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1709 (1) (2): le fang des Vers de terre a la couleur propre au fang des Animaux les plus connus; il eft d'un affez beau rouge: il m'étoit donc d'autant plus facile de m'affurer de la direction de fon mouvement dans la production que j'examinois.

Au bout d'un mois & demi, à compter du jour de l'opération, cette nouvelle partie poftérieure, d'abord fi effilée, avoit acquis une groffeur égale ou à-peu-près, à celle du refte

(1) Ibid. Tome II, Mém. III.

(2) tt C'eft à M. de REAUMUR que nous devons la connoiffance de cette propriété remarquable du fang des Infectes. Il l'avoit découverte dans cette Chenille qui vit en fociété une partie de fa vie, & qu'il a nommée la Commune, parce qu'elle eft la plus commune dans nos campagnes. Voyez fon Hiftoire des Infectes, Tome II, Mém. III. Le 11 de Janvier 1767, je répétai fur quelques Chryfalides de la belle Chenille du Chou, la curieuse expérience que M. de REAUMUR avoit tentée fur la Commune encore très-jeune. J'expofai ces Chryfalides en plein air pendant toute la nuit, à un froid d'environ quatorze degrés au-deffous de la congelation : elles me parurent gelées à fond; car lorfque je les laiffai tomber fur une taffe de porcelaine, elles y rendoient le même fon qu'une petite pierre. Je puis pourtant affurer qu'elles n'étoient point mortes. Trois périrent affez long-temps après; mais une quatrieme fe transforma en Papillon vers la mi-Maj & ce qui n'est pas moins digne de remarque, cette transformation ne fut pas plus tardive que celle de plufieurs autres Chryfalides de la même efpece, qui avoient été tenues couftamment fur la cheminée de mon cabinet.

du corps, & elle avoit crû proportionnellement en longueur. Sa couleur avoit pris une teinte plus foncée, & les nouveaux inteftins étoient pleins de terre. On fait que cette efpece de Ver s'en nourrit. Les inteftins nouvellement régénérés étoient donc capables de s'acquitter de leurs fonctions.

APRÈS avoir vu ce que je viens de rapporter, il n'étoit pas douteux qu'il n'eût été accordé au Ver de terre de fe reproduire de bouture: il ne s'agiffoit plus que de fuivre les progrès de cette reproduction.

ON fe rappelle que le Ver dont je parle, avoit été partagé tranfverfalement par le milieu du corps j'ai raconté les progrès de la premiere moitié la feconde avoit à reproduire. une nouvelle partie antérieure, où devoit fe trouver une tête, & à peu de diftance de celle-ci des organes très - compofés, je veux dire, ceux qui caractérifent les deux fexes. Je l'obfervai plus de neuf mois fans qu'elle m'offrit aucun figne de reproduction, & quoiqu'elle n'eût point pu prendre de nourriture pendant un temps fi long, elle ne paroiffoit pas avoir rien perdu de fon agilité. Elle étoit ordinairement immobile & repliée fur elle-même; mais

dès que je la mettois fur ma main, elle s'y donnoit des mouvemens très-vifs. Je la voyois même s'enfoncer en terre comme l'auroit pu faire un Ver complet. On juge bien que fa taille avoit fouffert une diminution confidérable. Elle avoit pris une couleur blanchâtre & affez de tranfparence. Elle périt enfin d'inanition. Comme la partie antérieure du Ver de terre renferme un beaucoup plus grand appareil d'organes que la partie poftérieure, la reproduction de celle-là ne peut fe faire auffi promptement que la reproduction de celle-ci ; la Nature a donc mis le Ver de terre en état de foutenir de très-longs jeûnes.

DANS la vue de parvenir à obferver la reproduction de la partie antérieure, je fis plufieurs autres expériences. Je retranchai à un Ver de terre, fur la fin de Juillet, la tête & les premiers anneaux. Vers le milieu d'Août, cette énorme plaie s'étoit parfaitement cicatrifée; mais l'Animal ne donnoit encore aucune marque de reproduction. La plaie étoit circonfcrite par un rebord affez faillant, que formoient les anciennes chairs, & l'aire de la coupe paroiffoit crcufée en maniere de baffinet. Au bout de plufieurs jours, j'apperçus au centre de cet enfoncement un point blanc, qui

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En groffiffant peu à peu, prit la forme d'un petit bouton. C'étoit une nouvelle partie antérieure qui commençoit à fe développer. Le 20 de Septembre, ce bouton s'étoit alongé, & il fe terminoit en pointe mouffe. Le 2 d'Octobre, l'alongement étoit bien plus fenfible ; la nouvelle production fe montroit alors fous l'apparence d'un petit Ver, qui naifoit du milieu de la cicatrice. Dans les mois de Novembre & de Décembre, la nouvelle partie antérieure continua à fe prolonger; elle groffit proportionnellement, & l'enfoncement de la cicatrice s'effaça infenfiblement. La mort de l'Infecte vint interrompre ces obfervations. Si l'on veut acquérir une idée plus nette des progrès de ce développement, il faut confulter les Figures I, II, III, IV, de la Planche troifieme de la feconde Partie de mon Traité d'Infectologie. Quoique ces Figures ne foient que des efquiffes affez groffieres, je puis dire que les proportions en font exactes.

J'OBSERVAI les mêmes phénomenes fur des Vers de terre partagés en trois, quatre, ou cinq portions. Je vis des portions intermédiaires pouffer à la fois une partie antérieure & une partie postérieure ; mais les progrès de celle-ci furent conftamment plus grands, en

temps égal, que les progrès de celle-là. Lorfque la partie poftérieure avoit déja trois lignes de longueur, la partie antérieure ne fe montroit encore que fous la forme d'un petit bouton; & lorfque cette derniere avoit acquis une longueur de deux à trois lignes, l'autre en avoit au moins fix.

Tous ces Vers périrent avant qu'il me fût permis de voir la reproduction complette d'une partie antérieure. J'étois au moins parvenu à me fatisfaire fur les premiers progrès de la régénération; & je prie mon Lecteur de fe rendre attentif aux conféquences qui en découlent (1).

(1) tt M. SPALLANZANF a prodigieufement multiplié & varié les expériences fur la reproduction des Vers de terre. Il en a publié un précis en 1768. Programme fur les reproductions animales, Chap. II. Il m'en avoit fait part plus en détail dans l'intéreffante Lettre qu'il m'écrivit le 21 de Septembre 1766. Je vais en détacher les réfultats les plus effentiels. Ils ne fatisferont pas pleinement la curiofité des Naturalistes; mais je puis leur annoncer que l'Auteur les fervira à leur gré, dans le grand Ouvrage qu'il publiera bientôt für les reproductions animales.

1. Quand l'Obfervateur a coupé tranfverfalement la partie at ieure d'un Ver de terre, de maniere qu'elle a confervé affez de longueur pour renfermer ce qu'il nomme les ovaires, cette partie antérieure a reproduit une queue, ou une partie poftérieure.

2. Des parties intermédiaires pourvues des ovaires, ont' reproduit auffi.

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