que fans la protection que les Ptolomées, les Alexandres, les Charlemagnes, & les Charlequins ont donné aux Arts, ils n'euffent jamais été fi grands. Faffe le Ciel, SIRE, fitions magnanimes que l'on voit en VÔTRE MAJESTE', pour surpasser tous les glorieux Princes, paffent toute l'attente, que régnant glorieufement pendant une longue fuite d'années, avec cette affection pour fes Peuples, elle les rende de plus en plus heureux, & contribue au bien de fes voisins. Ce font les vœux ardens que fait d'un vrai cœur, SIRE, & DE VÔTRE MAJESTE', Le très-humble & très-obéïffant ferviteur DE CAMUS, Gentilhomme Lorrain. PREFACE. Uelque éclairciffement que l'on puiffe donner aux matieres que je propose, elles requierent dans les commencemens plus d'application que les traits d'Hiftoire, parce qu'il s'agit de préceptes; mais elles donnent auffi après plus de contentement & de plaifir, à ceux qui cherchent le vrai, & qui aiment à s'inftruire fur les phénoménes ou miracles que la nature produit continuellement, pour en développer les caufes, & pour en tirer des confequences utiles; en quoi l'on doit faire confifter la vraye Philofophie. Je les divife en deux parties : dans la premiere je traite en peu de mots des équilibres dans leur origine; du Levier, de la Poulie, du Coin, de la vis, de la Percuffion, & du mouvement des Corps, aufquels je joints quelques projets. Dans la feconde je donne une courte defcription de plufieurs Machines utiles, imaginées fuivant les principes que je propofe, & j'en faits une explication, avec la maniere de les conftruire. Quoique plufieurs Auteurs ayent écrit fur ce fujet, il eft fi vafte & fi étendu que l'on y peut toûjours ajoûter, & y trouver des chofes nouvelles, ou les traiter différemment, & les rendre plus intelligibles pour les efprits qui ne font pas verfez dans les principes ; à quoi je me fuis particulierement appliqué, & à obmettre autant que j'ai pû les fupputations & démonftrations difficiles, m'étant plus attaché à la pratique qu'à la théorie, & à me faire entendre des Ouvriers, & des perfonnes qui les peuvent mettre en pratique, qu'à contenter par des nouveautez ou des fubtilitez ceux qui en font déja. instruits. Je me fuis pour ces raisons servi de différens termes pour les mêmes expreffions, qui rendent les périodes un peu plus longues, & qui requierent un peu plus d'attention; mais voulant me rendre intelligible à tous, il a fallu employer les termes des Arts dont il s'agiffoit, & d'autres plus generaux & plus connus. J'ai choifi des exemples familiers, & particulierement des Jeux, étant la plûpart admirables, & les caufes de leurs effets difficiles à développer, comme le mouvement & l'équilibre de la Toupie. J'ai établi des Propofitions generales, pour éviter le grand nombre de preuves, ou les démonftrations, & pour en tirer plufieurs conféquences que j'ai mifes en Corollaire, dont quelques-uns font tirez des autres précédens, & defquels on pourra en déduire plufieurs autres, pour des cas particuliers. Comme on connoît mieux la nature, ou les effets qu'elle produit par les expériences & par les obfervations,que par le raifonnement même; j'ai travaillé felon mon pouvoir à faire des épreuves qui appuyent mes Propofitions, perfuadé que la plûpart en feroient plûtôt convaincus, que des difcours fimples, qu'il auroit fallu rendre beaucoup plus étendus; mais quoique je les aye faites avec toute l'éxactitude, & avec toute l'application poffible, je ne prétends pas les donner parfaites, ni en avoir trouvé les vrayes caufes, ou tiré des conféquences infaillibles, particulierement des effets miraculeux de la percuffion, qui font toutà-fait surprenants, quoiqu'ils foient communs & familiers. Si je n'ai pas fuivi la méthode ou les fyftêmes de quelques Anciens & |