Je ne dirai rien des autres morceaux que j'ai ajoutés à l'Original: le lecteur décidera de leur mérite, d'après le plus ou le moins d'intérêt qu'il y prendra : mais je penfe qu'il ne lira pas fans plaifir les harangues des Sauvages, chez qui on ne s'attendroit fûrement point à trouver des modèles d'éloquence. J'aurois defiré d'y oppofer certains discours analogues, pris dans les Auteurs anciens & modernes : ce parallele auroit été piquant; mais il demandoit des recherches, que le temps ne m'a pas permis de faire. Ceux qui voudront connoître plus particuliérement les mœurs & ufages des Sauvages, pourront confulter, outre les Auteurs que j'ai cités dans les Notes & les Additions, les Voyages du Baron de la Hontan dans l'Amérique feptentrionale; l'Hiftoire de l'Amérique feptentrionale, de la Potherie; les mœurs des Sauvages Américains, comparées aux mœurs des premiers temps, de Lafitau; l'Hiftoire des Indiens Américains, par Adair; les Voyages dans l'intérieur de l'Amérique feptentrionale, de Carver, & ceux de Smith les trois derniers font en An : glois, & le fecond feulement vient d'être traduit en notre Langue. L'Auteur ayant ajouté à son Ouvrage une Carte de Kentucke, je n'ai pas cru devoir la retrancher dans ma Traduction, & je pense que le Lecteur fera charmé de trouver réunies dans un même volume, la Defcription & la Carte d'un Pays fi peu connu. J'ai traduit les noms des Rivieres, Poftes, &c. toutes les fois que cela m'a été poffible. On y trouve fouvent le mot crique, qui a été adopté par plufieurs Voyageurs & Traducteurs François; il fignifie un grand ruiffeau, ou une petite riviere, & vient du mot creek, qui a la même fignification en Anglois. i 2224 PRÉFACE xiij DE L'AUTEUR. LA plupart des Géographes qui ont donné des Cartes ou des defcriptions de l'Amérique, femblent ou n'avoir pas eu connoiffance de Kentucke, ou avoir dédaigné ce Pays, quoiqu'il mérite bien d'être connu. Ceux qui en ont parlé, ont induit le Public en erreur, au lieu de l'éclairer. Toutes les Cartes de Kentucke que j'ai vues jusqu'à préfent font remplies de fautes: mais je puis dire avec vérité que je n'en connois aucune dans celle que je publie ici, foit d'après mes propres observations, & ce que j'ai vu moi-même, foit d'après les inftructions que j'ai reçues des personnes qui ont bien voulu me favorifer de leurs lumieres, & qui con noiffent parfaitement ce qui concerne cette Colonie, depuis fon premier établiffement. Quand je vifitai Kentucke, je trouvai ce territoire fi fupérieur à l'idée que je m'en étois faite, quoique j'en euffe conçu une opinion très- avantageuse, que je ne pus m'empêcher de plaindre le Public de n'avoir pas une relation fidelle de ce Pays. J'ai donc pensé qu'une description exacte, & une Carte de Kentucke feroient des objets inté reffans pour les Etats-Unis ; & de peur qu'on ne m'accufe d'altérer la vérité je dois déclarer ici que ce n'eft point par des vues d'intérêt que je me suis décidé à publier cet Ouvrage, mais feulement dans l'intention de faire connoître au Public l'heureuse température, & la fertilité de cette région favorifée du Ciel. J'imagine que le Lecteur ajoutera plus de foi à mon témoignage, quand il faura que je ne fuis point habitant de Kentucke; mais que j'ai parcouru avec foin ce beau territoire, & qu'y ayant pris tous les renfeignemens néceffaires, je me fuis mis en état d'en publier une Hiftoire conforme à la vérité, & qu'enfin j'ai fait tous mes efforts pour écarter jufqu'aux appa rences de l'erreur. Certain de ma bonne volonté, j'ofe efpérer que le Public verra mon travail avec indulgence, & qu'il pardonnera facilement les imperfections qui pourront s'y trouver. Les trois perfonnes eftimables qui ont daigné l'honorer de leur fuffrage, les Colonels Boon, Todd & Harrod ont été des premiers colons de Kentucke, & connoiffent parfaitement le Pays. Je déclare qu'ils m'ont beaucoup aidé dans la compofition de cet Ouvrage, auquel ils ont contribué de tout leur pouvoir, par la feule confidération du bien public. Je dois furtout des remerciemens au Colonel Boon, |