effais dans cet ordre de recherches. Le Journal des favants n'en fit qu'un " extrait", affez banal (1727, p. 314) & les Mémoires de Trévoux n'en parlèrent point. Il faut, pour en trouver un examen férieux & même févère jufqu'à l'injustice, l'aller demander à un livre publié à l'étranger & dont les bibliographes ne paroiffent avoir connu ni le contenu exact, ni le véritable auteur. En 1735 parut à Florence, chez Michel Neftenus & Francis Moucke, une réimpreffion du Dialogo della pittura... intitolato l'Aretino de Lodovico Dolce (in-8°, 308 p., dont 79 pour la préface, frontifpice anonyme à l'eau-forte), accompagnée

d'une traduction françoife qui, fur la foi de Bottari (1), confirmée par Ch.-Th. de Murr, a toujours paffé pour être due à Nicolas Wleughels, alors directeur de l'École françoife de Rome; mais il eft permis d'opposer à cette affertion deux objections de quelque valeur : la lettre adreffée de Rome à Dubois par Wleughels fur fon père & où il excufe luimême fon barbouillage ", prouve que l'eftimable peintre n'avoit que la culture médiocre des artistes d'autrefois, & fes origines flamandes le rendoient encore moins apte à la tâche toujours délicate d'une traduction; puis, quand bien même cette traduction eût été fon œuvre, il n'est pas vraisemblable que Wleughels ait attaqué auffi vertement qu'il l'a fait dans fa Préface la Defcription de fon ami Dubois. Bottari & le catalogue Goddé ont fignalé les vives critiques qu'elle renferme contre le Traité de la peinture & de la Sculpture de Richardson père & fils (Amsterdam, 1728, 3 vol. in-8°), mais ils n'ont fans doute pas reconnu de quel autre livre vouloit parler l'auteur lorfqu'il réfume, prétend-il,

(1) Raccolta di lettere, &c. Roma, 1757, tome II, p. 164.

une lettre datée de Versailles, le 28 mai 1727, & qu'il fignale diverfes erreurs échappées à Dubois. A ces remarques fe mêlent plufieurs de ces particularités dont nous fommes aujourd'hui fi avides : c'est ainsi qu'à propos de Pierre de Cortone & d'un de fes tableaux acheté chez M. Jabach qui poffédoit des deffins du même artifte, il fe vante de fes acquifitions à un petit inventaire qui s'y fit il y a treize ou quatorze ans (1) ". Si Dubois avance que Pierre de Cortone, en peignant une Annonciation pour l'église des Servites de Florence, eut le premier l'idée de représenter la Vierge évanouie, tout auffitôt fon contradicteur lui objecte que Pouffin avoit eu la même inspiration dans un petit tableau ❝ peint fur bois fort épais, gravé en Italie, par Pierre del Pô » & qu'il avoit vu il y a longtems entre les mains de M. Benoît, peintre de l'Académie (le démonstrateur du Cercle royal).

(1) Il s'agit fans doute des deffins qui furent retrouvés en 1721 par Gérard-Michel Jabach dans la maison de fon aïeul Evrard Jabach & qui, felon Mariette, furent vendus en Hollande après que Zanetti, le compagnon de voyage de Rofalba, y eut pris ce qui étoit de meil

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Plus loin, il confeille à Dubois, s'il veut parler avec quelque autorité des Loges de Raphaël, d'en voir au moins les eftampes chez M. Mariette & cite à ce propos la plaisante balourdife d'un pauvre Allemand très ignorant & très épais, appelé Clinchetet (1)", qui soutenoit qu'on devoit dire les éloges de Raphaël. Il n'admet pas, avec raison, qu'on puisse prendre un Saint Jérôme & une Madeleine du Corrège pour deux tableaux d'Annibal Carrache; enfin il ne lui paffe aucune des hardieffes ou des bizarreries de fon ftyle: la robe « rofe fèche » d'une Charité de Lanfranc, une « Junon qui plafonne dans un tableau du Cavedone, l'attitude horizontale » d'un ange dans une Prière au jardin des Oliviers de Raphaël ne trouvent pas plus grâce devant lui que le deffin correct » d'un peintre auffi « goffe " qu'Adrian van der Werf.

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Ces vétilles ne diminuent en rien la valeur de Dubois : fi incomplets que foient les élémens de fa biographic, nous en favons affez pour reconnoître en lui un « honnête homme »

(1) Claude-Gustave Klingstedt (qu'on écrivoit prefque toujours Clinchetet), né à Riga en 1657, mort à Paris le

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