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pagne fon Fils, qui mourut à la Heur de fon âge; Charles, Fils & Succeffeur de Philippe I. fi connu fous le nom de Charles-Quint,poffeda après lui la Souveraineté des Païs-Bas, & gouverna paifiblement ces Provinces. La feule Ville de Gand se revolta une fois, mais cette revolte fut bien-tôt appaifée par la prefence de Charles Quint.

Sur la fin de fes jours ce Prince prit la résolution de renoncer à toutes les Couronnes qu'il avoit porté avec tant de gloire, & choifit la Ville de Bruxelles pour y fai re fon abdication; il y convoqua les Etats Generaux, & en prefence de cette illuftre affemblée,il ceda à Philippe fon Fils, la Souveraineté des Païs-Bas, les Royaumes d'Efpagne, de Naples, de Sicile, des Indes, le Comté de Bourgogne, & le Duché de Milan.

Les Païs-Bas n'étoient pas la

moindre partie de l'heritage de Charles-Quint,ni la moins difficile à gouverner; les Peuples y font d'un caractere qui demande de grands ménagemens ; les Ducs de Bourgogne les avoient laiffé joüir de plufieurs privileges, dont ils étoient extrêmement jaloux, & comme ces peuples étoient incapables de s'accommoder au genie de leurs Maîtres, il falloit pour gouverner, trouver l'art de s'accommoder au leur.

les

C'est par là, que Charles-Quint avoit fçu les maintenir dans l'obéïffance; & rien n'eft plus admirable dans la vie de ce Prince, que cette diverfité de caracteres qu'il fçavoit prendre, felon les occafions; il ne paroiffoit pas le même homme en Espagne, & en Flandre; en Allemagne, & en Italie; il n'avoit dans ces divers Païs, ni les mêmes manieres d'agir, ni

les mêmes principes de Gouvernement, & par là il s'étoit rendu l'Idole de tous fes peuples.

Il s'en falloit bien que Philippe fon Fils, eût des talens auffi rares, & auffi neceffaires ; accoutumé dès l'enfance aux manieres Efpagnoles, il s'étoiten quelque forte, approprié tous les défauts de cette Nation,qui étoient devenus en lui des défauts perfonnels : une politique fombre, un abord difficile, une fierté auftere, le rendoient peu propre à vivre autre part qu'en Efpagne; ainfi il ne fut pas difficile aux Efpagnols de l'engaCambrefis, ger à y fixer fon féjour. Auffi-tôt au mois qu'il eut fait la paix avec la France, il refolut de fe retirer à Madrid.

A Câteau

d'Avril

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Avant que de quitter les PaïsBas,il falloit pourvoir au Gouvernement de ces Provinces, & trouver une perfonne capable d'y te-. uir la place du Roi-même, Phi

lippe fut long-tems à fe déterminer fur un choix fi important; celui de tous les Seigneurs Flamans qui avoit le plus de droit de prétendre au Gouvernement general des Pays-Bas, étoit Lancoral Comte d'Egmont : ce Seigneur étoit extrêmement chéri de la Nation; il avoit gagné tous les cœurs par une certaine franchise noble & éclairée,qui dédaigne plûtôt les artifices, qu'elle ne les ignore:les vœux des peuples & des foldats l'appelloient au Ministere: mais ce qui parloit le plus en fa faveur, c'étoit les Victoires de S. Quentin & de Gravelines, dont l'Espagne étoit redevable à fon habileté & à fa valeur.

Cependant Philippe étoit bien éloigné de penfer à lui: le Comte d'Egmont étoit Flamand, & fes interêts étoient trop liés avec ceux d'un peuple que Philippe preten

doit gouverner avec une autorité abfoluë. D'ailleurs, ce Seigneur avoit dans Guillaume de Naffau, Prince d'Orange, un concurrent qui auroit voulu partager fon autorité, ce qui pouvoit occafionner de grands troubles.

Le Prince d'Orange lui-même pretendoit au Gouvernement des Païs-Bas. Iflu d'une Maifon qui avoit autrefois figuréen Allemagne avec la Maifon d'Autriche, allié aux plus grands Princes de l'Europe, fur le point d'épouser la fille de la Ducheffe de Lorraine, il ne fe croyoit pas au deffous d'un emploi qu'Engelbert de Naffau,un de fes ancêtres,avoit exercé cent-ans auparavant. Il avoit d'ailleurs de grandes qualités qui lui avoient attiré l'eftime, & la confiance de Charles-Quint;mais ces liaisons avec les Princes proteftans d'Allemagne qui étoient tous

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