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des quel vafte champ pour la dévotion! Et ce qui lui donne une nouvelle ardeur, c'est l'école où ces vérités s'enfeignent; école où Dieu, & non pas un homme, eft l'oracle fouverain; où fa parole, confignée dans les Écritures, & tranfmife par la tradition eft continuellement propofée; où les difputes fur le fens de cette parole font jugées par l'autorité de l'Églife, foit en rejetant, comme des erreurs, ce qu'elle réprouve, foit en mettant au rang des opinions ce qu'elle permet.

On voudroit pourtant accufer la dévotion d'éloignement ou d'incapacité pour la théoloe. Elle fe contente, dit-on, d'une foi fimple & fans examen. Elle aime fon ignorance où elle

trouve fa sûreté. Elle fait que tout le Chriftianifme confifte à bien croire & à bien vivre. Pourquoi porteroit-elle plus loin fon zèle & fes travaux ? S'expofera-t-elle, en lifant avec trop de curiofité les livres faints, les écrits des Pères, les ouvrages des Théologiens, à fe brifer contre quelqu'un de ces écueils où la foi de tant de favans hommes a fait naufrage?

Eft-ce là le langage de la dévotion, ou celui que lui prêtent fes ennemis qui la décrient, & fes prétendus défenfeurs qui la méconnoiffent? Veut-on d'abord étendre ces maximes à toutes les conditions? Les partifans les plus outrés de l'ignorance n'oferoient le faire. faut bien avouer qu'il eft des hommes obligés par état à l'é

tude de la religion*. Qui garderoit le dépôt des vérités révelées ? Qui demasqueroit une héréfie qui fe cache, ou qui combattroit celle qui fe montre avec audace, fi les Chefs & les Miniftres de la religion étoient incapables d'oppofer de fidèles difcours aux nouveautés profanes de ceux qui contredifent la faine doctrinet? Indépendamment des héréfies, qui ont toûjours été, & qui feront toûjours, les fidèles n'ont-ils pas befoin d'être inftruits, confolés, encoura

*O Thimothee depositum cuftodi devi tans profanas vocum novitates. I. Tim.

6. 20.

† Oportet Epifcopum... amplectentem eum qui fecundùm doctrinam eft, fidelem fermonem ut potens sit exhortari in doctrina fana, & eos qui contradicunt arguere. Tit. 1. 9.

gés? Qui doit leur apprendre les obligations générales du Chriftianifme, & les engagemens particuliers de leur profeffion? Qui leur indiquera la route qu'il faut fuivre, & les précipices qu'il faut éviter, fi ce n'eft les hommes que Dieu leur a donnés pour leurs conducteurs & leurs guides? Il n'eft donc pas permis à ces hommes d'ignorer ce qu'ils doivent enfeigner. Dès-lors l'objection s'évanouit, & fans aller plus avant il demeure établi que la dévotion s'accorde avec l'étude de la théologie.

Mais cette fcience ne pourroit-elle être cultivée que par des perfonnes confacrées au fervice des autels? la dévotion en interdiroit-elle l'étude au refte des fidèles? Tout le monde

reconnoîtra fans peine que la théologie, telle qu'on l'enfeigne dans les écoles, n'eft ni néceffaire ni même convenable au commun des hommes. Ce n'eft pas qu'une foi fimple, que Dieu exige des Docteurs, comme du. peuple le plus groffier, ne puiffe fubfifter qu'à l'abri de l'ignorance: dangereux préjugé, que l'incrédulité a faifi avidement pour décréditer la religion. Le chriftianifme & la doctrine catholique ne perdent rien à être connus. Plus on examine les preuves de l'une & de l'autre. plus on s'attache à l'Évangile, & à la feule Églife qui ait confervé fans altération le véritable efprit de l'Évangile. La foi, pour être éclairée, n'en eft ni moins docile ni moins foûmife. Mais elle eft plus pré

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