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dont il donne la définition, & cela avec quelques reflexions fur les genies inventifs, voilà un Traité, & qui n'eft pas des moindres. Le fuivant eft même encore moins confiderable. Un arbre genealogique dont Methode Mathematique de doctrine eft le tronc, avec une très - courte explication en fait l'affaire : voici quelques-unes des reflexions de l'Auteur fur les genies inventifs, vous jugerés des autres par celles-ci.

L'efprit d'invention est un peu brouillon de fon naturel (le P. C. en doit être crú) il derange tout, mais c'est pour tout arranger à fon tour d'une maniere nouvelle & avec un nouvel affortiment. Ce font ces efprits createurs &inventifs qui munis d'une vaste collection de vues naturelles & acquifes, franchif fent la réduction à l'aide de la combinaison, & atteignent au nouveau fiftème.

Au reste, les efprits étant auffi divers que les vifages, il ne laiffe pas d'y en avoir une espece qui vont jufqu'à la reduction &à la découverte fans pouvoir arriver au fistème, ni se mettre jamais en poffeffion de cette découverte, manque de tête & d'une certaine vigueur. Ils enfantent, mais avant terme, & ne produifent que des avortons. Il faut de la memoire pour le détail, de l'efprit pour la combinaifon, du genie pour la generalifation & de la tète pour le retour, & en particulier pour le fiftème, &c.

Le tout n'eft pas d'arriver, il faut pouvoir revenir, ouvrir des routes, tirer des lignes de communication, pofer des guides, fe rendre poßeffeur de fa conquête, & fur tout la peupler en y introduifant les autres.

Dans la recapitulation des deux méthodes de doctrine & d'invention, il y a encore quelques reflexions de même valeur que les précedentes; au refte elles font neuves, & perfonne, je crois, ne s'avifera d'en difputer la proprieté à l'Auteur. Telle eft celle qui fuit.

Tout efprit dûment inftruit inventera tôt ou tard quelque chofe, quelque façon, quelque penfee & plûtôt que de ne rien faire quelque fottife ou quelque folie.

Oh fur ce pied-là le P. C. a inventé & beaucoup inventé; Memoires de Trevoux, Mercures, Traité de la pefanteur, tout eft plein de ses inventions.

De la Methode Mathematique, d'invention & de doctrine, l'Auteur paffe à la géometrique d'invention, & la divife en trois parties. Calcul, Analogie, Equation.

CALCUL.

On apprend dans cette partie à chiffrer, à ajouter & souftraire tant numeriquement qu'algebriquement.

ANALOG I E.

Cette feconde partie traite des rapports & proportions. arithmetiques & géometriques dont on ne donne qu'une idée fort legere. Dans la proportion géometrique le produit des extremes eft égal à celui des moyens. L'Auteur suppose bien cette verité fondamentale, mais il ne la démontre point. Il fe contente de dire que cela eft par compenfation. Les Géometres (dit-il dans un autre endroit ) font fi concis dans leur ftile, que la plupart des verités font comme étranglées & infiniment à l'étroit dans leurs Livres. Vous voyés, Mr. qu'elles font bien plus au large dans le fien.

EQUATION.

Dans cette troifiéme partie le P. C. dit quelque chofe des fractions & des principes d'analyse.

Il confidere les fractions comme des rapports, & donne cela pour quelque chofe de nouveau.

Les fractions (dit-il )'n'ayant été traitées jufqu'ici que comme des nombres, & par rapport au calcul arithmetique ou algebrique, je m'en vais les prefenter d'abord dans ce point de vûë vulgaire ; je les prefenterai enfuite comme des rapports dans leur point de vue géometrique.

Voilà, Mr. comme le P. Ć. fe fait honneur auprès des

ignorans des chofes les plus communes & qui font connuës des plus petits Géometres. Rien n'eft fi ordinaire que de confiderer les fractions comme des rapports, & c'eft fur ce pied - là que les a traitées le P. Reinau dans la science du calcul. Cette maniere de les envisager fournit même une démonstration aifée de l'égalité du produit des moyens à celui des extremes. On a par exemple, a.b::c. d. on veut démontrer que bca d. Pour cela on confidere les deux rapports qui forment cette proportion comme deux fractions égales & multipliant l'une & l'autre par b, on aura a = , multipliant l'une & l'autre par d, on aura enfin ad=bc.c.q.f.d.

c b

Une fraction multipliée par une autre devient plus petite, cette remarque fournit au P. C. la reflexion fuivante. C'est ainsi qu'on verra dans la fuite un infiniment petit s'aneantir tout-à-fait par la multiplication. C'est comme celui qui étant trop bas ne s'éleve que pour donner du nés en terre ; il y a des fituations où on ne s'aggrandit en apparence que pour s'anéantir réellement, un petit merite dans un grand poste degenere en un demerite parfait.

