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Bois, Cadet, allez vous au Bois. Adieu jus qu'au revoir.

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L faut avouer que voilà un homme bien

Impoly, voions fi celui-ci aura de plus

belles manieres.

SCENE XVI. PHILANDRE ; DURAMINTE ̧ DOUILLET, CLARINE.

M

DOUILLET.

Onfieur, je ne fçais pas fi j'ay l'honneur d'être connu de vous.

PHILANDRE.

Non, Monfieur.

DOUILLET.

Je me nomme Doüillet.

PHILANDRE.

Monfieur, puis-je fçavoir quel sujet vous

amene?

DOUILLET.

J'ay appris que plufieurs perfonnes vous avoient déja demandé vôtre fille en mariage; mais que les fentimens de Madame ne s'étoient point accordez jufqu'icy avec les vôtres fur le choix de fonEpoux. Les défauts des prétendans ont caufé apparemment vôtre dif, pute, c'est ce que je ne crains point fur mon fujet ; on ne me reprochera ni l'ambition, ni l'envie, ni l'ingratitude; encore moins d'avoir détourné les Deniers de l'Etat ; d'avoir chaffé quelqu'un de fon pofte; d'avoir mal jugé, mal combattu, trop vendu; je fuis à couvert de tous ces vices; je ne fuis grace au Ciel, ni Financier, ni Courtifan, ni Juge, ni Guerrier, ni Marchand.

DURAMIN TE.

Et qu'eftes-vous donc ?

DOUILLET.

Rien. J'ay du bien, je le dépenfe fans prodigalité & fans avarice. Je ne me donne aucun foin. On me leve, on m'habille, on me deshabille, on me couche.

CLARINE.

Cela eft bien commode.

DOUILLET.

On marche, on lit, on écrit pour moy; je bois, je mange & je dors : voilà mon plus fort exercice.

CLARIN E.

Vous verrez que cet homme-là ne fe don

nera pas feulement la peine d'être luy-même le pere de fes enfans.

DOUILLET.

A vous dire le vrai, je ne me marie que pour avoir une compagnie pour me faire pasfer le tems.

DURAMINTE.

Je croy qu'en effet une pareille vie doit bien vous ennuyer.

DOUILLET.

Point du tout, j'y fuis accoûtumé, je fuis ennemy du travail.

DURAMINTE.

Mais quoy! N'avez-vous point quelque charge qui vous donne du moins un nom dans le monde ?

DOUILLET.

En aucune façon. Une Charge fans l'exercer, ne laiffe pas de demander des foins que je fuis incapable de me donner. Je ne veux augmenter mon revenu ni le diminuer. PHILANDRE.

Monfieur a raifon. Quelle douceur de n'a voir de compte à rendre à perfonne ? DURAM INTE.

La plaifante felicité que de vivre fans rien faire! Je voudrois bien vous demander quelle figure fait aujourd'huy un pareffeux dans le monde ? de quelle utilité il est à la societé ? Je vous déclare que je ne veux point pour gendre un homme oifif.

CLARIN E.

Je fuis du fentiment de Madame, il faut à fa fille un homme qui travaille. Oh je suis ennemie mortelle de la pareffe.

PHILANDRE.

Et moy je vous dirai bien plus. J'eftime. que la pareffe eft la feule qualité qui renferme de la perfection.

CLARINE.

En voilà bien d'un autre.

PHILANDRE.

La fituation of elle nous met, marque que nous fommes tels qu'il faut pour être heureux. Tout ce qui a le nom de vertu, nous fait afpirer à quelque chofe que nous ne poffedons pas; mais la pareffe en nous laissant comme nous fommes, prouve qu'il ne nous manque rien..

CLARINE, à Douillet.

Après tout ce beau raifonnement-là,croïezmoy, Monfieur, allez vous repofer. DURAMINTE.

Clarine a raison, & je croirai, Monfieur, vous rendre fervice en vous refufant ma fille. Le mariage, croyez-moy, ne convient point à un homme de vôtre humeur, il eft plein d'embarras, & a fouvent des fuites fâcheufes qui pourroient alterer vôtre tranquillité. DOUILLET.

Mafoy, Madame, je crois que vous avez raifon. Hola mes Porteurs.

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Ls font dans l'Antichambre, fouhaitezvous qu'ils entrent jufqu'icy.

DOUILLET.

Non non, je veux bien me donner la peine d'aller jufques-là.

CLARIN E.

Vous avez raifon de tems en tems un peu d'exercice eft neceffaire à la fanté.

DOUILLET.

Monfieur, tout à vous. Madame puifqu'il faut à vôtre fille un Epoux qui travaille, je vous le fouhaite.

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