La rivière Verte coule à l'oueft, & fon cours eft d'environ cent fix milles, & fort tortueux. Sa largeur eft de huit milles à fon embouchure, qui eft deux cent trente milles au-deffous des Chûtes.

La rivière Cumberland prend fa fource peu loin de la branche nord de la rivière Kentucke, roule fes eaux autour des autres branches de la même rivière, à travers les montagnes, l'efpace d'environ cent milles au fud; delà elle fe détourne au fud-oueft où elle court environ cent milles, puis au fud & au fud-oueft deux cent fix milles, & fe jette dans l'Ohio, quatre cent treize milles environ au-deffous des Chûtes. Elle a deux cent verges de large dans toute fon étendue, & trois cent à fon embouchure. Elle traverse la Caroline feptentrionale environ dans la moitié de fon

cours.

La grande Kenhawa, ou Nouvelle Rivière, naît dans la Caroline feptentrionale, coule au nord & au nord-ouest environ cent milles, & fe jette dana l'Ohio cent milles au-deffus des Chûtes. Sa largeur eft de cent verges à fon embouchure. Ces deux rivières font, avec raison, regardées comme

fervant de limites aux Etats-Unis. Elles coulent dans un fens contraire, sont extrêmement larges; & il eft à remarquer que la Clench, l'Holstein, la Nolachuckey & la French-Broad ont leur fource entre ces deux rivières, ou plutôt à l'ouest de la grande Kenhawa, & que leur réunion forme la rivière Tenèfe ou la Cherokee, qui coule à l'oueft & se jette dans l'Ohio, douze milles au-deffous de la Cumberland. Elle eft très - large & arrofe une grande étendue d'excellent terrein.

Ces rivières n'ont point de fauts, & elles font navigables pour des bateaux presque à leur fource, la plus grande partie de l'année. Le pays en général eft uni, & l'on y trouve abondamment de la terre à chaux qui eft ordinairement à fix pieds de profondeur, excepté dans les endroits bas où coulent les rivières, & où l'on trouve un fond de roches.

Les fources & les rivières diminuent on Juin, & restent baffes & non navigables, jufqu'en Novembre où les pluies d'Automne ouvrent bientôt la navigation, & couvrent d'eau tout le pays; mais quoique les rivières diminuent, elles fuffifent tou

jours pour les befoins ordinaires. Il y a plufieurs belles fources qui ne tariffent jamais; chaque Cultivateur en à une bonne au moins, & l'on peut aisément creuser d'excellents puits.

Nature du fol.

Le Pays eft prefqu'uni en quelques parties, & moins dans d'autres ; ici l'on trouve des hauteurs, là des eaux en quantité. Les plaines ne font point uniformes, mais coupées de plufieurs petites fources & de douces pentes, ce qui forme le plus beau coup-d'œil. Une grande partie du fol eft extrêmement fertile, une autre l'eft moins; il en eft peu qui ne le foit point du tout. Les habitans diftinguent ces divers terreins par les noms de terres de la première, seconde & troisième qualité; & à peine y rencontre-t-on un marais. Vers la fource de la rivière Kentucke, il y a une hauteur ou un côteau à peu près de la grandeur d'une montagne, comme nous l'avons représenté fur la Carte.

Tout le terrein au-deffous de la grande Kenhawa jufqu'à la Licking, eft mauvais,

montueux, & en général peu fertile, excepté dans quelques vallées & fur les bords du petit & du grand Sandy-Creek, où il y a quelque terrein de la première qualité, mais plus encore de la feconde & de la troisième. On dit que près de cette rivière on voit un roc de fel pur. Sur la branche nord de la Licking on trouve une grande quantité de terrein de la première qualité. Cette branche coule prefque parallèlement avec l'Ohio, dans une étendue confidérable, & elle est éloignée d'environ fept milles de l'embouchure de LimestoneCreek, où il y a un excellent port pour les bateaux qui defcendent l'Ohio. Il est à foixante-cinq milles de Lexington, où conduit une grande route affez belle. La principale branche de la Licking est à vingtdeux milles de Limestone; dans la partie du terrein qu'elle arrofe, on y trouve des terres de la première qualité, mais beaucoup plus de la feconde & de la troisième, & vers fa fource quelques hauteurs; c'est-là qu'on voit les Salines Bleues, deux belles fources falées, où l'on peut faire une grande quantité de fel, & aux environs defquelles le fol eft pauvre jufqu'à une certaine

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distance, étant trop imprégné de ce minéral.

La branche méridionale de la Licking, ainsi que toutes les autres, arrose une grande quantité de terre de la première qualité, peu de la feconde, où il y a beaucoup de canes, & quelques falines & fources falées. Sur ces diverfes branches de la Licking, il y a de fort bons emplacemens pour des moulins, & la navigation eft facile depuis le point de leur réunion jufqu'à l'Ohio. La terre y eft montucufe, & en général pauvre, quoiqu'on trouve d'excellent terrein le long des eaux, & dans les vallées.

Les terres qu'arrofe l'Elkhorn font plus eftimées, étant fituées dans un vafte coude de la rivière Kentucke, où naît cette petite rivière, ou plutôt ce grand ruiffeau. Il y a beaucoup de terrein de la première qualité aux environs de l'Elkhorn, & beaucoup de la feconde & troifième près de la rivière Kentucke. Toute cette étendue de pays eft parfaitement bien fituée, couverte de canes, de feigle & de treffle. Une grande quantité de ruiffeaux fournit de bons emplacemens pour des moulins.