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fournir à Lully un Opera tous les on fit ces vers, dont je me

ans,

Louviens encore !

Qu'un honnête homme une fois en fa vie.
Falle un Sonnet une Ode, une Elégie,
Je le croy bien

,

Mais que l'on ait la têre bien raffife
Quand on en fait métier & marchandife,
Je n'en croyrien.

Que force gens paffert pour bien écrire,
Et qu'en public brille tout leur bien dire,
Je le croy bien

Mais qu'au labeur d'autruy bien fouvent ils. ne doivent

La gloire & le profit que leurs vers en reçois,

vent ,

Je n'en croy rien. §

Quoy qu'on ait de l'efprit, on ne l'a pourtant pas toujours à commandement. M. Coftar m'écrivit une fois qu'il avoit eu la fièvre toute la nuit ; qu'il ne fe trouvoit point d'efprit ce matin là. §

Je pris un jour les mains à Madame Dacier, & luy dis avec Ovide,

Tam doctas quis non poffet amire manus ?*

M. l'Evêque d'........qui n'eftime que les gens de qualité, re-. venant d'entendre prêcher M. l'Abbé Teftu, dit à M. de F..... En verité, Monfieur je viens d'entendre un Gentilhomme qui prêche bien: M. de F. luy dit; êtoit-il en fur-tout ou en juftau

cors?

* **

M. de Gomberville écrivit un jour à M. Bachot mon Médecin, une lettre ou il luy reproche fon filence. Il la commence ainfi ; Bachot qui fans comparaison, Vant mieux que la nef enchantée Ou ce grand coquin de Jafon; Quand il eut volé la toifon

Enteva la fille d'Ætéë.

Et dans le corps de la lettre il dit cecy à une maitreffe que M, Bachot avoit alors fous le nom d'Uranie;

Punis donc cet ingrat, Reine de l'Harmonie: Il ne te faut qu'un mot, qu'un clein d'œil, qu'un fouris,

Pour faire de ce grand génie,

Le plus grand badaut de Paris. §§..

Je croy que M. du Ryer étoit de Paris. Il étoit comme Xilan

dre qui fami magis quam fama inferviebat. Il fefoit des traduations pour gagner de l'argent, & il eft mort avant que d'avoir achevé la traduction de l'Hiftoire de M. de Thou. Pour éviter la dépenfe, il demeuroit hors de Paris, encore plus loin que les Piquepuces, où il logeoit avec une femme & des enfans. J'allay le voir une fois en compagnie. Il nous régala de cerifes cueillies dans un petit jardin qu'il avoit. Il a fait une Tragedie fous le titre d'Alcyonée. C'est une piece admirable & qui ne cede en rien à celles de M. Corneille. Il y a des vers merveilleux, & elle eft tres-bien entendue. Mondory y fesoit bien fon personnage. * Je n'ay jamais follicité pour être de l'Académie. Ce furent

438 MENAGIANA.
un grand nombre d'Académi-
ciens qui vinrent m'offrir leurs
fuffrages & ceux de l'Académie
pourvu que je fiffe quelque dé-
marche ce que je leur refufay,
fachant bien que des Miniftres
follicitoient pour un autre. Je
leur dis feulement que, fi l'Aca
démie me choififfoít, je m'en
ferois beaucoup d'honneur, &
que je tâcherois de remplir ma
vocation d'Académicien. Je ne
fus point trompé dans mes con-
jectures, les defirs' de la Cour
l'emportérent fur l'attente de
la Ville. Feu Monfieur Petit
apprenant que je n'étois pas
nommé, m'envoya le lendemain
une Epigramme, qui eft un recit
naif de la chofe comme elle s'eft
paffée. ** [

La Nobleffe veut être com-
mandée par
la Nobleffe. M..de
Montaufier avoit eu befoin d'un

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i

pro

Ecuyer & on luy en avoit pofé un par mon entremife. On s'en informa; & on rapporta à M. de Montaufier que non feulement il n'étoit pas Gen tilhomme, mais encore qu'il étoit fils d'un joueur-de-lut de Paris. Je manday à l'amy qui m'avoit employé, que fi cela fe trouvoit véritable, M. de Montaufier le prioit de trouver bon que celuy qu'il m'avoit fait proposer ne fuft pas fon Ecuyer, aïant à avoir en cette qualité la conduite de fix Pages qui étoient Gentils-hommes, & qui ne luy porteroient pas le refpect qui luy feroit du s'il étoit d'une fi mediocre naiffance; mais, s'il fe trouvoit Gentil-homme, ou aumoins fi fon Pere avoit vécu noblement, que M. de Montaufier n'en demandoit pas davantage, & qu'il feroit reçu avec joie. §§ O o iiij

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