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BAR gées par les conseils de l'Abbé Pellegrin. Ces Pieces font Arie & Petus, Cornelie, Tomyris, la Mort de Céfar, le Faucon, les Fêtes d'été, le Jugement de Pâris, les Plaifirs de la Campagne.

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Le Théâtre de Mademoiselle Barbier n'a rien de remarquable, rien qui le diftingue particulièrement. On fent qu'en général l'Auteur s'y propofoit la gloire de fon fexe, en choififfant des fujets qui en étoient comme le triomphe ; mais rien de plus commun que fa maniere de les traiter. Il eft cependant vrai de dire, que la conduite de fes Tragédies eft affez réguliere & l'enchainement des Scènes affez bien lie; parce qu'il ne faut, pour cela, que de cette efpèce de bon fens, dont Mademoiselle Barbier n'étoit pas dépourvue. Il y regne même une forte de fublime manqué, d'où réfultent mille défauts d'éxécution. A force de vouloir rendre fes Héroïnes grandes & généreufes, les Héros même les plus connus, deviennent tremblans & timides; elle ne montre par-tout que de grandes femmes & de petits hommes, des Géants & des Pigmées. Tandis qu'elle fuit, avec l'exactitude la plus fcrupuleuse, des détails minutieux, les plus grands événemens font à peine indiqués ; & l'on fent la foibleffe d'un pinceau timide, qui n'ofe entreprendre de peindre en grand, que ce qui devoit être représenté en petit; auffi de tous ces foibles incidens, il ne réfulte que de médiocres intérêts. La gradation des fentimens fans ceffe interrompue, ne fait qu'effleurer l'ame, au-lieu de la pénétrer. On trouve, néanmoins, quelques fituations touchantes, & une verfification aifée, naturelle, élégante. Un peu trop de facilité la rend quelquefois lâche, diffufe, profaïque.

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BARBIER, a donné au commencement de ce fiècle, la Vengeance de Colombine, les Eaux de mille Fleurs, l'Opéra interrompu, la Fille à la mode, l'Heureux Naufrage, & les Soirées d'Eté.

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BAR BARBIER, (M.) né à Vitri-le-François, connu par des Penfées diverfes ou Réflexions fur l'Esprit, a fait une Tragédie intitulée Cyaxare.

BARDON, Auteur de la Tragédie de Saint-Jacques. On trouve ces quatre vers au commencement de cette Tragédie :

Ceft'image eft veue du Lecteur;

Mais Saint-Jacques voit ceft'image
Ailleurs mise en plus bel ouvrage :

Où ? Ses Pélerins l'ont au cœur..

BARET, (M.) eft. l'Auteur de l'Amant fuppofé de Zélide, des Colifichets, & de l'Ile de la Frivolité.

BARNET, (Jean) Confeiller & Secrétaire du Duc de Lorraine, a publié une Tragédie de la Pucelle d'Orléans, qui étoit de Fronton du Duc.

BARO, (Balthafar) né à Valence en Dauphiné en 1600, fut Secrétaire d'Honoré Durfé. Ce dernier étant mort comme il achevoit la quatrieme Partie d'Aftrée, laiffa fes Mémoires à Baro, qui continua cet ouvrage. Il fut depuis Gentilhomme de Mademoifelle de Montpenfier, enfuite de l'Académie Françoife; & fur la fin de fa vie, il obtint l'Office de Procureur du Roi au Préfidial de Valence, & la Charge de Tréforier de France à Montpellier. Il mourut en 1650, âgé d'environ cinquante ans. Les Pieces qu'il nous a laiffées, font Celinde, Clotiffe, Clorefte, Saint Eustache, Clarimonde, Parthenie, le Prince fugitif, Carifte, ou les Charmes de la Beauté, Rofemonde & l'Amante vindicative.

BARON, (Michel) Fils d'un Marchand d'Iffoudun , qui s'étoit fait Comédien, entra dans la Troupe de la Raifin, & quelque tems après dans celle de Moliere. Baron quitta le Théâtre en 1691, avec une Penfion du Roi de mille écus. Il y remonta en

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BAR 1720, âgé de 68 ans ; & il fut auffi applaudi, malgré fon âge, que dans fa premiere jeuneffe. On l'appella, d'une commune voix, le Rofcius de fon fiècle. Il difoit lui-même, dans fes enthoufiafmes d'amourpropre, que tous les cent ans on voyoit un Céfar; mais qu'il en falloit deux-mille pour produire un Baron. Un jour fon Cocher & fon Laquais furent battus par ceux du Marquis de Biron, avec lequel Baron vivoit dans cette familiarité, que la plupart des jeunes Seigneurs permettent aux Comédiens. « M. le Marquis, lui dit-il, vos gens ont maltraité » les miens; je vous en demande juftice ». Il revint plufieurs fois à la charge, fe fervant toujours du même terme de vos gens & des miens. M. de Biron, choqué du párallele, lui répondit : « Mon » pauvre Baron, que veux-tu que je te dife; pour» quoi as-tu des gens »? Baron étoit né avec tous les dons de la nature; & il les avoit perfectionnés par l'art : figure noble, voix fonore, geftes naturels, intelligence fupérieure. Ainfi que les grands Peintres & les grands Poètes, Baron fentoit bien que les regles de l'art n'étoient pas faites pour rendre le génie efclave ». Les regles, difoit cet Acteur fu» blime, défendent d'élever les bras au-deffus de » la tête; mais fi la paffion les y porte, ils feront » bien. La paffion en fçait plus que les regles ». Rouffeau a dit de cet Acteur, qu'il donnoit un nouveau luftre aux beautés de Racine, & un voile aux défauts de Pradon. Il mourut en 1729, âgé de 77

ans.

