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que, a porté fur les romans. Ceux qui de nos jours inondent le public, ne reffemblent pas, à la vérité, aux romans décriés par cet illuftre Poëte; mais pour être moins infipides & moins ridicules, ils n'en font pas plus propres à former l'efprit & le cœur.

C'est une tache pour la litté rature françoise que ce nombre prodigieux de romans dont l'uniformité, pour ne point parler des autres défauts, n'a pû encore dégoûter notre nation. Rien ne prouve mieux combien on eft éloigné de cette force & de cette délicateffe de raison dont on se pique aujour d'hui. Tandis qu'on méprise la dévotion comme incompatible avec l'efprit des belles lettres, on avilit la littérature par une folle paffion pour des ouvrages

que

condamne la dévotion. II feroit aifé de montrer que plus on fait gloire de la méprifer par fyftème, plus on s'écarte des vrais principes de la littérature. C'est au moins ce que l'expérience vérifie parmi nous. Cette philofophie moderne bien différente du Cartéfianifme, déjà trop vieux, & d'ailleurs trop chrétien pour elle, cette même philofophie qui raifonne avec tant de liberté fur les chofes les plus facrées, ne respecte pas davantage les précieux monumens de l'antiquité profane. Elle ne traite guères mieux la pluspart des Écrivains célèbres qui nous ont immédiatement précédés, & notre fiècle, qui fe croit fi éclairé marche d'un pas égal vers l'ignorance & vers l'irréligion.

L'ESPRIT

DES SCIENCES.

'OBJET des fciences eft de découvrir la vérité par la voie du raifonnement. Mais comme il y a plufieurs ordres de vérités, toutes les fciences ne fe reffemblent pas. Les mathématiques, qui par la certitude & la clarté de leurs démonftrations ont retenu le nom générique des fciences*, confidè rent la grandeur, foit fous les fignes généraux de l'algèbre, foit dans les nombres que l'arithmétique calcule, foit dans

* Le verbe grec qui eft la racine du nom mathématique, fignifie apprendre.

les

les trois dimenfions de l'étendue que mesure la géometrie. La logique, qui dirige les opérations de l'efprit, nous apprend à mettre de la précision & de la netteté dans nos idées, à les comparer ensemble, à tirer de nos principes des conféquences juftes, à remonter par une méthode exacte jufqu'aux premières connoiffances, ou à defcendre aux plus éloignées. La métaphyfique, uniquement occupée des êtres intellectuels, approfondit, autant que la raifon peut le permettre, la nature de Dieu & celle des efprits. La phyfique, moins abftraite, étudie les propriétés de la matière, examine la fituation des corps célestes & les mouvemens des planètes, explique les caufes des effets qu'elle obferve dans

F

l'univers. La morale diftingue par des règles invariables les bonnes des mauvaises actions. Enfin la théologie, éclairée par la révélation, fépare le dogme catholique des erreurs profcrites & des opinions permises. Toutes ces fciences, quoique différentes les unes des autres, conviennent en trois chofes qui paroiffent incompatibles avec la dévotion. Elles occupent un temps que des œuvres faintes & de pieux exercices rempliroient plus utilement pour le falut. Elles abforbent toute l'attention de l'efprit, & defsèchent le cœur ; double obftacle à la prière & à la méditation des vérités chrétiennes. Elles fervent de pâture à l'orgueil & à

la vanité.

Il est vrai que la dévotion

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