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pour la folitude dans un homme qui n'eft plus à lui. Jaloux des prérogatives de fon rang, & uniquement occupé d'une faftueufe représentation, il n'en impoferoit qu'à des efprits foibles, & Idole plutôt que Pafteur*, il pourroit avoir de l'encens, mais il n'auroit ni l'hommage des cœurs, ni le tribut d'eftime qui n'eft dût qu'au mé

rite réel.

Convenons donc qu'un fupérieur eccléfiaftique peut affocier à fes travaux des hommes dont le mérite lui eft connu, & que c'eft furtout dans les détails ordinaires qu'il doit être foulagé par fes coopérateurs. Mais partager un fardeau, n'eft pas

*O Paftor & idolum derelinquens gregem. Zachar. 11. 17.

s'en décharger entièrement. On laiffe faire à d'autres ce qu'on ne peut pas faire foi-même, ou ce qui confumeroit des momens deftinés à de plus nobles occupations. L'on diftribue tellement le travail, que la portion qu'on fe réserve, eft toûjours la plus pénible comme la plus importante, & l'on retient encore fur celle qu'on confie à d'autres, l'infpection dont un fupérieur ne doit jamais fe def faifir. Voilà le véritable efprit du gouvernement eccléfiaftique; & c'est ce qui demande non feulement des talens & de

la probité, mais une piété folide, pour furmonter les dégoûts d'un travail indispensa

ble.

Comptera-t-on pour rien les ennuis de la réfidence, dans

certains pays, & par rapport à ceux qui ont connu ce qu'on appelle dans le monde la bonne compagnie? Privés de cette reffource, à laquelle il n'eft que trop commun de s'attacher avec excès, n'ont-ils pas befoin du fecours de la religion pour fe réduire à une fociété fi différente de celle qu'ils ont quittée, & qu'il ne tiendroit qu'à eux de rejoindre avec d'autant plus d'agrément, que dans leur nouvel état ils y feroient reçûs avec plus de diftinction ?

Quel est enfin l'objet du gouvernement eccléfiaftique ? C'est en général la gloire de Dieu & le falut des ames, & pour dire quelque chofe de plus particulier, c'eft l'intégrité de la foi; c'eft dans le clergé une difcipline qui en écarte les vices & l'igno

rance; dans les communautés religieufes l'obfervance des vœux monaftiques, au dehors une parfaite féparation du monde, au dedans la paix & l'union; dans tous les états la ceffation des fcandales, la connoiffance des vérités au moins capitales du chriftianifme, la pratique des bonnes œuvres, c'est encore la célébration régulière du fervice divin, la décoration des temples & des autels, l'exécution des pieufes volontés des fondateurs, &c. Tous ces détails font bien infipides pour quiconque n'a pas le goût de la dévotion & quand même par des motifs naturels, & pour mériter l'approbation des hommes, on voudroit s'y livrer tout entier, il eft impoffible qu'on ne s'éloignât fouvent de l'inftitution

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primitive du gouvernement eccléfiaftique. La piété, je l'ai déjà dit, deftituée de prudence & de favoir, defire le bien, & ne le connoît pas; mais la fageffe humaine toute feule ne l'aime, ni ne le connoît. La gloire de Dieu & le falut des ames font des mots qu'elle prononce fans en comprendre la force, & fans en faire une jufte application. Un citoyen perfide, ennemi fecret de fon Prince & de fa patrie, fervira mal l'un & l'autre dans les emplois qu'il obtiendra. De même l'Eglife doit être mal gouvernée par ceux qui n'ont que de l'indifférence pour fes intérêts les plus chers. La dévotion peut n'être qu'avantageufe aux autres gouvernemens; elle eft effentielle au gouvernement ec

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