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BOU ΒΟΥ BOUVARD, né à Paris & originaire de Lyon entra très-jeune à l'Opéra pour remplir les rôles de deffus. Il avoit alors la voix fi étendue, qu'on affûre que jamais on n'en a ouï de pareille : mais elle mua lorfqu'il eut atteint l'âge de feize ans, & il fut obligé de quitter l'Opéra. Depuis ce tems-là, fes rôles n'ont été chantés que par des femmes. Bouvard paffa quelque tems à Rome, pour fe perfec tionner dans la Mutique, & a donné, à fon retour, celle de l'Opéra de Médus, & une partie de celui de Caffandre.

BOUVOT, (Antoine Girard ) né à Langres vers le commencement du dix-feptieme fiècle, a laiffé une Tragédie de Judith, ou l'Amour de la Patrie.

BOYER, (M.) eft Auteur de la Mufique des Etrennes de l'Amour.

BOYER, (Claude) Prêtre, natif d'Alby, vint affez jeune à Paris, dans l'intention de s'adonner à l'éloquence; mais ayant prêché dans cette ville avec peu de fuccès, il fe livra à la Poéfie; & ce fut celle du Théâtre qui l'occupa prefque uniquement. I y travailla pendant so ans, fans que jamais la médiocrité du fuccès l'ait rebuté, toujours content de luimême, & rarement du Public. Cet Auteur avoit beaucoup d'efprit, & fes différens ouvrages font animés d'un feu qui ne fut point affoibli par l'age; mais il n'avoit aucune connoiffance du fond de l'art qu'il pratiquoit ; & manquoit également de goût & de fens; fon ftyle eft prefque toujours enflé, fon langage peu correct, & fes vers ordinairement très-durs.

En 1666, l'Abbé Boyer fut reçu à l'Académie Françoife le difcours qu'il y prononça eft médiocre ; il mourut le 22 Juillet 1698. L'aimable vivacité de fa Province ne s'eft point démentie en lui jufqu'à l'âge de quatre-vingts ans. Si de jeunes Auteurs

BOY

BRA ils le trouvoient tou

alloient pour le confulter jours prêt à leur donner fes avis, la feule chofe qu'il eut à donner.

L'Abbé Boyer étoit malheureux ; mais il fçavoit s'en dédommager par fon amour-propre. On ne fçait lequel des deux doit le plus furprendre, ou fon aveuglement fur les défauts effentiels de fes ouvrages, ou l'acharnement ridicule de Racine & de Boileau contre cet Auteur. Cette perfécution, si peu convenable à ces grands hommes, n'avançoit que de quelques jours la chûte des Pieces de leur adverfaire; tandis que celui-ci, qui s'en faifoit honneur, & fe perfuadoit que cette brigue étoit cause de fes difgraces, demeuroit opiniâtrement dans l'erreur. On ne peut néanmoins lui refufer de l'imagination; mais il en faifoit mauvais ufage. Il choififfoit des plans bizarrement compliqués & des Perfonnages équivoques, qui n'avoient aucun caractère, cherchant le fublime où il ne falloit que du naturel auffi eft-il tombé dans un galimathias inintelligible peut-être à lui-même, & dans des difcours bas, fi fréquemment répétés, qu'on eft tenté de croire que c'eft le hazard qui a jetté dans fes Poëmes quelques vers heureux qu'on y rencontre. Les plus connus font Porcie, Ariftodème, la Sœur généreuse, Porus, Ulyffe dans l'Ile de Circé, Tiridate, Clotilde, Frédéric, la Mort de Démétrius, Polycrite, Oropafte, Alexandre, les Amours de Jupiter & de Semelé, la Fête de Vénus, le Jeune Marius, Celimene, Polycrate, Athalante, le Fils fuppofé, Lifimene, le Comte d'Effex, Démarate, Agamemnon, Artaxerxe, Jephté, Judith, l'Opéra de Méduse.

BRACK (Pierre de ) n'eft connu que par une Paftorale d'Aminte.

BRASSAC, ( le Chevalier de ) ancien Ecuyer de M. le Prince de Dombes, Colonel d'une Brigade de Carabiniers, & Brigadier de Cavalerie, enfuite Maréchal-de-Camp, mort depuis peu d'années, étoit

BRE

BRÉ Auteur de la Mufique de l'Empire de l'Amour, de Léandre & Héro, & de l'A&te de Linus.

BRÉCOURT, ( Guillaume Marcoureau, fieur de ) embraffa, de très-bonne heure, le parti de la Comédie, & la joua quelques années en Province dans différentes Troupes, & enfin dans celle de Moliere. Il fuivit ce dernier à Paris, lorfqu'il s'y vint établir en 1658; mais Brécourt, ayant eu le malheur de tuer un Cocher fur la route de Fontainebleau fut obligé de fe fauver; & il fe retira en Hollande, où il s'engagea dans une troupe Françoife, qui appartenoit au Prince d'Orange. Pendant le féjour de Brécourt en ce pays, le hazard voulut que la Cour de France, pour certaines raisons d'Etat, vouloit faire enlever un particulier qui s'étoit réfugié en Hollande. Brécourt, qui ne cherchoit que les occafions qui pouvoient lui faciliter fon retour dans fa Patrie, s'offrit, & promit d'exécuter ce qu'on lui demandoit. Mais cette entreprife ayant manqué, Brécourt jugea bien que fa vie n'étoit pas en fûeté; & fur le champ il revint en France. Le Roi, informé de la bonne volonté dont il avoit donné des preuves, lui accorda fa grace, & lui permit de rentrer dans la Troupe de Moliere.

