ronnée de plumes de Paon, met tout en ufage pour empêcher que ces deux Puiffances ne fuivent l'exemple de la Hollande. Mais voyant l'Antre où fe forgeoient leurs armes, foudroyé, & entendant la Renommée qui eft fur leurs têtes, elles font la Paix

Voilà tout ce qui regarde l'explication des grands Tableaux il reste à parler des dix-huit petits, dont les sujets font pris auffi de la vie du Roi.

Le premier eft à la clef de la voûte avec cette inscription :

SOULAGEMENT DU PEUPLE PENDANT LA FAMINE.

M. D C. LXI I.

La Piété caracterisée

par une flâme qui eft fur la tête tient d'une main une corne d'abondance, & de l'autre donne du

pain à des perfonnes qui font à genoux. C'est la véritable image de ce que fit pour lors notre Grand Roi, qui pour foulager fes peuples fit venir du bled des Payïs étrangers pendant cette grande famine.

Le second eft du côté des Mi roirs, avec cette infcription:

LAHOLLANDE SECOURUE

CONTRE

L'EVEQUE DE MUNSTER.

M. D C. L X V.

Le Roi en qualité d'Allié dès Hollandois, leur envoya un Corps de deux mille chevaux & de quatre mille hommes de pied, fous le commandement de M. de Pradel. C'est pour cela que dans le Tableau on voit la France fur un nuage. Elle a les armes à la main, & fe jette entre deux Amazones

acharnées l'une contre l'autre. Ce font l'Evêque de Munfter & la Hollande. Cette derniere paroît la plus foible; mais le fecours de la France la fait enfin triompher de fon ennemie.

Le troifiéme Tableau eft du côté des fenêtres. Voici fon inscription:

REPARATION DE L'ATTENTAT DES CORSES. M. D C. LXIV.

Pour bien entendre le fujet de ce Tableau il faut fçavoir que le 20. du mois d'Aouft de l'an 1662 > un François aiant eu à Rome quel. que démêlé avec un Soldat Corfe, toute la Compagnie prit les armes; & les Officiers à la tête attaquerent tous les François qu'ils trouverent investirent le Palais du Duc de Créquy, pour lors Ambaffadeur à Rome, tirerent fur lui & fur le Carroffe de

FAmbaffadrice qui revenoit de la Ville, tuerent un de fes Pages, & blesserent un de fes Laquais. Sur cette nouvelle le Roi donna or dre à l'Ambaffadeur de fe retirer dans les Etats du Grand Duc, & fit dire au Nonce qui étoit auprès de lui, de fortir de fon Royaume. S. M. demanda enfuite réparation de cet attentat au Pape, qui après quatre mois d'inftance fit pendre un Corfe & un Sbirre, & exila le Cardinal Imperiale Gouverneur de Rome. Mais le Roi ne fut pas content de cette fatisfa&tion; & dans la réfolution de s'en faire faire une plus conforme à l'infulte qui avoit été faite à son Ambaffadeur, fit partir le Maréchal Dupleffis Praflin

pour commander une armée en Italie. Ce Maréchal étoit encore à Lyon quand l'accommodement fe fit à Pife le douze de Fevrier de l'an 1664. par un Traité conclu par

l'Abbé de Bourlemont & l'Abbé Rafponi. Par ce Traité il fut ar. rêté que le Cardinal Chifi pafferoit en France avec le titre de Legat, que la Nation Corse seroit déclarée incapable de fervir dans l'Etat Eccléfiaftique; qu'il feroit dreffé une Pyramide, fur laquélle on verroit le Decret rendu contre cette Nation i que le Cardinal Imperiale viendroit se juftifier auprès du Roi, &c. Cette réparation eft exprimée dans le Tableau dont je parle par deux figures, dont l'une repréfente la France qui déploye un papier fur lequel eft le deffein d'une Pyramide, & l'autre repréfente Rome, qui d'un air foumis femble accepter les conditions qu'on lui prefcrit.