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avant la mort, avec une penfion du Roi, après quarante-deux ans de fervice. Il étoit le Doyen des Comédiens François.

Le caractère de cet excellent Acteur étoit de voir tout gaiement; & dans les affaires les plus férieuses, il ne pouvoit fe refufer une plaifanterie. Il narroit d'une façon à faire diftinguer les différens Interlocuteurs qu'il mettoit en action dans fes récits; il imitoit leur voix, leurs moindres geftes; on eût dit que Scarron l'avoit deviné dans le Perfonnage de la Rancune. On a confervé un difcours que cet Acteur avoit compofé étant Clerc de Notaire, & qu'il débita dans une Comédie Bourgeoife, dont il s'étoit chargé de faire le Prologue.

« Meffieurs, mon deffein n'eft pas, dans ce jour qui » renouvelle l'année, de vous jetter de la poudre » aux yeux, ni de vous faire croire que des veffies » font des lanternes. Je fçais trop que Marchand » d'oignons, doit fe connoître en ciboules, & que » vous êtes des éveillés de Poiffy, à qui l'on ne » feroit pas paffer des chats pour des lievres; parce » que vous en avez bien vu d'autres, & qu'on ne » fçauroit vous en donner à garder. Je n'ignore pas » qu'un difcours bien garni de fleurs de rhétorique, » viendroit ici jufte comme de cire, ou fi vous » voulez, comme Mars en Carême, & que ce ne » feroit point tirer ma poudre aux moineaux ni » femer des marguerites devant des pourçeaux. Mais » il n'y en a pas de plus embarraffé, que celui qui >> tient la queue de la poêle : à petit Mercier, pe» tit panier, & à bon entendeur demi-mot. Si nous » ne rempliffons pas nos rôles comme les grands » Acteurs que vous avez journellement fous les » yeux, c'eft qu'il n'eft pas permis à tout le monde » d'aller à Corinthe, & que qui eft apprentif n'eft » pas maître. Loin de nous en faire accroire, nous »avouons de bonne foi, que, fi nous comptions moins fur votre indulgence, nous ne fçaurions tous fur quel pied danfer. Mais fi vous daignez nous mettre

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ARM

ARM » le cœur au ventre, nous ne vous promettons pas » poires molles, ni plus de beurre que de pain;

& nous irons de cul & de tête, comme des Cor» neilles qui abattent des noix. Ainfi, Meffieurs, >> fans tourner fi long-tems autour du pot, ni cher» cher midi à quatorze heures, d'autant plus que >> vous n'ignorez pas que trop gratter cuit, & trop » parler nuit, je me contenterai de vous prier de » ne pas nous recevoir comme des chiens dans un » jeu de quilles, en vous affurant que notre recon> noiffance ne fera pas entre le zifte & le zeste » ni moitié figue, moitié raifin ; & que lorsqu'il » s'agira de vous faire épanouir la rate, on ne nous » verra jamais n'y aller que d'une feffe, &c »>.

Cette harangue fut extrêmement applaudie; l'Abbé Nadal ne put fe contenir; il fe leva, monta fur le Théâtre, courut embraffer fon jeune protégé, & lui promit une amitié qu'il lui conferva toujours.

Armand ne fut point, à la vérité, du nombre de ces Acteurs doublement célebres, par le jeu & par la compofition. Son mérite fe bornoit au talent de la représentation dans les Perfonnages comiques ; mais il fera regretté long-tems par ceux qui fçavent combien le naturel eft rare, & combien peu il est aifé de faire rire une Nation éclairée & polie, devenue d'autant plus difficile, qu'elle a eu fous les yeux un plus grand nombre d'excellens modèles; qu'elle a facrifié à de triftes bienféances une partie de fes grâces; & qu'enfin l'ancienne gaieté Françoife a prefque disparu fous la froide manie du raifonnement.

L'Acteur dont nous parlons a créé plufieurs rôles ; & il fut le Reftaurateur de ceux de Falaise, dans la Réconciliation Normande, & de Glacignac, dans le Mariage fait & rompu. Le rôle du Commandeur de la Rocaille dans le Prologue de l'In-promptu de la Folie, étoit de fon invention; ou plutôt c'étoit une copie parfaite d'un original qu'il avoit connu.

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ARM Il joua celui de Pantalon dans la Françoife Italienne petite Comédie tirée du même Divertitlement; & il contrefit avec tant de vérité le Pantalon des Italiens, que celui-ci difoit en le voyant : « Si je ne » mẹ fentois au Parterre je me croirois fur le

>> Théâtre ».

Quand il établit le rôle de Pirante dans l'Etourderie, Fagan, l'Auteur de cette Piece, prit d'abord fa maniere de le rendre pour une charge dont il ne put s'empêcher de rire; mais, aux dernieres répétitions, il lui dit férieufement, qu'il n'entroit point du tout dans le caractère de fon Perfonnage. Armand s'obftina à le rendre comme il l'avoit conçu; & ce rôle contribua au fuccès de l'ouvrage.

