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il donna l'Euchariftie comme la premiere épreuve à ceux qui étoienr foupçonnés d'héréfie ; on les mit enfuite dans une cuve pleine d'eau, où l'on jetra d'abord Clementius, chef de la fecte, qui furnagea comme le bois le plus léger. Cela fervit de conviction; & le peuple brûla tous ces Hérétiques, fans attendre le jugement du Concile de Beauvais auquel l'Evêque de Soiffons avoit deffein d'expofer la difficulté. C'eft Guibert même qui rapporte le fait au troifieme livre de fa vie, chap. XVI. p. 520. * Peu d'années après ce fait, au

fide integerrimus, qui, ut non fubjicerentur judicio, corum promiffa refpuerat, ad aquas procedunt. Epifcopus cum multis lacrymis lætaniam præcinuit deinde exorcifmum fecit. Inde facramenta dedere contra fidem noftram credidiffe, aut docuiffe. Clementius, in dolium miffus, ac fi virga fupernatat. Quo vifo, infinitis gaudiis tota effertur Ecclefia. Tantam enim fexus utriufque frequentiam opinio ista conflaverat, quantam inibi nemo præfentium fe vidiffe meminerat. Alter confeffus errorem, fed impœnitens, cum fratre convicto in vincula conjicitur. Duo alii è Duramantiis villa probatiffimi hæretici ad fpectaculum venerant, pariterque tenti funt : intereaperreximus ad concilium Belvacenfe confulturifEpifcopos, quid facto opus effet : fed fidelis interim po pulus, clericalem verens mollitiem, concurrit ad ergaftulum, rapit, & fubjecto eis extra urbem igne pariter concremavit. Quorum ne propagaretur carcinus, juftum etga eos zelum habuit Dei populus. * Plerumque fideles injectis manibus aliquos ex eis ad medium traxerunt. Quæfiti fidem, cum de quibus fufpecti videbantur omnia prorfus fuo more nega.

remps de Saint Bernard, on fit fubit l'épreuve de l'eau froide à de femblables Hérétiques qui nioient leurs erreurs. Ils ne purent enfoncer dans l'eau; & l'on reconnut par-là qu'ils étoient des menteurs & des impofteurs, ainfi que le dit Saint Bernard, qui décrit le fait hiftoriquement, fans en porter aucun jugement. Il ne paroît nulle part que part que Saint Bernard ait condamné ces fortes d'épreuves. Mais il ne paroît pas auffi formellement qu'il les ait approuvées, comme Guibert de Nogent, qui, défapprouvant l'ufage du duel, parle avec refpect du jugement de l'eau froide pour découvrir non feulement des Hérétiques, mais encore des voleurs. Il rapporte qu'un certain Anfel déroba des Croix & des Calices dans l'Eglife de Notre Dame de Laon, & les vendit en fecret à un Marchand, qu'il fit jurer de n'en rien dire. * Celui-ci entendant que dans toutes les

rent; examinati judicio aquæ, mendaces inventi funt: cumque jam non poffent, quippe deprehenfi, aquâ cos non recipiente &c. Serm. 66 in Cantica p. 1499.

*Quod is animadvertens Landunum venit, rem. Clero prodidit. Quid plura? Conventus ille negavit. Is contra datis vadibus cum pugilaturus impetit. Nec diftulit: erat autem Dominica: quibus Clerici præparatione commiffis, ille qui furem compellaverat Paroiffes

Paroiffes du Diocefe de Soiffons on excommunioit ceux qui avoient eu part au facrilege, vint à Laon, & déclara au Clergé ce qu'il favoit. Le voleur comparoît, & nie le fait. Le Marchand offre à le prouver par le duel. Le voleur accepte le parti, & tue le pauvre Marchand. Sur quoi l'Abbé Guibert dit, ou que le Marchand avoit peut-être mal fait de violer fon ferment, ou plûtôt qu'il avoit mal à propos fubi l'épreuve du duel, qui n'eft nullement canonique.

*Il ne cenfure pas de même le jugement de l'eau froide. Il dit au contraire qu'Anfel ayant encore ofé voler le tréfor de Notre Dame de Laon, le bruit de ce vol fit recourir à la célébration du jugement de l'eau facrée, pour me fervir de fon expreffion. Anfel fut jetté dans l'eau avec

vi&us ruit: in quo duo conftant, aut eum qui furem pejerando prodiderat minùs rectè feciffe; aut, quod multò verius eft, legem illegitimam omnino fubiiffe; huic enim certum eft nullum Canonem conveniffe. Guibert. Abb, de vita fua, lib. 3. cap. xiv. p. 518.

* Victoria denique Anfellus tutior ad tertium prorupit facrilegium. Nam ineffabili commento gazophylacium prorupit, & copiofius aurum gemmafque tulit. Quibus tultis, celebrato jam facri la ticis judicio, in hunc cum aliis matriculariis injectus eft,fuperque natando convictus,cum quo & alii primi damni cognitores : quorum furcis illati, alijs vero parfum. Ibid.

Tom. II.

M

XV.

Condamna

tion & ceffa

preuve.

* Lib. 4. Ra

les Marguilliers, & ne pouvant enfoncer, il fut convaincu du vol, auffi-bien que divers autres complices qu'on pendit.

On voit divers autres faits de cettion de te nature dans la fuite du douzieme fiecle; mais au treizieme on fit cesfer entierement cette pratique, auffi bien que les épreuves de l'eau chaude & du fer chaud. Le Concile de Latran, en 1215. défendit abfolument à tous les Éccléfiaftiques, de faire aucune bénédiction, ni aucun exorcifme pour ces épreuves; * & tion.c.4.n.ic. Durand, Evêque de Mende,témoigne que celles de l'eau froide, & par conféquent la bénédiction que l'on faifoit pour cela, n'étoient plus en ufage de fon temps. Tout le monde convint alors que cette pratique eft tout-à-fait fuperftitieule ; & elle cefla entierement. En effet Cujas, qui écrivoit au fiecle paffé, en 1579. faifant mention des épreuves vulgaires, dit que celle de l'eau froide avoit

*Quod tamen primum omnium exolevit in Longobardia, Leg. 32.... Id hac ratione fumebatur, quam & vigere adhuc in Saxonia Occidentali narrant, ut in flumen demiffum & emerfum pro fonte, fub merfum pro infonte haberent. Comment, in l. 1. de feud. tom. 2. pag. 897,

été introduire par les Lombards, & n'étoit plus en ufage; fi ce n'eft, comme on lui avoit dit,dans la bafLe Saxe. Nous allons voir qu'on lui avoit dit vrai; que l'épreuve venoit de fe renouveller en Weftphalie pour découvrir les Sorciers, & qu'elle se répandit bientôt ailleurs.

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Rénouvellement de l'épreuve de l'eau froide pour connoître les Sorciers. Pratique d'Allemagne & difputes des Savans fur ce point. L'ufage paffe en

France.

O

.

T.

L'épreuve

les Sorciers

N ne peut pas fe promettre que les pratiques qui ont trou de l'eau froivé des Défenfeurs dans un temps, de appliquée ne fe renouvelleront pas dans la fui- à découvrir te, quelque foin qu'on ait pris de au feizieme montrer qu'elles étoient fuperftitieu- fiecle. fes. Celle de l'eau froide, qui avoit ceffé depuis le treizieme fiecle, recommença vers la fin du feizieme en plufieurs endroits d'Allemagne & de France, non pas pour découvrir les voleurs & les autres criminels, com

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