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CCL. Très-petits Vers fortis de l'intérieur de quelques portions du grand Ver.

EN partageant de ces Vers, il m'est arrivé plus d'une fois de voir fortir de l'intérieur de quelques-unes de leurs portions, de petits Vers vivans, d'un blanc affez vif, & qui nageoient avec beaucoup de viteffe. Dans l'obfervation XVII de la feconde Partie de mon Traité, je me fuis arrêté à décrire la figure & les mouvemens variés d'un de ces petits Vers venu au jour fous mes yeux, par une opération équivalente à la céfarienne. J'ai cherché à prouver que ce petit Ver étoit de la même espece que celui de l'intérieur duquel je l'avois en quelque forte extrait, & j'ai paru en inférer que cette efpece eft vivipare. Mais un examen plus fcrupuleux du fait, me porte aujourd'hui à penfer que je n'ai pas été exact dans la conféquence que j'en ai tirée. L'extérieur du petit Ver offroit des particularités qu'on ne voit point dans l'efpece dont je parle : fes anneaux étoient fort marqués, & fa queue fe terminoit par une houppe de petits poils en maniere de nageoires, & qui paroiffoient en faire les fonctions. Ses mouvemens différofent auffi beaucoup de ceux qui font propres à l'efpece dont il s'agit. Je foupçonnerois donc plus volontiers

que ce petit Ver avoit été avalé par celui de l'estomac duquel je l'avois fait fortir. Ce qui confirme encore ce foupçon, c'eft qu'il étoit enveloppé à fa naiffance de la même matiere terreufe dont l'eftomac de l'Infecte eft ordinairement rempli. Un accident imprévu me l'ayant enlevé au bout de fix femaines, je ne pus avoir la fuite de fon hiftoire: mais je dirai qu'il avoit pris un accroiffement très-fenfible (1).

(1) tt Je ferai une autre remarque fur les petites Anguilles dont j'ai parlé Obf. XXI, du Traité d'Infectologie, Part. II, & auxquelles j'avois été porté à attribuer la même origine qu'à celles que j'avois vu fortir vivantes de l'intérieur de ces Vers d'eau douce que je multipliois de bouture. Les Anguilles dont il s'agit à préfent, ne me semblent point du tout devoir leur naiffance à ces Vers. Elles en different par des caracteres très - fenfibles, que j'avois moi-même indiqués dans cette Obf. XXI. J'ai donc lieu de croire que je m'étois trompé encore dans le jugement que j'avois porté fur l'origine de ces petites Anguilles. J'ai rapporté dans cette obfervation la multiplication extraordinaire que ces Anguilles m'avoient offerte, & qui m'avoient paru provenir d'une divifion accidentelle de ces Anguilles. Comme je ne connoiffois point alors la multiplication des Polypes à bouquet par divifion naturelle, je fuppofois que des caufes accidentelles, que j'indiquois, avoient partagé mes Anguilles, & que de deux Anguilles elles en avoient fait foixante. Mais à préfent, que je fais qu'il eft des Animaux de genres très-différens qui multiplient naturellement par divifions, je ne doute pas qu'il n'en foit de même de ces Anguilles que j'obfervois il y a trente-fix ans. J'ai même rapporté dans l'observation que je viens de citer, une particularité qui femble confirmer mon opinion actuelle. » L'intérieur de nos petites Anguilles,

CCLI. Expériences de l'Auteur fur une autre Efpece de Ver d'eau douce.

Combien cette Efpece eft remarquable par la fingularité de fes reproductions.

L'ESPECE de Vers d'eau douce, & fans jambes, fur laquelle j'ai fait le plus grand nombre

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difois-je, offre une particularité qui mérite d'être remar,, quée; mais qu'on n'obferve que dans quelques-unes: elle confifte en ce que les principaux vifceres, au lieu de "paroître exactement continus dans toute leur longueur, » femblent au contraire fouffrir dans le milieu du corps une ,, légere interruption: le point où fe remarque cette folution » apparente de continuité, n'eft pas le même dans chaque individu. Il eft plus ou moins éloigné du milieu du corps chez les uns que chez les autres. Lorfqu'on obferve l'Infecte " au microfcope, ce point devient un efpace tranfparent, où » on ne découvre rien de diftin&t, tandis qu'au - deffus & » au-deffous tout eft affez marqué ". Il me paroît aujourd'hui très-probable, que cette interruption fi remarquable des vifceres, indiquoit l'endroit où la divifion naturelle alloit s'opérer. Elle en étoit, en quelque forte, les préparatifs.

