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mort,

plus féditieux feroient punis de & le Marquis de Bergopzoom, qui voyoit que les chofes étoient allées fi loin, qu'il ne pouvoit plus mollir, fans fe rendre complice d'une rebellion ouverte, fit executer avec beaucoup defermeté les ordres de la Gouvernante.

Ces premiers troubles firent comprendre à cette Princeffe de quelle importance il étoit,de couper pied à l'Herefie, & de l'empêcher de prendre racine.

L'établissement de plufieurs nouveaux Evêques paroiffoit un moyen également facile & efficace: Charles-Quint l'avoit fuggeré à Philippe, & Philippe avoit defigné toutes les Villes qu'on devoit ériger en Evêché.

Le Pape approuvoit fort cet établiffement; mais la Gouvernante y trouvoit de grandes difficultés. Comme il étoit refolu qu'on af

figneroit aux noveaux Evêques les revenus des Abbayes, à mesure qu'elles viendroient à vacquer. On ne fçauroit dire, les mouvemens que les Moines fe donnerent, pour empêcher le fuccez de ce projet:plus fenfible à leurs interêts qu'à ceux de la Religion, ils ne virent qu'avec le dernier chagrin, qu'on leur enlevoit le principal objet de leur ambition, & de leurs intrigues: & la fuite de ce chagrin fut le foulevement de toutes les Provinces contre le nouvel établiffement. Ils firent entendre à la Nobleffe, qu'elle n'auroit plus de credit dans les Etats, parce que les Evêques impoferoient bien plus que les Abbés par la Dignité de leur caractere ; ils envoyerent des Deputés à Rome & en Efpagne, pour faire des remontrances, & répandirent l'Argent à pleines mains, pour gagner les Miniftres

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de ces deux Cours: ils furent fecondés par les Heretiques, qui regardoient l'Erection des nou veaux Evêchés, comme fatale à leur Secte, & le Prince d'Orange, ne negligoit d'ailleurs aucune occafion de fervir, & d'ani mer les mécontens. Il parloit aux Moines de leurs intérêts, aux Proteftans de ceux de leur Reli gion, au Peuple de fa Liberté, aux Nobles de leur Credit, & femoit la Revolte dans tous les Efprits.

CePrince avoit acquis un grand

credit dans la Province de Brabant qui étoit la plus jaloufe de fes Privileges, & qui s'oppofoit le plus ouvertement à l'Erection des nouveaux Evêchés. Comme le Prince d'Orange voyoit la Gou vernante extrêmement fatiguée des murmures continuels de cette

Province, il reprefenta dans le

Confeil, qu'il étoit à propos de donner au Brabant un Gouver-. neur Particulier : c'étoit la feule Province qui n'en eût point, & elle n'obéïfloit qu'au Gouverneur General des Païs-Bas. Le Prince d'Orange ajoûta,qu'il falloit choi. fir pour cela quelque Seigneur accredité dans cette Province, qui pût manier les Efprits, & les ra mener à l'obéiffance. Le Cardinal de Granvelle ne put fouffrir la hardieffe de cette propofition: il répondit avec affés de chaleur que quiconque prétendoit à ce Gouvernement, ne vifoit à rien moins, qu'à partager l'Autorité du Roi dans les Païs-Bas, & quelques jours après, comme on devoit nommer des Magiftrats pour la Ville d'Anvers, Capitale du Brabant, ce Cardinal empêcha qu'on appellat le Prince d'Orange au Confeil, de peur qu'il ne per

fuadat à ceux qui feroient nommés, qu'ils lui en avoient l'obligation.

Ainfi les Efprits s'aigriffoient de plus en plus, & le Prince d'Orange jugeant par la difpofition prefente des Peuples, que l'Autorité du Roi d'Espagne étoit extrêmement affoiblie dans les Provinces, ne menagea plus rien. Il écrivit en Efpagne pour fe plaindre de ce que la Gouvernante n'écoutoit que le Cardinalde Granvelle, & de ce qu'elle affectoit de ne point ap peller les principaux Seigneurs de Flandre aux Déliberations les plus importantes. Le Comte d'Egmont écrivit dans le même fens, mais le Roi n'eut aucun égard à leurs plaintes. La Gouvernante écrivit auffi pour fe juftifier, & le Roi ne lui répondit pas, comme pour faire entendre que, fa conduite étoit trop conforme aux Inten

lui

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