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ABE

ABE gnoit. Un vifage fort laid & plein de rides, qu'il varioit à fon gré, lui tenoit lieu de différens maf ques. Quand il lifoit un Conte ou une Comédie il fe fervoit de cette phyfionomie mobile, pour faire. diftinguer les Perfonnages de la Piece qu'il récitoit. L'Abbé Abeille fut pourvu du Prieuré de Notre· Dame de la Mercy, & reçu à l'Académie Françoife. Nous avons de lui des Odes, des Epitres, & plufieurs Tragédies; fçavoir, Argélie, Coriolan, Lincée & Soliman. On lui attribue encore Crifpin BelEfprit, & les Tragédies d'Hercule, de Caton & de Silanus. Plufieurs de fes Pieces furent repréfentées & imprimées fous le nom du Comédien la Thuilerie, parce que l'Abbé Abeille n'ofoit plus mettre fon nom à fes ouvrages, depuis l'aventure qui fit tomber fon Argélie. Voyez ARGÉLIE dans le premier volume. Cet Auteur eft mort à Paris âgé de 70 ans ; on lui a fait cette Epitaphe:

Ci-git un Auteur peu fêté,

Qui crut aller tout droit à l'immortalité ;
Mais fa gloire & fon corps n'ont qu'une même biere;
Et lorfqu'Abeille on nommera,

Dame Poftérité dira:

Ma foi, s'il m'en fouvient, il ne m'en fouvient guère.

On n'avoit pas attendu fa mort, pour faire des Epigrammes contre lui. En voici une, attribuée à Racine, qui n'avoit jamais été imprimée, lorfque M. l'Abbé Sabathier à qui nous en fommes redevables,l'inféra dans fes Trois Siècles de notre Littérature: Abeille, arrivant à Paris,

D'abord, pour vivre, vous chantâtes.
Quelques Meffes à jufte prix;
Puis au Théâtre vous laffâtes
Les fifflets par vous renchéris.
Quelque tems après fatiguâtes
De Mars l'un des grands Favoris,
Chez qui pourtant vous engraiffâtes;
Enfin, digne afpirant entrates
Chez les quarante Beaux-Efprits
Et fur eux-mêmes l'emportâtes
A førger d'ennuyeux Ecrits.

ABE

ALA

: ABEILLE, neveu du précédent, a donné la Fille Valet. On le dit auffi Auteur de Crifpin jaloux, qui na point été repréfenté. Il eut une alle qui débuta à la Comédie Françoise en 1742, pâr Cléanthis dans Démocrite, & Mathurine dans Colin-Maillard; elle ne fut point reçue.

ABUNDANCE, ( Jean d) Notaire au Pont SaintEfprit, a compofè les Drames fuivans: Moralité & Figure fur la Pafion de notre Seigneur J. C. Le joveux Myftere des trois Rois. Qui fecundum legem debet mori. Le Couvert d'humanité. Le Monde qui tourne le dos à chacun. Plusieurs qui n'ont point de confcience Farce nouvelle, très-bonne & très-joyeufe de lab Cornette.

J

ACHARD, (M.) Auteur vivant, a fait les Précau tions inutiles, &, avec M. Quétant, le Quartier général.

AIGUEBERRE, ( Jean Dumas d') Confeiller au Parlement de Touloufe, où il est mort en 1755, a fait trois Pieces de Théâtre, qui font les Trois Spectacles, le Prince de Noify & Colinette. Il ne jugea pas à propos de pourfuivre la carriere dramatique, à laquelle il s'étoit livré pendant fa jeuneffe. Les difpofitions heureufes qu'on remarque dans quelques-unes de fes Comédies, font regretter qu'il ait abandonné ce genre. Il y a toute apparence, qu'avec un peu de culture, fes talens lui auroient fait un nom parmi les Auteurs du Théâtre. Sa Piece des. Trois Spectacles annonce vraiment un efprit propre à occuper la Scène, & à y recueillir des applaudiffemens.

ALAIN, (Robert) étoit de Paris, & fils d'un Sellier. Il avoit fait de bonnes études, & fe deftinoit à l'état Eccléfiaftique; mais il changea d'idée, fe fit recevoir Sellier, fans ceffer d'aimer les Lettres

ALA

ALE Une complexion délicate & beaucoup d'amour du plaifir abregèrent fa carriere. Il mourut en 1720, âgé de quarante ans. Il fit, en fociété avec le Grand, la Comédie de l'Epreuve Réciproque.

ALAINVILLE, (d') Acteur du Théâtre François, y débuta par le rôle d'Arviane, dans Mélanide, en 1758, & quitta deux ans après.

ALLAIS, (Jean) voulut avoir fa fépulture dans le ruiffeau de la rue Montmartre, auprès d'une des portes de l'Eglife de Saint-Euftache, en expiation d'un denier d'Octroi, qu'il avoit obtenu fur chaque panier de poiffon. Il étoit maître & chef des Joueurs de Moralités & de Farces; il en avoit même compofé plufieurs.

ALARIUS, Joueur de Viole, a fait la Mufique du Ballet des Tuileries, en 1718.

