I. Comment fe faifoit l'é preuve de Ï'eau froide LIVRE SIXIE M E. De l'origine & du progrès de l'épreuve de l'eau froide, renouvellée en nos jours pour découvrir les Sorciers. CHAPITRE PREMIER. De la difficulté que plufieurs Savans ont trouvée, durant quelques fiecles, à juger de l'épreuve de l'eau froide, par laquelle on puniffoit comme coupables ceux qui jettés dans l'eau ne pouvoient y enfoncer. 'Epreuve de l'eau froide Te faifoit en cette maniere: On dépouilloit un homme entierement, on lui lioit le pied droit avec la main gauche, & le pied gauche avec la main droite, de peur qu'il ne pût remuer, & le tenant par une corde, on le jettoit jettoit dans l'eau. S'il alloit au fond, comme y va nature lement un homme ainfi lié, qui ne peut fe donner aucun mouvement; il étoit reconnu innocent: mais s'il furnageoit fans pouvoir enfoncer, il étoit cenfé coupable. Les anciennes Formules que M. Buluze a ramaffées, & a fait impri-. mer au fecond Tome des Capitulaires de France, nous apprenent les cérémonies de cette épreuve, & la créance commune, que les criminels. ne pouvoient enfoncer dans l'eau : Poft has autem conjurationes aque, Capitul. Tom. 2. Col. 6520 exuantur homines qui mittendi funt in aquam propriis veftimentis &ofculentur finguli Evangelium & Crucem Chrif ti, & aqua benedicta fuper omnes afpergatur, & qui adfunt omnes jejunent & projiciantur finguli in aquam. Et fi fubmerfi fuerint inculpabiles reputentur, fi fupernataverint rei effe judicentur. * Hincmar dit qu'on lioit celui qui devoit faire l'expérience, & qu'on le tenoit avec une corde pour deux rai fcilicet ne * Ob duas caufas conligari videtur aut aliquam poffit fraudem in judicio facere, aut k aqua illum velut innoxium receperit, ne in aqua pe riclitetur, ad tempus valeat retrahi. De Divort. Lotb, Etin Epift. ad Hildegar. Tom. 2. p. 681. Tome II. L II. 1. Par la posture. fons. La premiere, pour lui ôter tout d'ufer d'attifice: la feconde, pou: pouvoir le tirer facilement de l'eau, fi étant innocent il enfonçoit. moyen On faifoit souvent cette épreuve dans une riviere, & quelquefois dans un tonneau plein d'eau. Car la maniere dont on lioit celui qu'on jettoit dans l'eau le réduifoit à un fr petit volume, qu'un tonneau de trois ou quatre pieds de diametre pouvoit fuffire pour l'expérience. Cela fe faifoit toujours devant bien du monde; & l'on ne peut pas raisonnablement douter des faits rapportés, comme ils le font par un grand nombre d'Auteurs contemporains. Il n'y a pas lieu non plus de douter L'effet ne fi l'effet étoit naturel, ou non. On pouvoit être naturel. convenoit, & il eft affez évident qu'il y avoit du furnaturel dans l'expérience. 1. La pofture de celui qu'on éprouvoit ne lui permettoit pàs de furnager. On en peut être aifément convaincu, en jettant les yeux fur la figure, qui fait affez facilement entendre ce que nous venons d'expofer. 2. On en- 2. Lorfqu'un homme étoit éprouFon furna- vé pour plufieurs crimes dont il étoit fonçoit ou |