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s'appelloit le fort de la Baguette, ou d'un feul mot, Tan-Teen, Teenen, Teni, ou Tenus, la Baguette, ou les Baguettes.

Une ignorance groffiere, ou une trop grande fimplicité faifoit tolérer ces pratiques; & pourvû qu'elles fuffent revêtues de quelques marques de Religion, elles féduifoient quelquefois la piété des fideles, & celle même des Pasteurs.

VII. Le Juge

ment de la Croix fucce

de à l'épreu ve des Baguct

Conciles le

Au lieu de certaines épreuves que faifoient les Gentils avec quelques morceaux de bois, on permettoit aux nouveaux convertis de faire de femblables épreuves auprès de quelque tes : divers Croix. Charlemagne permit qu'on condamnent. terminât certains différends touchant les bornes des champs par le jugement de la Croix. Mais des Capitulaires dreffés du temps même de ce Prince interdirent ces ufages, & plufieurs Conciles en ont fait d'ex

de tirer à la Baguette, ou à la courte paille. in Tertul. de poll. p. 164.

Les deux perfonnes qui conteftoient demeu roient debout auprès d'une Croix : celui dont la caufe étoit mauvaite, ne pouvant fe foutenir fur les pieds, tomboit à la renverfe; au lieu que celui dont la caufe étoit bonne demeuroit ferme: & c'est ce qui s'appelloit, Stare ad judicium Crucis. V. Gretfer tom. I. de cruce.

preffes défenfes. Les Conciles d'Au-xerre, d'Orléans, & le troifieme de Latran ont profcrit les forts qu'on faifoit avec du bois ou avec du pain pour découvrir les voleurs. Ce qui se faifoit avec du bois, les Savans 4 l'expliquent de la Rhabdomantie ou divination par une Baguette ; & ce feul nom, qui fe trouve dans plufieurs anciens Auteurs,. ne permet pas de douter que cet ufage ne fût fort connu parmi les Grecs. Il me fuffira de dire que Saint Chryfofrôme, b rapportant plufieurs fortes de divinations, fait mention de celle qui fe faifoit avec des Baguet

tes.

Paffons à ce qui s'eft pratiqué chez

-les Romains.

a Juret, Lindenbrog, Du Cange,&c.

Dans la Chaîne des Peres Grecs fur Jeremie..

CHAPITRE VIII.

De la Baguette recourbée, dont les an-
ciens Romains fe font fervis
pour deviner.

I.

Le fecret

de la Baguet

'Ufage de deviner avec une Baguette étoit fi connu parmi les Romains, qu'il avoit donné lieu à te paffe enproverbe. Il faudroit, difoit-on, proverbe.. avoir le fecret de la Baguette, pour pouvoir s'enrichir fans peine ; & c'eft apparemment à ce proverbe que Ciceron fait allufion, lorfqu'il fait dire à quelques perfonnes, qu'elles pourroient fe donner entierement aux fciences, fi quelque divine Baguette pouvoit leur fournir tout ce qui eft néceffaire à la vie.

*

II.

des Augures,

Si l'on ignore ce que Ciceron entendoit par cette Baguette, cette Baguette, on fait, Baguette. du moins que les Augures fe fervoient décrite par du Lituus dans les divinations les Macrobe, Aulu-gelle, plus folemnelles. Aulu - Gelle a & &c.

* Quod fi omnia nobis quæ ad victum vel`habitum.per inent, quafi VIRGULA DIVINA, ataiunt, fuppeditarentur, tum optimo quifque ingenio, negotiis omiffis omnibus, totum fe in fcientia & cognitione collocaret. L. 1. de Offic.

a Lituus eft virga brevis in parre qua robuftior eft

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III. Ufage du

Lituus pour favoir la volonté des Dieux.

Macrobe difent que le Lituus étoit une Baguette recourbée dans l'endroit le plus fort & le plus épais. Plurarque dans la vie de Romulus, & Servius b fur les Géorgiques, difent la même chofe. Ainfi par la figure cette Baguette n'étoit pas fort différente de celle dont on fe fert à préfent.

Tite - Live nous apprend l'ufage que l'on fit du Lituus à l'élection du. fecond Roi de Rome. Il dit que Numa Pompilius, étant choifi par les Peres & le peuple de Rome pour regner après Romulus, voulut faire confulter les Dieux, comme l'avoit fait fon prédéceffeur. Il fit donc ve-nir un Augure, qui le conduifit à une

incurva, qua Augures utuntur. A. Gellius 6, 3. Ma-.. crob. s. 8.

6 Lituus erat Angurum baculus aduncus fine nodo. In t. 3. Georgic.

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* Accitus, ficut Romulus Augurato urbe con-: denda, regnum adeptus eft, de fe quoque Deos confoli juffit. Inde ab Augure (qui deinde honoris ergo.. publicum id perpetuumque Sacerdotium fuit) deduc tus in arcem in lapide ad meridiem verfus confedit. Augur ad lævam ejus, capite velato, fedem cepit dextra manu baculum fine nodo aduncum tenens quem Lituum appellaverunt. Inde, ubi profpectu in urbem agrumque capto, Deos precatus, regiones ab oriente ad occafum determinavit, dextras ad meri diem partes, lævafque ad feptentrionem effe dixit: kgnum contra quod longiffimè confpe&tum oculi fe

3

ce,

citadelle fort élevée : là cet Augure, ayant à fa main droite le bâton recourbé, fe plaça à la gauche du Prin& s'y tint couvert. Il obferva l'aspect de la Ville & du Champ pria les Dieux; & marquant l'Orient & l'Occident, il fe tourna vers l'Orient pour avoir le midi à fa droite & le Septentrion à fa gauche, fans fe preferire d'autres bornes que les endroits où fa vûe ne pouvoit s'étendre. Après quoi il prit le Lituus à fai main gauche, mit sa droite fur la tê-te du Prince défigné, & fit cette pricre: Pere Jupiter, fi l'équité demande. que Numa Pompilius, dont je touche la tête, foit Roi des Romains, faites: que nous en ayions des fignes évidens dans la divifion que je viens de faire..

Savoir file bâton courbé devoit fe tourner vers le Pays deftiné au nouveau Prince, ou s'il donnoit quel qu'autre figne, c'est ce que Tite-Liave n'a pas dit, & que nous ne fausrions déterminer..

rebant, animo finiviz. Tum Lituo in lævam manum tranflato, dextra in capite Numæ impofita , preca. tus eft ita. Jupiter Pater, fi eft fas, hunc Numam, Pompilium, cujus ego caput teneo, Regem Romæ effe, ut tua figna nobis certa ac clara fint inter cos fines quos feci. Tk. Liv. L ̧I.

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