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DESERTS Carefme, ils ne mangent point non plus de beure, de lait, DES CARDni de fromage, ni autre chofe compofée de laitage,& la veille CHAUSSE's. du Mercredi des Cendres, auffi-bien que le Vendredi-Saint,ils jeunent au pain & à l'eau.

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Outre les tems deftinés à l'Oraifon Mentale dans les autres Maisons, les Solitaires des Deferts en font encore une demie-heure avant le difner, & une autre demie-heure après Matines, & ils y chantent l'Office avec plus de paufe. Tous les quinze jours il y a une Conference fpirituelle, l'efté dans le grand enclos du Desert, & l'hyver dans un lieu du Couvent destiné pour cet exercice. Chacun y dit fon sentiment fur la matiere qu'on a propofée, & tous doivent apporter par efcrit leur pensée pour la donner & la faire enregistrer dans le Livre des Collations fpirituelles,par le Religieux qui en a la charge.

Quoique la vie de ces SolitairesCoenobites,paroiffe affez retirée;cependant l'amour de la folitude s'anime & s'augmente fi fortement parmi eux, qu'outre les Cellules du Cloitre, qui font à la maniere de celles des Chartreux; ils ont encore: dans leurs bois des Cellules feparées, & éloignées du Couvent d'environ trois ou quatre cens pas, où en certain tems de l'année on permet aux Religieux de fe retirer les uns après les autres pour y vivre dans une plus grande folitude & une plus grande abftinence, eftant obligés de faire en leur particulier les mefmes exercices & aux mefmes heures que le refte de la Communauté, & à chaque obfervance ils repondent par une petite cloche à celle de l'Eglife, pour avertir qu'ils vont s'unir avec leurs freres, dire aux mefmes heures qu'eux, les Offices,faire avec eux leurs meditations,& prendre part aux autres exercices de la Communauté. Ils y demeurent ordinairement trois semaines, quelquefois plus ou moins, felon la volonté du Superieur, excepté ceux qui y vont au commencement de l'Advent ou du Carefme pour y paffer tout cetems de penitence. Le depart de ceux-ci fe fait avec ceremonie à l'exemple des anciens Peres du Defert; car le premier Dimanche de l'Avent & le premier Dimanche de Carefme, tous les Religieux affemblés, après avoir oüi une exhortation, ceux qui ont obtenu du Superieur la permission de demeurer dans ces Ermitages, reçoivent publiquement fa benediction, & s'y retirent enfuite. Ils n'y voïent jamais per

MES DE

fonne,& ne vivent que de fruits & de quelques herbes crues DESERTS ou cuites mal affaifonnées. Les jours de Dimanche ces Ana- DES CARchorettes doivent fe rendre au Monaftere des Coenobites pour CHAUSSE'S Y affifter à tous les exercices communs, & s'en retournent après Vefpres dans leurs Ermitages, excepté les jours de conference; car ces jours-là ils ne s'en vont qu'après qu'elle est achevée. Chaque femaine le Superieur les va vifiter pour voir de quelle maniere ils fe conduisent dans leurs folitudes.

Lorsque le tems de la demeure d'un Religieux dans le Defert prescrit par l'obéïffance eft expiré, on affemble derechef la Communauté comme à son entrée. Les Religieux font un peu d'Oraison au Chœur, & après avoir recité un Itineraire compofé de quelques devotes prieres, on mene le Solitaire dans le mefme lieu où on lui avoit donné des instructions en entrant. Le Superieur commande encore à quelqu'un des affiftans de lui donner quelques avis falutaires, pour profiter du fejour qu'il a fait dans ce faint lieu,& ne pas oublier les exemples de vertu qu'il y a veu pratiquer, ce qui eft executé fimplement & avec charité.

Les Conftitutions defendent l'entrée de ces Deferts aux perfonnes feculieres,de quelque condition qu'elles foient,pour prendre leur divertiffement dans l'enclos, foit pour y chaffer, ou pour y pefcher, ou pour quelqu'autre recreation de crainte qu'un Sanctuaire d'oraison & une retraite de penitence ne devienne un lieu de plaifir & de fenfualité. Ils ne peuvent y loger ou y eftre admis, à moins qu'ils n'aïent fondé ou bâti à leurs depens quelque Cellule ou Ermitage, ou que la Congregation ne leur foit beaucoup redevable. L'entrée en eft auffi interdite aux Religieux mefme de la Congregation, foit pour y eftre reçus en paffant par droit d'hofpitalité, foit pour voir la Maison, ou pour y faire leurs devotions, excepté aux Definiteurs Generaux,à moins qu'ils n'aïent permiffion par efcrit du General ou du Provincial. Le Superieur du Defert peut neanmoins y recevoir par droit d'hofpitalité les Religieux des autres Ordres fans autre permiffion, & mefme leur donner le couvert pour une nuit feulement dans

l'enceinte du Desert.

Enfin ces fortes de Couvents ne doivent pas eftre eloignées des Villes où les Carmes Dechauffés ont des Couvents, pour

TES DE

CHAUSSE'ES

par

CARMELI- y pouvoir facilement tranfporter les malades, de peur que le foin & la follicitude des remedes, & le trouble caufé INFRANCE, les exercices d'une infirmerie, n'alterent en quelque chofe la rigueur de l'obfervance Reguliere; & fi les Solitaires qui fortent de l'enceinte du Defert, pour recouvrer leur fanté en quelqu'autre lieu, fe prefentoient dans cet intervalle pour y entrer, on leur refuferoit la porte; ils n'y peuvent estre admis que lorsqu'eftant parfaitement retablis, ils y retournent pour y demeurer & y faire les exercices comme les au

tres.

Le Pere Cyprien de la Nativité de la Vierge, Defcription des Deferts des Carmes Dechaußés. De Villefore, Vies des SS. Peres des Deferts d'Occident, Tom. 2.

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CHAPITRE L.

Des Religieufes Carmelites Dechauffées en France.

'ETABLISSEMENT des Religieufes Carmelites de la Reforme de fainte Therese en France eft deu à la pieté & au zele de Mademoiselle Acarie, fille de Nicolas Aurillot, Seigneur de Champlatreux près de Luzarche, Maistre des Comptes à Paris, & femme de M. Acarie auffi Maistre des Comptes. Plufieurs perfonnes en avoient déja eu la penfée ; mais le malheur des tems en avoit empefché l'execution. Monfieur de Santeüil avoit esté chargé le premier d'aller en Espagne pour amener quelques-unes de ces Religieufes en France,mais il n'en put obtenir aucune; Monfieur de Bretigny ne reüffit pas mieux dans un fecond voïage qu'il fit auffi en Efpagne pour le mefme fujet. Ces difficultés ne rebuterent point Mile. Acarie. Comme elle eftoit pour lors le premier mobile de tout ce qui fe faifoit de grand pour le bien de l'Eglife,elle engagea Monfieur de Berule,qui fonda peu de tems après laCongregation des Preftres de l'Oratoire, & fut enfuite Cardinal, d'aller pour une troifiéme fois en Espagne chercher de ces Religieufes. Il y alla, & malgré les oppofitions que le Demon forma à fes deffeins, les embuches qu'il lui dreffa fur les chemins, & les dangers de mort où il le jetta, il revint en fanté à Paris, & y amena de Madrid fix Religieufes Carme

Soeur Converse de l'Ordre des Carmelites

déchaussées.

P. Giffart f

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