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Voilà, Mr. ce qui s'appelle répandre des agrémens fur la Géometrie.

Après les fractions viennent les principes d'analyse. On y apprend à composer, réfoudre & façonner les Equations. C'est du moins ce que l'Auteur promet dans le Titre, voici ce qu'il tient réduit à fa jufte valeur.

COMPOSITION DES EQUATIONS.

Si on multiplie les extremes & les moyens d'une proportion géometrique, l'égalité de ces deux membres formera un Equation,

RESOLUT. DES EQUAT.

Une Equation peut fe réfoudre en proportions.

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FAÇONS DES EQUAT.

Les deux membres qui compofent une Equation étant égaux, on peut les multiplier & divifer par la même grandeur, fans qu'ils ceffent d'être égaux.

Ce font là les préliminaires de la Geometrie elementaire que le P. C. divife en naturelle, demontrée & pratique. La naturelle contient les axiomes, les définitions & les premieres verités géometriques.

La demontrée, les lemmes, les theorêmes & leurs corollaires, dans l'ordre fuivant. Les lemmes, c'est-à-dire, les propofitions qui fervent à en démontrer d'autres, ceux qui regardent les lignes, les furfaces, les folides, font tout de fuite. Il en eft de même des theorêmes & de leurs corollaires.

Enfin, dans la Géometrie-pratique on trouve le calcul pratique, la mesure des angles, &c. c'est-à-dire quelque chofe de tout cela.

Quoique le P. C. fe pique fort de méthode (comme il le dit lui même) il me femble que celle qu'il a fuivie & qu'il vante beaucoup n'eft pas, à beaucoup près, fi excellente qu'il voudroit le perfuader.

Je crois qu'il feroit mieux & beaucoup plus fimple de traiter d'abord des lignes & de donner tout ce qui les regarde Lemmes, Theorêmes, Corollaires, Problêmes, avant que de pafler aux furfaces, & de même de donner tout ce qui regarde les surfaces avant que de paffer aux folides.

Je voudrois de plus qu'on ne donnât point tous les Lem. mes à la fois, non plus que les Theorêmes & les Corol laires; mais que chaque Lemme precedât fon Theorême; fuivi lui-même de fon Corollaire, à commencer par les plus fimples. On fentiroit mieux, ce me femble, l'ordre & l'enchaînement des matieres. Quoiqu'il en foit, je laiffe la méthode, & je viens aux choses.

GEOMETRIE NATURELLE.

L'Auteur y donne des angles une notion assez obscure, L'angle aigu ou pointu ( dit-il ) eft formé par un grand pli. L'obtus ou l'émouffe eft l'effet d'un petit pli.

L'angle droit tient le milieu precis, & n'est ni trop émousse ni trop aigu.

Cela elt confus, & il n'y a point d'Elemens de Géometrie où ces angles ne foient mieux définis.

En parlant des paralleles, le P. C. dit que ces lignes font comme les finges & les compagnes infeparables les unes

des autres.

Mettés l'une debout, voilà toutes les autres debout; inclinés l'une, toutes s'inclinent, couchés l'une, toutes fe couchent. N'eft on pas bien recompenfé, Mr. par cette gentilleffe, de ce qu'il y a de defectueux dans la définition des angles.

GEOMETRIE DEMONTRE' E.

Elle commence par les Lemmes. Le P. C. y eft toujours le P. C. Il dit d'après tous les Elemens de Géometrie, que le cercle eft la mesure naturelle & relative de l'angle, & conclut par cette reflexion modeste & bien placée.

la

En voilà plus que les Géometres n'en apprennent aux commençans; les Geometres font fi concis dans leur file, que plupart des verités font comme étranglées & infiniment à l'é

troit dans leurs Livres.

Elles y font, Mr. beaucoup moins à l'étroit que dans celui du P. C. Il les dépouillent, il eft vrai, de tout ce qui leur est étranger & pourroit les rendre confuses. Ils difent ce qu'ils doivent dire le plus clairement qu'ils peu. vent, fans faire les plaifans mal à propos. Notre Auteur parle fouvent beaucoup pour ne rien dire. En voici une preuve fenfible. Les Elemens de Mr. le Duc de Bourgogne qu'on n'accufera pas apparemment d'obscurité, ne

font

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