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& qui a eu la bonté de s'expofer à les retenir? Il faut récompenfer ces gens-là. L'ETRILLE.

Ce font plufieurs petits Marchands, dont ils ont renversé l'étalage, & qui ont cû la bonté, comme vous dites, de les mettre entre les mains d'un Commiffaire qui les a envoïés en fouriere.

DURAMINTE.

Juftement; pour nous faire païer le dégât

qu'ils ont fait.

PHILANDRE.

Cela eft jufte.

DURAMINTE.

Comment, cela eft jufte ?

PHILANDRE.

Oüy les maîtres font refponfables de leurs domestiques & de leurs chevaux.

DURAMINTE.

Mais eft-il jufte que l'yvrognerie de vôtre Cocher nous mette dans un tel embarras

L'ETRILLE.

Qüy, cela eft jufte; car je me fuis enyvré à vôtre fanté & de vos deniers. Monfieur m'a donné pour boire, & j'ay bû.

DURAMINTE.

Mais on t'avoit donné de l'argent pour boire & non pour t'enyvrer.

L'ETRILL E.

Oh Madame, on ne peut trop faire d'honneur aux liberalitez d'un maître comme

Monfieur, & d'ailleurs quel plaifir y auroitil de boire fi F'on ne s'en reffentoit pas ? DURAMINTE.

Et vous pouvez avoir la patience d'entendre routes fes raifons?

PHILANDRE.

Je ne les trouve point fi mauvaises; fon plaifir eft de boire, il s'y eft abandonné, le vin l'a furpris.

L'ETRILLE.

Non Monfieur, le vin ne me furprend ja¬ mais, je bois toûjours pour m'enyvrer. Je vous ay oui dire cent fois à vous même qu'il falloit chercher fans ceffe à fe rendre heureux, & je ne le fuis jamais tant que quand je fuis yvre, je ne fonge plus que je fois Cocher,je m'imagine que la terre n'eft pas digne de me porter, c'est pourquoi je vais boire fur nouveaux frais , pour travailler de plus en plus à mon bonheur.

.

SCENE VIII PHILANDRE,DURAMINTE,

PHILANDRE.

A naïveté me réjouit, tout ce que je

Scrains, c'eft qu'il n'altere fa fanté.

DURAMINTE,

Quel dommage!

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dame aura bien de la peine à ne fe pas rendre à fes belles manieres. En arrivant dans cette court il a fait mettre fes chevaux gris pomelez dans votre écurie, & fon carroffe magnifique fous vôtre remife. Il a donné vingt. Louis à vos gens pour boire à fa fanté.

DUR AMINT E

Et quel eft ce fou-là ?

CLARINE.

Ma foi, je ne fçay, mais il me paroît que l'argent ne luy coûte gueres. Le voicy..

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SCENE X.

PHILANDRE DURAMINTE, FASTIDAS, fuivi de fix Laquais; CLARINE,

M

FASTIDA S.

Onfieur, ayant appris en arrivant que vôtre carroffe avoit été endommagé je viens de faire mettre le mien fous vôtre remife, & mes chevaux dans votre écurie, & c'eft un petit prefent que je vous prie d'ac cepter.

PHILANDRE.

Monfieur, je fuis confus de la galanterie que vous me faites, &.

FASTIDAS.

Fy donc ne parlons plus de cela, c'est une bagatelle, j'en ay encore trois à vôtre service: parlons d'une autre affaire. Je viens vous demander vôtre fille en mariage.

DURAMINTE.

Monfieur, c'eft bien de l'honneur que vous nous faites; vous croyez peut-être noftre fil le plus riche qu'elle n'eft.

FASTIDA S.

Madame,je fçais qu'elle n'a que cent mille

écus, mais je la veux plus pour fon merite & fa beauté, que pour toute autre chofe. PHILAND RE.

pour

Ah ma femme cela eft bien genereux !

DURAMINTE.

Oüy, mais il faut examiner auparavant fi elle convient à Monfieur, & fi Monfieur lui convient. Il a du bien apparemment, fes belles manieres le font affez préfumer.

FASTIDA S.

Je ne poffede plus que huit cent mille francs.

PHILANDRE.

Huit cent mille francs, ma femme ! DURAM INTE. Taifez-vous. Monfieur,c'eft beaucoup plus que ma fille n'en merite, mais avec tout cela je vous dirai que je regarde plus au caractere d'une perfonne qu'à fon opulence, & vous me permettrez de m'informer un peu du vôtre, avant que d'aller plus loin.

FASTIDAS.

Ah Madame, c'eft ce que je demande! Le nom de Faftidas eft affez connu dans la fi

nance, & chacun vous dira qu'il n'y a perfonne en France qui faffe une plus belle figure que moy. Rien ne me coûte, je prens tous. les jours de nouveaux domestiques, & n'en renvoye jamais aucun. J'ay régulierement une douzaine de beaux efprits à ma table. Je donne mille écus d'une Epître Dedicatsire;

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