Son humeur gaie & facétieufe ne le quitta jamais. Le commencement de fa fortune fut même l'effet de fa plaifanterie. Il avoit l'habitude en allant fe promener avec fes amis, de parier, ou la dépenfe du moment, ou des billets de Loterie au premier Boffu que le hazard lui faifoit rencontrer fur fon chemin ; & rarement ces billets étoient malheureux. Un jour, au fortir de la Comédie, il rencontra (ce qu'il regardoit comme un préfage très-favorable) un Boffu, dont la phyfionomie le frappa plaifamment. Dans l'accès de fa gaieté, il : alla prendre, fur le champ, quelques billets de Lotterie à la devife du Boffu. Un de ces billets lui rapporta huit mille livres : c'étoit, difoit-il quelquefois, le plus beau des Boffus.

Etant à Lyon à fe divertir avec des amis, furvint un fâcheux, qui, après avoir foupé à leurs dépens, leur demanda encore à coucher pour cette nuit. Chacun s'en défendit en faifant retraite. Armand refté feul, connoiffant l'humeur du Perfonnage, & voulant éviter une affaire, lui promit de partager fon lit. C'étoit une belle nuit d'été ; Armand conduit le fâcheux à la promenade, met fon épéé en bandouliere, fes fouliers dans fa poche,

ARN

ARM grimpe au haut d'un arbre, & s'y établit auffi tranquillement que dans l'appartement le plus commode. «Que faites-vous donc, dit l'Importun que ce ma» nége commençoit à impatienter ? Je loge ici >> reprit Armand; & je vous invite à faire de même ».

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ARMAND, (le fieur) Privilégié du Roi pour les Spectacles de Fontainebleau, & fils du célebre Acteur de ce nom, eft Auteur de plufieurs Pieces de Théâtre, jouées en Province ou dans des Sociétés : particulieres. Ces Pieces font Falaife fauvée, la Foire aux Complimens, le Retour des Comédiens, les Etrennes allégoriques d'Arlequin, l'Heureux Evénement ou le bien venu, le Petit Maître raisonnable ou les Coquettes dupées, l'Amour vainqueur & défarmé, la Pupille de Fagan mife en Vaudevilles, les Effets de la Vengeance, le Dépit amoureux de Moliere, réduit à un Acte, Arlequin Poète extravagant, l'Heureufe Union, le Retour du Commerce, l'Honnête-homme, les Proverbes, le Cri de la Nature, le Moyen d'être heureux ou les Bienfaifans, le Repas allégorique, D'une mauvaise paye on tire ce qu'on peut, & Ventre affamé n'a point d'oreilles, Proverbes.

-ARNAUD, Provençal, Agamemnon, Tragédie imprimée en 1642.

ARNAUD, (M. François-Thomas-Marie de Baculard d) né à Paris, & originaire du Comtat d'Avignon, eft Auteur de plufieurs Drames de la touche la plus lugubre. Si on les confidere du côté de la chaleur, du fentiment & du pathétique, on trouvera qu'aucun des Poètes de nos jours ne le furpaffe à cet égard. Le Comte de Comminges, Euphémie, Fayel, Mérinvas feront toujours regardées comme des Pieces, où la fenfibilité refpire prefque à chaque Scène, avec une force & une énergie capable d'attendrir l'âme » la plus froide. Ses autres Drames font Coligni & le Mauvais Riche.

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ARN ARNOULD, (Mademoiselle ) excellente Actrice de l'Opéra, où elle joue les rôles tendres avec le plus grand fuccès.

ARNOULD, (M. François Muffot) de Befançon ; le Savetier dupé, l'Heureux Jaloux, la petite Meuniere, le Compliment interrompu du nouvel an, le Teftament de Polichinel, Polichinel de retour de l'autre Monde la Fontaine merveilleufe, les Audiences de Cythere, Monnoye fait tout, ou la Réconciliation intéreffée, le Dénicheur de Merles, le Répertoire, la Veillée Villageoife, Robinson Crufoé, l'Arbre de Cracovie, le Mariage alforti, le Compliment de la Clôture, le Sculpteur ou les Manequins, le Chat botté, le Villageois clairvoyant, Alcefte ou la Force de l'Amour & de l'Amitié, l'Aftrologue, Alcimatendre, la Fête de Colette, le Bra

connier.

ARTAUD,(M.Jean-Baptifte) né à Montpellier le 26 Décembre 1732, Cenfeur Royal, Bibliothécaire de M. le Duc de Duras, Auteur d'une brochure intitulée la Petite Pofte dévalifée, a compofé la Comédie de la Centenaire.

ARTHUS, (le Pere ) Jéfuite, Auteur de la Tragédie de Benjamin.

ARTIGUES; (Hébert d') le Médiateur, Comédie; une Nuit de Paris, Comédie.

ASSOUCI, (Charles Coipeau d') naquit à Paris en 1604. Il effuya beaucoup de traverfes, eut beaucoup d'aventures qu'il a écrites lui-même d'un ftyle prefque bouffon, & mourut peu riche en 1679. C'eft de lui que parle Chapelle dans fon voyage. Son feul ouvrage Dramatique eft intitulé les Amours Apollon & de Daphné.

ASTRAUDI, (Rofalie ) qui avoit débuté en 1744,

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