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J'avois vu de femblables divifions s'opérer dans les grands Vers d'eau douce, que je multipliois en les coupant par morceaux, & je les attribuois auffi à des caufes accidentelles. Il y a bien de l'apparence que ces divifions tenoient, comine celles de nos petites Anguilles, à des causes naturelles que je n'avois pas apperçues.

Les obfervations de M. MULLER fur de petites Anguilles du genre de celles-ci, & auxquelles il a donné le nom de Nayades, éclairciffent fort tout ceci. Il a très-bien vu, que fes Nayades multiplient naturellement par divifion, & a décrit & représenté avec exactitude la maniere finguliere dont cette

de mes expériences, eft d'un brun rougeâtre : j'en ai découvert une autre qui n'en differe prefque que par la couleur : celle dont je veux parler à préfent, eft blanchâtre ou grifâtre. J'ai fait voir dans la feconde Partie de mon Traité, Obf. XXIII, XXIV, XXV, XXVI, XXVII, combien cette nouvelle Efpece mérite l'attention des Naturaliftes. Lorfque j'ai partagé tranfverfalement le tronc en deux ou plufieurs portions, chaque portion a pouffé à fon bout antérieur une queue au lieu d'une tête; mais lorfque je n'ai fait que retrancher la tête ou la partie antérieure, l'Infecte en a reproduit une nouvelle, femblable à celle qui lui avoit été enlevée. On ne doit pas préfumer que je m'en fois laiffé impofer à l'égard de cette queue furnuméraire : j'ai vu ce fait fingulier un trop grand nombre de fois, & je l'ai obfervé avec trop d'attention pour que j'aie pu m'y mépren-. dre. Si on lit ce que j'en ai rapporté, Obferv. XXIII de mon Traité, il ne reftera, je pense, aucun doute fur la vérité de l'obfervation.,, Ce

n'étoit point, ai-je dit, comme on pourroit

multiplication s'opére. Voyez la note fur l'Art. CXCVII. Ma vue eft aujourd'hui trop affoiblie pour que je puiffe reprendre mes premieres obfervations fur nos petites Anguilles; mais j'exhorterai les Naturaliftes, qui s'occupent de ces objets microscopiques, à ne pas négliger d'approfondir l'hiftoire de ces très-petits Apodes aquatiques.

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le foupçonner, une tête plus effilée qu'à l'ordinaire, une façon, pour ainfi dire, de tête & de queue c'étoit une queue très-bien formée, où l'anus étoit très-diftinct; en un » mot, une queue abfolument telle que doit l'être celle de ces fortes de Vers. Et pour achever de mettre la chofe hors de toute contestation; cette partie qui avoit pouffé à la place de la tête, n'étois capable d'aucun des mouvemens qu'on voit faire à celle-ci : elle ne fe raccourciffoit ni ne s'alongeoit, elle ne fe contractoit ni ne fe dilatoit. Le Ver n'en faifoit aucun ufage ni pour se ,, nourrir, ni pour s'aider à ramper; on le voyoit feulement agiter de temps en temps fa partie antérieure, la porter à droite & à » gauche, mais fans faire la moindre tentative » pour changer de place. On auroit dit qu'il fentoit fon état : il avoit l'air, pour ainfi dire, embarraffé. Au refte, & c'eft ce que je » ne dois pas négliger de faire remarquer, le " cours du fang n'avoit point changé de direction. Il continuoit à fe faire du bout poftérieur au bout antérieur ". Enfin, pour ne laiffer rien à defirer, je dirai encore, que les portions de ces Vers à qui il étoit arrivé de pouffer une queue au lieu d'une tête, n'ont pris aucune nourriture; leur eftomac & leurs

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