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E ne fçais fi les dernieres Herefies furent le prétexte ou la caufe des troubles qui agiterent divers Etats de l'EuFope. Les deux Heros de la reforme avoient de grandes qualités, & quoique plufieurs Hiftoriens fe foient appliqués à les ravaler, il femble qu'on ne peut du moins leur refuser le titre d'Hommes extraordinaires; mais comment peutil fe faire, qu'une Nation fage & flegmatique, reçût avec tant d'avidité les leçons féditieuses d'un Moine emporté? Comment, un génie auffi froid que celui de Calvin, put-il redoubler le feu de

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l'impetuofité Françoife, d'où naisloit dans les Peuples, ce goût pour une doctrine nouvelle? & d'où vient qu'ils s'en fervoient prefque par tout pour fe foultraire à l'autorité legitime ? C'est à la Philofophie, plûtôt qu'à l'Histoire de rendre raifon de ces évenemens finguliers. On avoit vû des Herefies avant le quinziéme fiécle; mais quoiqu'el les euffent des Rois & des Princes pour partifans, elles n'avoient armé pour leur défenfe que des Docteurs. De toutes ces guerres de Religion qui étonnerent l'Europe,il n'y en eut point de plus opiniâtre par sa durée, ni de fa plus finguliere par fes évene

mens, que celle de Flandres. Philippe II. alluma le feu de la guerre civile dans fes propres Etats,en combattant l'Erreur avec d'autres armes que celles de la Verité. Il femble que ce Prince fe défioit de cet empire naturel, qu'a la Religion fur l'Herefie. Dès le commencement des troubles, le fage Confeil de Madrid s'égara dans fes vûës: il raisonna

fur les Flamans à peu près

comme il avoit fait fur les Indiens; il crut que pour regner abfolument fur eux, il falloit

répandre du sang, & que le

Prince ne feroit jamais plus

puiffant, que quand les Sujets

feroient plus foibles. Ce fut

apparemment fur ces faux

principes, que Philippe tra vailla à s'aliéner le cœur des Flamans dès le commencement de fon regne. La haute Nobleffe vouloit avoir quelque part au Gouvernement, il le confia tout à des Etrangers; les Provinces étoient at tentives à la confervation de leurs Privileges, qu'une lon, gue fuite de Souverains avoit refpectés, Philippe affectoit de les traiter fans difcernement, il vouloit regner en Flandre plus imperieusement qu'en Caftille; la franchise de ces Peuples, étoit incompa tible avec les détours & les rufes de l'Inquifition, il voulut les affujettir à ce redoutable Tribunal & ce Prince, fi ha

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