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une telle nourriture, & fes machoires font totalement dépourvues de dents pour cet ufage. Il conclut de tout cela, à la fatisfaction des naturaliftes, que ces os appartiennent à un quadrupède inconnu, & dont l'efpèce eft probablement éteinte, à moins qu'on ne puiffe la trouver dans le vaste continent de la nouvelle Hollande, dont l'intérieur n'a point encore été vifité par la curiofité ou l'avidité des hommes civivilifés. Mais quoi! un auffi grand chaînon de la chaîne qui unit tous les êtres de la nature, à donc pu difparoître de la surface du globe? Heureux l'homme qui tient encore à cette chaîne! Quel ennemi formidable à l'efpèce humaine devoit être un animal auffi grand que l'éléphant, & qui étoit certainement le tyran des forêts, & dévoroit peut-être l'homme même ! Les Nations de cette partie du nouveau Monde qui nourriffoit ces monftres, ont dû être dans des alarmes perpétuelles. Sans doute les diverfes Tribus, fufpendant leurs animofités, auront réuni leurs forces, jufqu'à ce qu'elles foient parvenues à exterminer entièrement cet ennemi commun qui menaçoit leur vie. Nous devons probablement

à cette réunion de forces, un fait, qui est peut-être unique dans fon espèce, l'ex

tinction totale d'une race d'animaux dans le systême de la nature.

Droits de terre.

Les propriétaires des terres de Kentucke obtiennent leurs patentes de Virginie, & leurs droits font de trois espèces : ils viennent ou du service militaire, ou d'établiffement & de préemption, ou des lettres du tréfor. Les droits militaires appartiennent aux officiers, ou à leurs représentans, comme une récompenfe de leurs fervices rendus dans l'une des deux dernieres guerres. Les droits d'établissement & de préemption viennent d'occupation. Tout homme qui, avant Mars 1780, avoit demeuré un an, dans le pays, ou fait une récolte de blé, étoit regardé comme ayant un établissement de quatre cent acres, & une précmption attenante de mille acres. Tout homme qui avoit feulement bâti une cabane, ou fait quelque amélioration, foit par lui-même, foit par d'autres, étoit revêtu des titres de préemption de mille acres, à l'endroit où cette amélioration avoit été faite.

En Mars 1780, les droits d'établissement & de préemption cefsèrent, & ceux des lettres du tréfor furent établies, lefquels autorisent le poffeffeur à prendre à titre de ferme une quantité de terre déterminée, en quelque lieu de la Virginie qu'il en trouve de vacante.

La manière de procéder dans ce cas pouvant être utile au lecteur, nous l'expoferons ici. L'acquéreur va au bureau des terres, (il y en a un dans chaque Comté) prend une copie de l'acte d'acquifition, & arpente fon terrein. L'acte & le certificat de cet arpentage doit être dépofé au bureau, où trois mois après il est enregistré: il prend copie de l'enregistrement deux mois après, & la dépofe entre les mains du greffier du bureau des terres de Kentucke, où elle refte fix mois, afin que les premiers fermiers puiffent avoir le temps & la facilité de mettre empêchement, & prouver leurs droits, s'ils en ont de légitimes. S'il n'y a nul empêchement durant cet intervale, l'acte & le certificat font envoyés au bureau des terres à Richemond, dans la Virginie, & on accorde trois mois au propriétaire pour retirer fes patentes.

La validité du droit de la Virginie fur ce grand territoire occidental a été difputée par quelques-uns, mais fans raifons. Les Jimites occidentales de cet Etat, d'après la charte, modifiée par le traité de Paris de 1763, font fixées à l'Ohio. C'est la Virginie qui a acheté le fol des Naturels, & y a établi des loix fages pour la conduite & le gouvernement des habitans ; d'où il faut conclure que le droit de la Virginie fur Kentucke eft auffi permanent que l'indépendance de l'Amérique.

Commerce de Kentucke.

Une fituation favorable pour le commerce eft le grand point, d'où dépendent principalement la population, les richesses & le bonheur d'un État. Je fuis perfuadé que plufieurs regarderont la fituation de Kentucke comme peu propre au commerce. J'avoue même que la première fois que je vifitai ce pays, j'étois dans l'opinion des gens mal informés, qui penfent qu'il n'y a pas de meilleure voie pour le tranfport des marchandises à Kentuche, que celle de Philadelphie ou de Baltimore à

Pittsburg (1), & delà par l'Ohio en fuivant fon cours; & qu'à raifon des difficultés & des dépenses inévitables de cette route, les denrées feroient toujours cheres. Depuis j'ai rejeté cette opinion, comme l'effet de l'ignorance du commerce par le Miffiffipi, à partir de la Nouvelle-Orléans, ou de Mantchac, près de la rivière ou ruiffeau d'Iberville.

Ceux qui connoiffent l'Amérique, favent que le Miffiffipi & l'Ohio font les clefs des parties feptentrionales de ce nouveau Continent. Ce font les deux principaux canaux par lesquels cette vafte région, arrofée de leurs eaux, & enrichie par les différentes branches qu'ils reçoivent, communique avec la mer, & ils peuvent véritablement être confidérés comme le grand paffage fait par la main de la Nature, pour une infinité d'objets utiles & propres fur-tout à contribuer au bonheur & aux commodités du genre humain, parmi lefquels affurément, le transport des productions de cette

(1) De Philadelphie a Pittsburg la distance par terre eft de 320 milles, & de Baltimore au même lieu, de 280 milles.

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