DES DES DESHOULIERES, (Antoinette) fille de Melchior du Ligier, Seigneur de la Garde, & Chevalier de l'Ordre du Roi, naquit à Paris vers l'an 1633. De la beauté, une taille au-deffus de la médiocre, des manieres nobles & prévenantes, quelquefois un enjouement plein de vivacité, quelquefois du penchant à cette mélancolie douce, qui n'eft pas ennemie des plaifirs, telles étoient les qualités que Madame Deshoulieres avoit reçues de la nature. Etant très-jeune, elle apprit le Latin, l'Italien, l'Efpagnol; & fon inclination pour la Poëfie fe manifefta de très-bonne-heure. En 1651, elle époufa Guillaume de la Fon de BoisGuérin, Seigneur Deshoulieres, Gentilhomme de Poitou. Le Prince de Condé n'ayant voulu fe prêter à aucune conciliation, durant les troubles qui arriverent dans là Province de Guyenne, fe retira avec fes Troupes fur la Frontiere de Champagne ; & M. Deshoulieres, qui étoit attaché à ce Prince, fut obligé de Fy joindre, & de quitter fa femme peu de tems après fon mariage. M. le Prince ayant pris Rocroi au nom du Roi d'Espagne, la majorité en fut donnée à M. Deshoulieres; & fa femme alla s'y établir. Cependant fon mari étoit obligé par état, à des dépenfes confidérables: fes biens en France étoient faifis; & fes paiemens étoient retenus à Bruxelles. Madame Deshoulieres préfenta plufieurs Requêtes, auxquelles on ne répondit point. Elle s'en plaignit; on lui fit un crime de fes plaintes; elle fut arrêtée & conduite, comme prifonniere d'Etat, au Château de Vilverden, à deux lieues de Bruxelles. M. Deshoulieres, alors abfent, fe rendit dans cette derniere Ville, pour folliciter la liberté de fa femme; &, voyant qu'il n'étoit point écouté, il alla à Vilverden avec quelques Soldats, s'introduifit dans la Fortereffe, délivra fa femme, & prit avec elle la route de France, où le Roi cffroit une Amniftie; ils en profiterent. DES DES M. Deshoulieres chercha de l'emploi dans le Service; & Madame Deshoulieres fuivit fon goût pour la Poësie. Elle a fait des Apothéofes, des Balades, des Caprices, des Chanfons, des Déclarations, des Dialogues, des Eglogues, des Élégies, des Epigrammes, des Epitres, des Lettres, des Billets, des Idylles, des Invitations, des Madrigaux, des Cdes, des Portraits, des Réfléxions, des Rondeaux, des Songes, des Sonnets, des Stances, & des Tragédies, fçavoir, Genferic & la Mort de Cochon. DESJARDINS a traduit de l'Italien en François une Piece intitulée les Aveugles. DES-ISLES, (le Bas) Gertilhomme Normand, a compofé une Tragédie d'Herménégilde, & la Mort burl.fque du mauvais riche. DES-LONGSCHAMPS, mort affez jeune, avoit mis en vers la Piece de Cénie de feu Madame de Grafigny. DESMAHIS, (Jofeph-François-Edouard de Corfimbleu) né à Sully-fur-Loire, en 1722, mort le 26 Février 1764, dans la trente-deuxième année de fon âge. Il donna, dès fa plus tendre jeuneffe, des preuves de la délicatefle de fon efprit, & fçut mêler aux plaifirs l'étude & la Philofophie. On a de lui la Comédie du Billet perdu, ou de l'Impertinent, qui fut applaudie. Ce n'eft pas, à la vérité, le ton de Moliere; mais on y trouve de jolis portraits, des faillies heureufes, des penfées fines; & le caractère principal eft affez bien peint.. DESMARES, ( Nicolas) pere de la célèbre Actrice de ce nom, a joué fupérieurement les rôles de Payfan au Théâtre François, & eft mort en 1712. DES DES DESMARES, (Charlotte-Antoinette ) fut reçue au Théâtre François pour les rôles de Mlle. de Champmêlé, fa tante. Perfonne n'ignore avec quelle nobleffe & quelles graces elle a rempli, pendant plus de vingt ans, les perfonnages de Reine & de Princeffe dans le Tragique, & ceux de Soubrette dans le Comique. Elle quitta le Théâtre en 1721, & se retira à Saint-Germain-en-Laye, où elle eft morte. DESMARETS DE SAINT-SORLIN, (Jean) laborieux Écrivain, né à Paris en 1595, paffa d'abord pour l'un des beaux-efprits du dix-feptième fiècle, & fut fort aimé du Cardinal de Richelieu, qui le fit Contrôleur Général de l'extraordinaire des Guerres, & Secrétaire Général de la Marine du Levant. Il fut l'un des premiers Membres de l'Académie Françoife, & coinpofa, à la follicitation du même Cardinal, plufieurs Pieces de Théâtre, qui furent applaudies de