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CONSIDERATIONS

SUR LES

CORPS ORGANISÉS.

CHAPITRE PREMIER.

:

Expofition abrégée de divers faits concernant les boutures & les greffes animales.

Obfervations fur la reproduction des Vers de terre, fur celle des Vers d'eau douce, & fur la régénération des pattes de l'Écreviffe.

Effai d'explication de ces faits.

CCXLII. Introduction.

J'AI parcouru tout ce qui concerne les repro

ductions végétales de différens genres; j'ai tiré

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des faits les conféquences naturelles qui pou voient me conduire à une explication fatisfai fante de ces reproductions: je vais maintenant confidérer dans la même vue, tout ce qui concerne les reproductions animales, & m'aider des faits que nous offrent les Végétaux, pour effayer de répandre quelque jour fur la régénération des Polypes & des autres Infectes, qui peuvent être greffés & multipliés de bouture, &c.

CCXLIII. Invitation à faire de nouvelles expériences fur les Vers de terre, pour perfection. ner la théorie des reproductions animales.

LES plus grands Polypes d'eau douce font encore de bien petits Infectes en comparaison des Vers de terre: c'eft donc en étudiant avec foin ce qui fe paffe dans la reproduction de ces derniers, qu'on peut espérer d'acquérir des lumieres fur la maniere dont s'opérent toutes les reproductions du même genre. Ce fut en partie ce qui nous engagea, M. de REAUMUR & moi, à tenter des expériences fur les Vers de terre. Outre qu'ils font très-gros & trèscommuns, ils ont encore les deux fexes à la fois, & cette fingularité fi remarquable préparoit à de nouveaux prodiges. La mort de ce grand Obfervateur, qui avoit tant enrichi

Hiftoire Naturelle, & qui en avoit répandu le goût, a privé le Public du détail de fes expériences. Nous n'avons de lui fur ce fujet intéreffant, que le peu qu'il en a publié dans la belle Préface du fixieme Tome de fes Mémoires pour fervir à l'Histoire des Infectes, pag. 64 & 65. Je ne tranfcrirai pas ici le paffage, parce qu'il ne nous apprend rien du tout fur la maniere dont fe fait la reproduction qui nous occupe. M. de REAUMUR s'eft contenté d'affurer qu'il réfultoit de fes expériences, que les Vers de terre fe reproduifoient après avoir été partagés, & il paroît qu'on l'en a cru facilement fur fa parole (1), au moins ne connois-je aucun Naturalifte qui ait vérifié le fait, & qui ait publié là-deffus de nouvelles expériences. Je fuis donc obligé de recourir à mes propres obfervations. Je les jugeai fi imparfaites quand je donnai au Public mon Traité d'Infectologie, que j'évitai d'en faire un article à part & de les annoncer dans le titre je les rejettai à la fin du Livre, & dans un endroit où peu de Lecteurs les auront apperçues; je

(1) tt Dans la nouvelle Edition du Traité d'Infectologie, Oeuvres, Tome I, Part. II, Obf. XXXV, j'ai inféré l'extrait de deux Lettres, que M. de REAUMUR m'avoit écrites fur la reproduction des Vers de terre, & qui préfentent quelques particularités qu'on ne trouve pas dans la Préface de fon fixieme Volume.

veux dire dans l'Explication des Figures. Qu'il me foit permis aujourd'hui de les tirer de cette efpece d'obfcurité; car tout imparfaites qu'elles font, elles renferment des particularités effentielles à mon but. Je ne les euffe pas laiffées auffi incomplettes, fi mes yeux ne le fuffent pas ufés à contempler la Nature; mais je ne puis qu'exhorter fortement les Phyficiens qui ont à cœur d'éclaircir le grand mystere de la génération, à les reprendre & à s'y attacher par préférence. Če fujet eft fi fécond en merveilles, qu'ils ne tarderont pas à être récompenfés de leurs travaux. Il y a lieu de s'éton1er que depuis qu'on a fu que les Vers de terre fe reproduifoient de bouture, il ne fe foit pas trouvé des Obfervateurs qui en aient fait l'objet principal de leurs recherches: mais parmi le petit nombre d'hommes qui cultivent l'Hiftoire Naturelle, combien en eft-il qui se plaisent à l'étude des Infectes? Et parmi ces derniers, combien en eft-il qui veuillent fe confacrer à l'étude d'un feul Infecte? Cependant, il y a telle efpece d'Infectes qui pourroit épuifer la patience & la fagacité de l'Obfervateur le plus laborieux & le plus intelligent: le Polype en fournit un bel exemple, & le Ver de terre, fi vil en apparence, ne le cede point à cet égard au Polype. L'AUTEUR de la Nature

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