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de Divort

Lib. 10.

Cap. 35.

VII. Interrog. facta confeffione ab eadem fœmina, VicaHlot. Teth, rius ejus de judicio incoctus evafit. On trouve à la fin du douzieme fiecle l'exemple d'une perfonne qui,s'étant confeffée, ne fut point endommagée par le fer rouge, & fe brûla enfuite dans de l'eau froide, lorfqu'elle fe vanta de ce fuccès. Céfaire d'Heisterbach rapporte ce fait tout au long. Mais, pour ne pas interrompre ce que nous lifons dans Hincmar avançoit encore que l'homme de la Reine ne s'étoit pas brûlé, parcequ'en faifant faire l'expérience elle avoit détourné fon intention vers un autre de fes freres qui n'étoit pas coupable. vort Hloi, & Aiunt quoniam intentio illius fœmina fuit de altero ejufdem nominis fratre fuo, quando Vicarium fuum in judicium pro fe mifit;& idcircò fe in judicio ifdem Vicarius ejus non coxit.

Int. de Di

Teto

on

Hincmar répond que ni la confef fion, ni cette diverfité d'intention ne pouvoit pas empêcher la vérité de l'expérience: mais cela ne laiffe pas de faire voir que plufieurs croyoient qu'on pouvoit par quelque fecret, ou par quelque adreffe, éviter l'effet du feu ; & qu'ainfi ce n'étoit point un

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moyen ïnfaillible de connoître les auteurs des crimes.

Voilà donc la réponse à tous les chefs de la premiere difficulté. Il y avoit des faits furprenans & merveilleux, qui arrivoient fans impofture; mais qui donnoient quelquefois le change, confondant les innocens avec les coupables.

SECONDE DIFFICULTE'.

Fles miracles, un parmi les fu

Aut-il mettre tous ces faits parmi

perstitions?

,

REPONSE.

I.

VII.

E réponds en premier lieu, que l'ufage commun de toutes ces Que ces épreuves étoit fuperftitieux, ainfi épreuves qu'on le reconnut généralement au titieufes toient fuperf treizieme fiecle. La preuve en est affez claire. 1. Parceque c'eft tenter Dieu, que d'exiger qu'il faffe des miracles pour nous découvrir des faits cachés, toutes les fois qu'il nous plaira de les favoir. On voit dans l'ancien Teftament l'épreuve des eaux de v. 13. feq jaloufie pour faire connoître le crime

Num. c. 5

des femmes foupçonnées d'adultere. Mais cela étoit ordonné par la Loi de Dien; & ce n'étoit que pout ce feul crime. Des hommes ne peuvent pas faire des Loix qui engagent Dieu à de femblables miracles. 2. Parcequ'on vient de voir que ces épreuves trompoient fouvent. Or dès qu'il y a de Pillufion & du menfonge dans les effets qui ne font pas naturels, route difficulté eft levée: il est évident que l'efprit féducteur s'en eft mêlé. C'eft la regle que nous avons expofée après S. Augustin, & les autres anciens Auteurs, dans l'illufion des Philofophes. Le Démon féduit fouvent les hommes, fous prétexte d'enfeigner des chofes utiles. Quelquefois on eft embarrasfé. Mais on doit ceffer de l'être dès qu'on aper çoit de l'erreur & de la tromperie. Il n'y a que l'efprit du menfonge qui confonde le vrai avec le faux, fous le prétexte fpécieux de difcerner la vertu d'avec le vice. 3. Parcequ'il eft affez évident que ces ufages venoient noient des du Paganifme. Nous avons vu que les Ripuariens, les Allemans & les Lombards introduifirent les épreuves du feu parmi les Chrétiens; & nous

VIII.

Que ces ufages ve

Payens.

voyons dans les anciens Auteurs, qu'autrefois ces épreuves étoient connues parmi les Grecs & les Romains. Strabon, au Livre V. de la Géographie, parle d'un lieu affez près de Rome, où l'épreuve du feu fe faifoit" fouvent.On trouve de pareilles épreuves dans Ariftote au Livre des faits merveilleux, dans la Bibliotheque de Diodore de Sicile Liv. 2. dans Pline liv. 7. ch. 2. & liv. 31. dans la vie, d'Appollonius de Thyane par Philoftrate liv. 1. Denys d'Halicarnaffe. liv. 2. Pline liv. 28. ch. 2. Valere Maxime liv. 7. c. 1. font mention de la maniere dont une Veftale prouva la fauffete d'un incefte dont on l'accufoit, en portant de l'eau dans un cri

ble.

Prefque toutes les Rélations des Indes, du Japon, & de Siam, font mention des épreuves par le feu, fort communes en ces pays-là ; & cette uniformité parmi tant de peuples ido-) latres marque affez quel eft l'Auteur à qui on doit rapporter ces pratiques.

I I.

Je réponds en fecond lieu que parmi tous les effets furnaturels que nous

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Kiiij cles.

avons expofés, il y en avoit pourtantbeaucoup qui étoient de vrais miracles. Tels font les faits que nous avons tilés des Auteurs des fix premiers fiecles, où nous avons vû des Saints entrer dans un feu, ou y jetter des habits qui ne fe brûloient point, pour convaincre des Hérétiques. Il fe faifoit auffi des miracles dans ces épreuves de l'eau bouillante & du fer chaud, qu'on appelloit vulgaires ou populaires. Car files Démons, efprits d'illufion & de menfonge, faifoient épargner quelquefois des coupables, & punir des innocens, par le pouvoir que Dieu leur laiffe jufqu'à la fin du monde; ou s'ils préfervoient quelquefois du feu les innocens, auffibien que les coupables, pour féduire les hommes & les empêcher de condamner ces pratiques; les bons Anges protégeoient fans doute auffi des innocens, qui, étant forcés de fubir ces épreuves, auroient été punis de mort comme coupables, fans une Monaft. An protection miraculeufe. C'eft à un glic.p. 37. miracle qu'on attribue le fuccès de in fecunda p. l'épreuve de la Reine Emme, rapP. 71. portée par Gofcelin, Guillaume de Malmsbery,& par d'autres Ecrivains.

fac. 4. Bened.

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