cette Eminence, fur-tout la Comédie qui a pour titre les Vifionnaires. Les autres font intitulées: Afpafie, Scipion, Mirame, Roxane, Erigone, Europe, le Charmeur charmé, le Sourd, Annibal, dont quelques-unes ont été attribuées au Cardinal de Richelieu. Defmarets avoit beaucoup d'efprit & d'imagina- tion, mais une imagination déréglée, qui n'en fantoit que des chimères. On a dit de lui, qu'il étoit le plus bel-efprit de tous les Vifionnaires, & le plus Vifionnaire de tous les beaux-efprits. Son penchant ne le portoit point à la Poëfie; il ne s'y attacha que pour complaire au Cardinal de Richelieu, qui l'y engageoit par fes careffes, & qui voulut bien entrer dans la compofition de fes Ouvrages. On fçait que le Sonnet qui fert d'Infcription à la Statue équeftre de Louis XIII, qui eft au milieu de la Place Royale, eft de lui. Il a eu auffi part à la fameufe Guirlande de Julie; & il compofa les quatre vers fuivans, fur la Violette, DES DESMARETS, (Henri) Parifien, né en 1661 Surintendant de la Mufique du Roi d'Efpagne, & enfuite du Duc de Lorraine, avoit été Page de la Musique du Roi. A l'âge de vingt-ans, il concourut en 1683 pour une des quatre places de Maître de la Mufique de la Chapelle; & fon âge feul l'empêcha de l'obtenir. Il faifoit fecrettement la befogne de l'Abbé Goupillet, un de ces quatre Maitres; ce qui donna lieu à cette aventure. Defmarets étant un foir à la Chapelle, pour y entendre un nouveau Motet qu'il avoit donné fecrettement à l'Abbé Goupillet, un Seigneur, qui vouloit paffer dans l'efprit du Roi pour connoiffeur en mufique, pria Defmarets, qu'il ne croyoit pas Auteur de ce Motet, de fe mettre à côté de lui, & de lui marcher fur le pied, à tous les endroits qu'il trouveroit de fon goût. Defmarets le fit, & fi fouvent, que ce Seigneur ne put y tenir, & lui dit : « Oh! parbleu, » vous m'en apprenez trop pour la premiere fois; >> je n'en veux pas fçavoir davantage ». Defmarets ayant époufé à Senlis la fille d'un Préfident de l'Election, fans le confentement du pere de cette Demoifelle, celui-ci le pourfuivit en Juftice, comme ayant féduit & enlevé fa fille. Defmarets, condamné à mort, fut obligé de quitter la France & de fe fauver en Efpagne, enfuite en Lorraine. Pendant fon abfence, Matho, fon ami, fit exécuter à Rambouillet, devant Louis XIV, des Motets de Defmarets, fans en avertir Sa Majefté. Quoiqu'il y eût près de vingt ans que ce Prince ne les eût entendus, il les reconnut, & en fit l'éloge. Les Princes & Seigneurs faifirent cette occafion pour demander au Roi la grace de Defmarets. Il leur répondit, que perfonne n'y perdoit plus que DES DES lui; mais qu'il avoit juré de ne point accorder de grace, pour le crime dont il s'agiffoit, & les refufa. Dans la fuite op examina au Parlement l'affaire qui avoit obligé le Muficien de quitter le Royaume ; y gagna fon Procès; & fon mariage fut déclaré valable. Ce Muficien a donné fur le Théâtre Lyrique, les Opéra de Didon, Circé, Théagène & Chariclée; les Amours de Momus, Venus & Adonis, les Fêtes Galantes, Iphigénie; Renaud, ou la Suite d'Armide. Il mourut à Luneville en 1741, âgé de près de quatre-vingts ans. DESMARRES, Tréforier de M. le Prince, mourut en 1716, dans un âge très-avancé, après avoir donné au Théâtre Roxelane & Merlin Dragon. DESORMES, Comédien du Roi de Pruffe, & enfuite de l'Electeur Palatin, fit quelques Brochures, & une Piece de Théâtre intitulée l'Amour réfugié. Ileft mort depuis quelques années. Il avoit débuté à la Comédie Françoife pour les rôles à Manteau. DESMAZURES, Louis) né à Tournay, a compofé vers l'an 1566, Jofias, David combattant David fugitif, & David niomphant. Il fut Capitaine d'une Troupe de Cavalerie, dans le tems des Guerres de Henri II, & de Charles-Quint. DES@ILLETS, (Mlle.) excellente Comédienne, qui a rempli, pendant plufieurs années, les premiers rôles à l'Hôtel de Bourgogne; & l'on prétend qu'elle a joué d'original celui d'Hermione dans l'Andromaque de Racine, que la Champmêle joua enfuite en concurrence. Sur quoi on fait dire à Louis XIV, que, pour remplir ce rôle parfaitement, il faudroit que la Defoeillets jouât les deux premiers Actes, & la Champmêlé les deux autres; voulant faire en |