Le Pere de ce célebre Acteur avoit auffi, dans un dégré fupérieur, le talent de la déclamation. Sa mere, également Comédienne, étoit la plus belle perfonne de fon tems. On rapporte que lorfqu'elle fe préfentoit pour avoir l'honneur de paroitre à la toilette de la Reine mere, Sa Majesté difoit à toutes les Dames: voilà la Baron; & elles prenoient la fuite.

Cette Actrice étoit dans le foyer de la Comédie,

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BAR lorfqu'un Amant, qui l'avoit quittée, vint fe réconcilier avec elle. La paix fe fit; & l'Amant demanda à l'Actrice la clef de fon appartement, pour aller, difoit-il, fe repofer, & attendre la fin de la Piece; mais le miférable abufant de la confiance qu'on avoit en lui, prit l'argent avec tous les meubles de prix & fe fauva. Mademoiselle Baron étoit dans une fituation critique : cette nouvelle, caufant chez elle une révolution fubite, lui donna la mort.

Le grand Baron avoit époufé Charlotte le Noir, foeur de la Thorilliere & de la Demoiselle Dancourt. De ce mariage il eut Etienne Baron, qui mourut au mois de Décembre 1711, dans la fleur de fon âge. C'étoit un jeune Comédien, beau, bien fait, & dont les talens commençoient à fe perfectionner; mais un amour trop ardent pour le plaifir en priva le Public. Il fut marié avec Catherine Voudrebeck, fille de la Maurice, Directrice des Spectacles de la Foire, dont il a laiffé un fils & deux filles ; l'une nommée Mademoiselle de la Traverfe, qui débuta au Théâtre en 1730, par le rôle de Phedre, fut reçue en 1731, fe retira en Juillet 1733, & époufa M. Bachelier, l'un des Valets de chambre du Roi, dont elle eft veuve ; & l'autre, nommée Mademoiselle Defbroffes , ne fit que paroître au Théâtre. Le fils fe nomme François Baron; il a été reçu aux François en 1741, y a joué pendant quatorze ou quinze ans, & s'eft retiré avec une Penfion de mille livres. On fit fur lui les vers fuivans, qui font connoître de quels rôles il fe chargeoit ordinairement :

Baron, je te jure ma foi,

Qu'au gré des Juges du Parterre,

Nul Acteur ne fçait mieux que toi,
Jouer les rôles de Notaire.

Pour revenir à fon ayeul, Michel Baron a laiffé plufieurs Pieces dont on a formé un recueil, telles que l'Homme à bonnes Fortunes, le Rendez-vous des

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BAR Tuileries, les Enlevemens, la Coquette, le Jaloux l'Andrienne, l'Ecole des Peres, ou les Adelphes. Si on lui difputa principalement les deux dernieres c'eft, fans doute, parce qu'on fuppofoit plus d'affinité entre le Pere de la Rue & Térence, qu'entre Baron & le Poète latin: mais ce n'eft, tout au plus, qu'une conjecture. Il vaut mieux laiffer jouir Baron d'un bien que perfonne ne reclame, que de rifquer de le dépouiller du fien propre. Elevé fous les yeux de Moliere, il étoit difficile qu'il ne puifàt pas dans les difcours de ce grand Maitre, d'excellens préceptes; l'intelligence théâtrale, qui regne dans plufieurs de fes Comédies, en eft une preuve. Le dialogue en eft vif, les Scènes en font variées. Rarement elles offrent de grands Tableaux ; mais l'Auteur fçait copier, d'après nature, certains originaux aufli importuns dans la fociété, qu'amufans fur la Scène. On voit enfin, qu'il avoit étudié le monde autant que le Théâtre. Pourquoi donc eftil fi rarement cité comme Auteur ? C'eft que le Public partage difficilement fon attention en faveur du même homme. Dans Moliere il oublie l'Acteur médiocre, pour ne s'occuper que du grand Poète. Dans Baron, il n'envifage que le grand Acteur, & perd de vue le Poète médiocre. Il a été, en effet, le plus grand Comédien qui ait peut-être exifté. Il embraffoit tous les rôles & les rendoit également bien tous. Lorfqu'il remonta fur le Théâtre, on lui vit jouer fucceffivement Néron & Burrhus, le Menteur, rôle d'un homme de vingt ans, le Pere dans l'Andrienne, Rodrigue dans le Cid, & le rôle de Mithridate. Il fçavoit donner des nuances différentes aux différens caractères ; il jouoit le Mifanthrope du ton d'un homme de la Cour; & celui d'Arnolphe dans l'Ecole des Femines, d'une maniere bourgeoife, mais qui tenoit toujours un air de nobleffe. Dans ce dernier rôle il ne fe mettoit point en habit de vieille Guipure; il avoit un habit de velours & des bas noirs, une

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