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atteinte aux bonnes mœurs ou à la religion. Mais la dévotion ne rougit pas de mériter de pareils reproches; & en affurant les droits de la vertu & le repos de la fociété, elle ne craint pas qu'on l'accufe d'anéantir la poëfie.

La littérature a d'autres parties avec lesquelles la dévotion n'est pas moins d'accord qu'avec l'éloquence & la poëfie. Telle eft la grammaire, dont nous ne parlerons que par rapport à l'étude des langues, étude fi négligée durant plufieurs fiècles, mais que la renaiffance des lettres dans le quinzième a rendu fi commune jufqu'à nous. Si cette étude, dont il eft hors de propos d'expliquer ici les avantages, paroît s'être ralentie depuis quelque temps, du

moins à l'égard des langues favantes, s'il eft à craindre que dans la fuite elle ne fe ralentiffe de plus en plus, & qu'enfin elle ne tombe entièrement, ce n'eft pas fans doute à la dévotion qu'il faut imputer cette décadence. C'est plustôt à un goût moderne auffi oppofé à la dévotion qu'à la bonne littérature. Ce goût porte fur deux objets qui paroiffent contradictoires, mais que dans notre fiècle on a trouvé le fecret de réunir; le frivole, qu'on aime avec trop d'excès, pour dévorer l'ennui de l'étude des langues; & une philofophie fophiftique qui donne du mépris pour la fcience des mots, quoiqu'elle prépare à celle des chofes, & pour la connoiffance de ce qu'on a écrit & penfé dans

les

les fiècles les plus illuftres & parmi les nations les plus éclairées. La dévotion, également éloignée de ces deux abus, eft capable de foûtenir le travail le plus épineux, lorsqu'il peut être utile à la religion. Elle ne dédaigne pas de recueillir les penfées & de lire les écrits des anciens. De là font nées ces immenfes recherches fur l'Écriture fainte. Il falloit, pour en développer la chronologie, la géographie, l'hiftoire, & en plufieurs endroits l'intelligence grammaticale, recourir aux fources, confulter même les monumens de l'antiquité profane les plus voifins des temps où les livres facrés ont été compofés. Eût-on pû le faire fans l'étude des langues? & la dévotion, qui a tant de zèle

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& de refpect pour les divines Écritures, qui n'ignore pas combien il importe à la religion d'en approfondir & d'en fixer le fens, peut-elle s'oppofer à une étude d'autant plus néceffaire dans l'Églife, que l'héréfie en a plus abufé? Il falloit auffi, pour s'affurer de l'ancienneté des dogmes catholiques, en fuivre la trace dans l'orient & dans l'occident depuis les Apôtres jufqu'à nos jours. C'est à quoi l'on a réuffi par l'étude des langues, qui nous a mis en état de confondre par la voie de la difcuffion ceux qui ne pouvoient croire, fur la foi de l'Eglife, que fa doctrine fût la même aujourd'hui qu'elle avoit

temps. La

été dans tous les te des tradévotion applaudit à des travaux dont la religion profite, &

loin qu'on puiffe la foupçonner d'éloignement pour l'érudition, l'ufage qu'elle eft obligée d'en faire, eft peut-être la reffource la plus affurée contre la barbarie où l'ignorance des langues mortes pourroit nous replonger.

L'hiftoire appartient encore aux belles lettres. Je ne m'arrêterai pas à prouver que le genre hiftorique convient parfaitement à la dévotion.ˆ La chose parle, & il n'eft pas moins clair que s'il faut un talent particulier pour écrire l'hiftoire, la dévotion ne lui cause aucun préjudice. Une qualité plus effentielle à un Hiftorien que tous les talens, eft la fidélité, vertu rare, & qui bien entendue n'exclut pas feulement l'imposture & la four

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