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" que

rieufes ont été nommées Chrétiennes (car ils en appellent deux, les "Turcs, & donnent aux deux autres » le nom de leur ennemi) c'eft figne les Chrétiens vaincront: fi au>> trement, c'est une marque du con» traire...... lls ne vont jamais à la guerre qu'ils ne faffent cette expérience auparavant, qu'ils appellent » faire le Livre; & même ils ne font » aucun voyage, ni autre chofe de conféquence, comme j'ai déja dit, qu'ils ne faffent le Livre, difans: »Si telles flèches font victorieufes, je »le ferai: fi elles font vaincues, je » ne le ferai pas. Depuis que je fuis » de retour à Paris, ayant trouvé un François qui avoit été de Loi Turque, & puis l'avoit laiffée, & s'étoit fauvé en Chrétienté; comme » il me dit qu'il favoit faire le Livre, »je fus curieux de le voir. Il fit des

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flêches, qu'il donna à tenir à une » autre perfonne, & à moi; puis il mit une épée nue fur la table où » étoient les flèches, enfuite il nom»ma deux de ces flèches, Chrétiens, » & les deux autres, Turcs; & me dit qu'il vouloit favoir fi l'Empereur auroit la guerre contre le Turc, ou

non. Il prit un Alcoran, & lut tout « le chapitre qui eft pour cela : mais « encore qu'il nous dit que les flêches « fe battroient malgré nous quoique nous les en vouluffions empêcher,elles ne fe branlerent jamais. Il s'en « prit à ce que nous en riions ; de for- « te que nous tâchâmes de nous met- « tre fur notre férieux; & il recom- « mença trois ou quatre fois, fans «< qu'il fe fit de combat, dont il fut « fort furpris: car il nous jura qu'il « l'avoit fait des milliers de fois, mê- « me pour rendre réponse à des Chré- « tiens, & qu'il avoit toujours réuf- « fi. Je ne fai fi ce fut à caufe que « nous n'avions pas la foi, ou parce- « qu'il n'étoit plus Turc: mais nous «< nous en mocquâmes fort. «

On peut ajoûter au récit de Mr, de Thevenot, qu'en Orient la divination la plus commune s'appelloit faire le Livre; parcequ'on enfonçoit dans un Livre fermé un petit morceau de bois qui indiquoit ce qu'on vouloit favoir. *Lorsque les Bulgares quitterent le

*Referiis quod Græcorum quibufdam codicem accipientibus in manibus claufum,unus ex eis accipiens parviffimam particulam ligni, hanc intra ipfum codicem condat, & fi undecumque aliqua vertitur ám. biguitas, per hoc affirment fe fcire poffe quod eu

!

VI. Variations parmi les

peuples qui ont prétendu deviner avec un morceau

de bois.

'a Hift.

Chin. 1. 2. C.

Paganisme, pour embraffer la Foi Catholique, le Pape Nicolas premier fut confulté s'ils pouvoient conferver cet ufage. Ce Saint Pape leur répon dit qu'il n'y avoit pas à contefter fur ce point; parcequ'il eft écrit: Bienheureux eft celui qui met en Dieu toute fon efpérance, & qui méprife les pratiques fondées fur la vanité & le menfonge.

C'eft-là ce que les Grecs ont appellé Bélomantie. D'autres peuples n'ont employé dans leurs divinations qu'un morceau de bois ; & c'est la Sulomantie dont plufieurs Auteurs ont parlé. Gonzales de Mendora, ayant remarqué a avec foin les pratiques ordinaires dont ufent les Chinois dans leurs divinations, dit que la plûpart les font par des morceaux de bois difpofés en différente maniere.

Comme toutes ces pratiques fe terminent à confulter du bois, elles font toutes renfermées dans la plainte du Prophete Otée contre l'ufage de confulter du bois, ou des Baguettes; ce

piunt. Vos vero confulitis, fi fit hoc tenendum, an refpuendum. Utique refpuendum: Scriptum eft enim: Beatus vir cujus eft nomen Domini fpes ejus : & nor refpexit in vanitates & infanias falfas. Nicol. Refp. 77. ad Conf. Bulg. Conc. T. 8. p. 542.

qui

qui a varié en cent manieres différentes, felon les différentes rêveries des peuples aufquelles le Démon favoit s'accommoder.

Combien de variété dans le choix des Baguettes que l'on mettoit en ufage! Tout bois étoit bon pour quelques-uns ; & il en falloit d'un particulier pour les autres. Les uns laiffoient l'écorce aux Baguettes; les autres les dépouilloient entierement, ou en partie. Les uns prenoient des bâtons droits; les autres en prenoient de fourchus, ou de recourbés. Les uns fe fervoient du bâton qu'ils portoient à la main, fans aucune diftinction; & les autres y gravoient des caracteres, ou y enchaffoient quelque figure d'Idole. Combien de variété encore dans les indices que l'on attendoit de ces Baguettes! Il falloit pour quelques-uns que la Baguette fe pliât en rond, enforte que les deux bouts fe joigniffent : c'étoit affez pour d'autres qu'elle tournât en leur main, vers un certain côté. Quelques uns, qui fe contentoient de jetter des Ba guettes en l'air, croyoient trouver la réfolution de leurs doutes par quelques remarques fur leur chûte: d'auTome II.

S

S. Cyril. in

cap. 4. Ofea. Theophila. ibid.

tres plaçoient les Baguettes dans un endroit, d'où les feuls enchantemens étoient capables de les faire tomber. Telles étoient, felon Saint Cyrille, les pratiques que reprend Ofée.

Theophilacte a fuivi le même fens dans fon Commentaire fur ce Prophere. Quelques-uns ont pû expliquer cette pratique d'une autre maniere, à caufe de toutes ces différences que nous nous fommes contentés de nommer, pour ne pas charger ce Chapitre d'une érudition qui ne pourroit être qu'ennuyeufe & inutile. Il fuffit que l'on aie pû remarquer que prefque tous les peuples fe font exercés à deviner avec du bois ; foit que ce fût une Baguette, un bâton, une flêche, ou qu'il eût quelque autre figure; & qu'une inflexion, une inclination, un tour, ou enfin un certain mouvement, étoit pour eux l'indice de ce qu'ils fouhaitoient. Ce font-là des préjugés qui font de mauvais augure pour la Baguette. Il faut néanmoins inftruire fon procès plus à fond, avant que de la condamner.

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