ALBARET, (d) Cenfeur Royal, Auteur de l'Opéra de Scylla & Glaucus.

ALENÇON, (d') étoit fils d'un Huiffier au Parlement de Paris, & avoit été reçu dans la même Charge. Il étoit boffu & dévoré de la manie de paffer pour homme defprit, quoiqu'il n'en eût que médiocrement; auffi l'Abbé de Pons, autre boffu qui avoit beaucoup de mérite, difoit de lui avec une espèce d'indignation : « Cet animal-là déshono» re le corps des Boffus ». Il ne refte de lui que la Vengeance Comique & le Mariage par Lettre de Change. Outre ces deux Pieces de Théâtre, il a donné une édition complette des Œuvres de Dufrény, de celles de l'Abbé Bruéys, & des Pieces fugitives que l'Abbé de Pons avoit fait inférer dans différens Mercures. Il eft mort au mois d'Août 1744.

ALEXANDRE, (M.) connu pour le Violoncelle,

VALI ALL a fait la Mufique des Pieces intitulées Georget & Georgette, le Petit Maître en Province, l'Esprit du jour.

ALIBRAI, Charles Vion d') fils d'un Auditeur des Comptes de Paris, & frere de l'illuftre Madame de Sainctot, qui a eu tant de part aux Lettres de Voiture. Il aimoit la table & le plaifir, & ne s'occupoit que du préfent. Il mourut en 1655, & avoit compofé pour le Théâtre, Aminte, la Pompe funèbre, la Réforme du Royaume d'Amour, le Torifmond & Soliman. Il s'eft peint lui-même comme un buveur dans les vers fuivans:

Je me rendrai du inoins fameux au cabaret. On parlera de moi, comme on fait de Faret. Qu'importe-t-il, ami, d'où nous vienne la gloire ? Je la puis acquerir fans beaucoup de tourment; Car, graces à Bacchus, déjà je fçais bien boire ; Et je bois tous les jours avecque Saint-Amant. 'ALLAINVAL,(L'Abbé Léonor-Jean-Chriftine Soulas d') né à Chartres, étoit un Philofophe peu à fon aife. Il commença à travailler pour le Théâtre en 1725, & a donné fucceffivement l'Embarras des Richefjes, le Tour de Carnaval, la Fauffe Comtesse, l'Ecole des Bourgeois, le Mari curieux, l'Hyver & la Fée Marotte. Il mourut le 2 Mai 1753, & eft connu par plufieurs ouvrages de différens genres. Il y a d'excellentes chofes dans fa Comédie de l'Embarras des Richelles, dont il n'a pas dû prendre l'idée d'après fa propre expérience. On voit reparoître de tems en tems au Théâtre François fon Ecole des Bourgeois, avec d'autant plus de plaifir, qu'elle eft pleine de ce bon Comique qui caractérise les ouvrages de Moliere.

ALLARD, Marcellin ) a donné le Ballet en langage Foréfien.

ALLEAU a fait imprimer en 1718, dans fes Euvres mêlées, une Paftorale intitulée la Fête de l'Amour & de l'Hymen.

AND

ALL
ALLIOT, n'a donné que le Muet par Amour.

AMBLAINVILLE,( Bafire Gervais d') a laiffé Lycoris, ou l'heureux Berger; la Princeffe, ou l'Heureufe Bergere; Arlette, Fable Boccagere.

AMBOISE, Adrien d' ) Grand-Maître du Collége de Navarre, Recteur de l'Univerfité de Paris, Curé de Saint André-des-Arts, & enfin Evèque de Tréguier, mort en 1516 a fait felon la Croix du Maine, plufieurs Pieces de Théâtre, entr'autres la Tragédie d'Holophetne.

AMBOISE, François d') Frere du précédent. Il fut Avocat au Parlement de Paris, & fuivit Hepri III en Pologne. La feule Piece que l'on connoiffe de lui, eft une Comédie très-facétieufe, intitulée les Napolitaines.mi

ANCHERES, Daniel) Gentilhomme, né à Verdun, & vivant au commencement du dix-feptieme fiècle. On croit qu'il étoit attaché à Jacques I, Roi d'Angleterre. Il a fait la Tragédie de Tyr & Sidon

ANDRE,(Charles) Perruquier demeurant à Paris, né à I argrès en 1722,a fait imprimer le Tremblement de terre de Lisbonne, Tragédie. L'Auteur rend compte dans fa Préface, de fon éducation, de fon mariage, & de fes talens pour les vers. On l'avoit mis au College; mais, dit-il avec une fimplicité tout-à-fait origirale, « ayant malheureufement

été créé fans bien, j'ai été contraint de quitter mes études, & d'embraffer l'état de la perru»que, qui était celui, difoit-on, qui me convenoit le mieux... Je m'appliquois dans ma jeuneffe » à faire de petites rimes fatyriques & des chanfons, qui n'ont pas laiffé de m'attirer quelques bons coups de bâton; ce qui ne m'a pas empêché de continuer toujours à compofer quelques petits

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