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cautionnée contre la féduction. Si elle n'eft pas toûjours plus agiffante, elle n'endort pas au moins les pécheurs dans une fécurité pernicieuse, & les lumières dont elle remplit leur efprit, laiffent plus d'espoir pour leur converfion, On abufe, je le fais, de ces lumières. Les héréfiarques n'auroient pas troublé l'Églife, ni perverti tant d'ames, s'ils euffent été moins habiles. Les héréfies n'auroient pas fait de fi grands progrès, s'il le fût trouvé moins d'efprits préfomptueux, qui poffédés, comme parle faint Paul, d'une funefte démangeaifon d'oreilles*. veulent toujours apprendre, & n'arrivent jamais à la connoif

* Punientes auribus. 2. Tim. 4. 3.

fance

fance de la vérité*. Mais qu'on remarque bien les paroles de cet Apôtre. Il blâme uniquement ceux qui cherchent de tous côtés des maîtres †, fans écouter les Pasteurs prépofés à leur inftruction. Sortir du rang de difciple, pour s'ériger en docteur, fans miffion & fans caractère, ou, ce qui n'eft guères moins criminel, méprifer les enfeignemens de ceux qui font affis fur la chaire de vérité, pour tranfporter fa confiance à des hommes qu'on regarde comme plus favans & plus vertueux; c'est

* Semper difcentes, & nunquam ad fcientiam veritatis pervenientes.

Ibid. 3. 7.

+ Ad fua desideria coacervabunt sibi magiflros. Ibid. 4. 3.

L

là cette fauffe fcience*, l'objet des anathèmes de faint Paul. Le vrai moyen de la rendre fa lutaire, eût été de lui donner pour fondement une foûmiffion parfaite à l'Églife, une horreur fincère pour les nouveautés, une defiance de fes propres lumières qui allât jufqu'à ne pas vouloir fe choifir des maîtres, & à tenir pour fufpects tous ceux qui s'écartent des voies communes & autorifées.

Avec de pareilles difpofitions, fruits d'une folide piété, il eft toûjours sûr, il eft toûjours utile de s'appliquer à connoître la religion. On concilie alors les textes différens des Pères, qui d'une part exhortent les

* Opositiones falsi nominis fcientia. 1. Tim. 6. 20.

fidèles d'une manière fi pathétique à la lecture & à la méditation des livres faints, & de l'autre les avertiffent du danger qu'ils courent en les lifant avec une indifcrette curiofité. Il y auroit un égal danger à lire ainfi les ouvrages des Pères euxmêmes, tous les monumens de la tradition eccléfiaftique, & les nombreux volumes des Théologiens. Mais la dévotion, qui fait que ce danger n'eft pas inévitable, n'en a pas moins d'attachement pour une fcience néceffaire à l'Églife; & s'il y a de fimples fidèles qui aient le loifir, le talent & la volonté d'étudier profondément la religion, loin d'improuver leur zèle, elle fouhaiteroit au contraire qu'il eût beaucoup d'imitateurs.

L'ESPRIT

DE GOUVERNEMENT.

Q

UOIQUE les belles lettres & les fciences attirent des applaudiffemens à ceux qui excellent dans l'un ou dans

l'autre genre, il faut

pourtant l'avouer, le monde réserve à d'autres talens la préférence dans fon eftime & ordinairement dans fes récompenfes. Prefque tous les hommes n'apprécient les talens des autres que par le befoin qu'ils peuvent en avoir, par le plaifir ou le profit qu'ils en retirent. L'efprit des belles lettres & celui des fciences ne font pas ceux qui paroiffent à la multitude les

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