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compte parmi fes principaux devoirs le bon ufage du temps, & que fes momens les plus précieux font ceux qu'elle emploie directement au culte de Dieu & au fervice du prochain. Mais peut-elle regarder comme perdu un temps confacré à l'étude des fciences? Cette étude eft quelquefois un devoir pour elle, & c'eft au moins de tous les délaffemens qu'il eft permis de mêler à des occupations indifpenfables, le plus légitime & le plus conforme à l'efprit de la dévotion.

Il y a des conditions dans le monde qui obligent ceux qui les ont embraffées de s'appliquer aux fciences même naturelles, foit pour les enfeigner, foit pour rendre à la fociété les fervices qu'elle attend d'eux.

Dès-lors la phyfique & les ma thématiques, celles de toutes les fciences qui ont rapport plus éloigné à la religion, peuvent être étudiées par un principe de piété, & les momens qu'on y emploie, fanctifiés par des vûes chrétiennes. Indépendamment de cette obligation, qui peut blâmer, dans les règles du Chriftianisme, des hommes libres de tout autre engagement, & qu'un goût & des talens particuliers ont déterminés à l'étude de quelqu'une de ces fciences? Ils ont fuivi un penchant qu'ils ont été en droit de regarder comme une marque de la vocation du ciel, avec d'autant plus de fondement, qu'aucune raifon ne les détournoit d'un travail innocent en lui-même, & qui pouvoit de

venir utile. S'ils ont fû joindre à cette étude une piété folide, s'il ont fidèlement rempli tous les devoirs de la religion, croiton qu'ils puiffent fe reprocher le temps qu'ils ont donné aux fciences? On n'a pas befoin de ces détours à l'égard de la théologie. C'est une fcience trop facrée, pour qu'elle foit étrangère à la dévotion. Méditer les divines Écritures, lire les décrets des Conciles, confulter les ouvrages des Pères, & puifer dans des fources fi refpectables la connoiffance des vérités révelées, ce n'eft pas affurément dérober à la piété un temps qu'elle pourroit mieux employer. Ceux furtout dont il eft écrit que * leurs lèvres font

* Labia Sacerdotis cuftodient fcien

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dépofitaires de la fcience, s'acquittent par cette étude d'une obligation effentielle de leur état; & ils auroient de bien fauffes idées de la dévotion, s'ils penfoient qu'elle pût leur prescrire un autre ufage de leur temps plus méritoire pour l'éternité.

Ceffons de confidérer l'étude des fciences comme un devoir. La dévotion regretteroit-elle le temps que cette étude emporte, quand ce ne feroit qu'une diver fion aux travaux extérieurs ou aux foins tumultueux de certains états? La dévotion ne condamne pas les délaffemens. Elle les ordonne même, pour reprendre enfuite avec plus de zèle & d'activité des occupa

tiam, & legem requirent ex ore ejus. Malach. 2. 7.

tions qui deviendroient infoûtenables, fi elles n'étoient jamais interrompues. Elle auroit de l'indulgence pour de fimples amusemens, renfermés néanmoins dans les bornes de la raifon & de la vertu. Combien plus doit-elle approuver des études également inftructives & agréables, qui rempliffent les intervalles des affaires & des devoirs. L'amour déréglé des plaisirs & les intrigues de l'ambition laiffent ordinairement peu de loifir, comme peu de goût, pour les fciences. Mais il n'en eft pas ainfi de la dévotion fagement avare de fon temps & affranchie de l'efclavage des paffions. Une vie férieufe & une application continuelle lui menagent au milieu des embarras de fa profeffion

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