AssAN.

D'être unie à Zulmis! mais, pour y parvenir,
Lui plaifés-vous ?..

THELAMIS.

Non, mais je veux lui plaire. ASSAN.

Nadine a fu vous prévenir,

Et pour s'en détacher, Zulmis eft trop fincere.

L'un & l'autre au berceau, fans parens,

Sous l'aîle d'Almazis s'eft trouvé réuni.

fans appui,

L'eftime, l'amitié, l'amour qui les enflâme

Chaque jour, par dégrés, font entrés dans leur âme,
Et vouloir triompher de ces trois fentimens,
Produits par la vertu, confirmés par le tems,
Entre nous, c'est une folie.

THELAM IS.

Je fuis fille, jeune & jolie

Et j'en triompherai,

AssAN.

Qu'importent vos appas

A Zulmis qui n'y voit pas?

THEL AMIS.

Vraiment s'il y voyait, je ferais préférée,
Vous n'en doutés pas.

AssAN.

Je le croi,

Mais Nadine eft adorée.

THELAMIS.

Je ne le fais que trop, & je verrai pourquoi.
Je verrai de quel droit, fon amour qui m'offense,
Prétend avoir la préférence,

Et me vengerai du défi

Que dix fois elle ofa me faire D'attendrir fon Zulmis, & de régner fur lui.

ASSAN.

De Nadine dans tout ceci

Je ne reconnais point l'honnête caractère,
Elle eft fimple, modefte, & plaît, fans le vouloir:
Mais de votre côté, je crois appercevoir
Moins d'amour que de jaloufie,

Peut être de coquetterie.

Quoiqu'il en foit, je vous défends

De troubler le repos de ces tendres amans.

Vous voulés....

THELAMI S.

ASSAN.

Que durant cette journée entière

Vous attendiés, avec tranquilité,

Le terme, à vos projets favorable, ou contraire,
Que pour les défunir l'oracle à limité.

THELAMIS.

Ce que l'on me défend, je me plais à le faire,

Et mon oracle, le voilà; (en montrant fa téte.)

A j

D'ailleurs, pour cet hymen, j'ai l'aveu de ma mere,

Je pardonne aux amans un peu d'inconféquence,
Mais quelquefois je les punis:

Croyez-moi, Thélamis, ayez de la prudence,
Et profités de mes avis.

SCENE I I.

THELAMIS feule.

(Il fort.)

E n'en prendrai que de moi-même....

Mais que faire, & comment obtenir ce que j'aime !...

ARIETTE.

Viens m'affurer l'amant dont j'ai fait choix,

Viens, viens, ô Dieu de la tendreffe!

C'est à toi feul que je m'adreffe,

Entends aujourd'hui ma voix.
C'eft une amante fidelle

Qui t'implore, qui t'appelle :

Amour, témoin de mes foupirs,
Viens comb rmes tendres defirs!

ト

(Nadine & Zulmis paroiffent fur le coteau.)

Ma rivale paraît, Zulmis eft avec elle,
Allons nous mettre en sentinelle,

Et fi Nadine fort, je prendrai mon parti.

(Elle fort, & Zulmis defcend le coteau, la main appuyée fur l'épaule de Nadine.)

SCENE III.

NADINE, ZULMIS.
ZULMIS, craignant de tomber.

NADINE...

En quel lieu fommes-nous ?

NADINE.

Près du Temple facré,

Où le Soleil eft adoré.

ZULMIS.

Ce Dieu, dont la préfence embellit la nature, 'A-t-il, par fon retour, chaffé la nuit obfcure? Fait-il jour?

NADINE.

Oui, Zulmis, & la voix des oiseaux Aux champs, depuis une heure,appelle les troupeaux. ZULMIS.

'Ainfi que les bergers qui leur fervent de guides,
Tu veilles fur mes pas, incertains & timides,
Ce foin fait ton bonheur, & ce bonheur me fuit,
Par-tout où ta main me conduit.

NADINE.

ARIETTE.

Zulmis, pour t'accompagner,
Chaque jour, depuis l'enfance,
Mon cœur, avec complaifance,
Mon cœur fait me réveiller,
Et des foins de ma conftance
Ton amour fait me payer.

ZULMIS.

Le tien, me fait oublier
Que du foleil qui t'éclaire,
Jamais, jamais la lumiere',
Pour moi ne daigna briller.