Brécourt avoit beaucoup de valeur: on en rapporte un trait qui mérite d'être cité. En l'année 1658, ce Comédien étant à la chaffe du Roi à Fontainebleau, joua une affez longue Scène avec un Sanglier qui l'atteignit à la botte, & le tint longtems mais lui ayant enfoncé fon épée jufqu'à la garde, il mit ce furieux animal hors d'état de fe faire craindre. Le Roi eut la bonté de lui demander s'il n'étoit point bleffé, & de lui dire qu'il n'avoit jamais vu donner un fi vigoureux coup d'épée. Auteur & Acteur du Théâtre François, Brécourt repréfentoit avec plus de fuccès qu'il ne composoit. Il excelloit dans les rôles de Roi & de Héros dans

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les Tragédies, & dans ceux à manteau dans les Pieces Comiques. Son jeu étoit tellement animé, qu'il fe rompit une veine en jouant dans fa Comédie de Timon, qu'il vouloit faire réuffir au moins par l'action. Il mourut de cet accident en 1685. Ses autres Pieces dramatiques font l'Ombre de Moliere, l'Infante Salicoque, la Feinte Mort de Jodelet, la Noce de Village, les Régals des Coufins & Coufines, le Jaloux invisible. Il y a quelques traits comiques dans ces Pieces; mais ces traits, femés de loin en loin ne rachetent pas le défaut d'invention, & la groffiereté des plaifanteries.

Brécourt, qui, comme nous l'avons dit, étoit également grand Acteur dans le Tragique & dans le Comique, après avoir joué dans Bérénice, repréfentoit Colin dans fa petiteComédie de la Noce du Village. Indépendamment de ces rôles, il jouoit fupérieurement ceux de l'Avare,de Pource augnac,&c; mais cet homme,confommé dans la représentation, l'étoit peu dans la compofition. Nous n'avons de lui que de petites Comédies, dont la verfification eft très-foible. La plupart de fes fujets font mal conduits. On ne remarque aucun caractère; ce qu'il peut y avoir de paffable, ne doit être attribué qu'à la connoissance qu'il avoit du Théâtre, & à fon habitude journaliere. En un mot, ce Comédien excellent ne fut jamais qu'un mauvais Auteur.

BRET,(M.) né à Dijon, fils d'un célèbre Avocat de cette ville, a donné au Théâtre François l'Ecole amoureufe, le Concert, la Double extravagance, le Jaloux, le Faux généreux, la Fauffe confiance, l'Epreuve indifcrette, le Mariage par dépit, les Deux Saurs; & en fociété avec MM. Godard d'Aucourt & Villaret, le Quartier d'hyver. Il a fait jouer auffi à la Comédie Italienne, l'Entété les Deux Amis, ou le Vieux Coquet; & à l'Opéra-Comique, le Déguifement Paftoral & le Parnaffe moderne.

Ses Comédies, en général, font écrites avec une élégante facilité, dialoguées avec beaucoup de na

BRE BRE turel & de jufteffe; & la liaifon, la progreffion des Scènes annoncent une grande connoiffance de l'art dramatique. Il fçait, avec efprit, faire fortir d'une fituation, des traits de plaifanterie, des peintures de mœurs ; il fçait amufer, intéreffer dans des Scènes entieres, par des Portraits vrais, des attitudes ridicules, des touches de pinceau agréables & variées.

Nous croyons que nos Lecteurs verront ici volontiers le jugement que M. Paliffot, très-bon Juge en cette partie de notre Littérature, a porté de cet Auteur, dans fes Mémoires Littéraires, relativement au Théâtre.

«Il feroit à fouhaiter, dit-il, que M.. Bret ne se » fût jamais écarté, par complaifance pour le goût » du fiècle, des vrais principes qu'il a fur fon art. » La Double extravagance, Piece d'intrigue, & l'un » de fes premiers ouvrages, étoit dans le bon genre >> comique; mais depuis il femble que cet Auteur >> ait cru devoir faire violence à fes propres talens, >> en faveur du genre férieux, qui prenoit de jour » en jour plus de crédit fur nos Théâtres. Ce n'eft » pas que M. Bret foit tombé dans les excès monf>>trueux où nous avons vu fe précipiter quelques » Dramatiques modernes. Si l'on trouve dans fon » Faux généreux des fituations pathétiques, elles ne >> produifent que cette émotion naturelle & douce, » que les Maitres de l'art fe font quelquefois per>> mis d'exciter dans leurs meilleures Comédies. » Mais en général, M. Bret eft devenu, dans la plu» part de fes Pieces, trop réfervé fur le Comique; » comme s'il eût craint qu'il ne fût plus poffible de » ramener la nation au bon goût. On pourroit auffi >> lui reprocher de n'avoir pas toujours affez tra»vaillé fes vers; mais cette négligence fe fait moins » fentir dans le ftyle familier de la Comédie, que dans tout autre genre de Poéfie ».

BRETOG, (Jean) fieur de Saint-Sauveur, né à Di

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