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ficultez, pour tirer l'affaire en longueur, jusqu'à ce que Confalve eût reçû les fecours qui luy étoient neceffaires pour remettre les affaires d'Italie en meilleur état. Ainfi ces deux Miniftres devant agir de concert, & deux fuffrages l'emporter fur un, c'étoit les rendre maîtres abfolus du traité, & leur mettre tout le pouvoir entre les mains, pour n'en laiffer qu'une ombre à l'Archiduc.

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Ce Prince cependant fe croyant dépofitaire de toute l'autorité de Ferdinand & d'Ifabelle, fit demander permiffion au Roy Loüis de l'aller trouver à Lyon, où étoit alors la Cour de France. Louis luy envoya fans délay un fauf conduit; & pour furcroit de feureté, il fit partir douze perfonnes des plus qualifiez de fon Royaume pour s'aller mettre entre les mains des Flamans, & répondre fur leur liberté & fur leur vie, de la perfonne de l'Archiduc, tant qu'il fejourneroit en France.. L'Archiduc fe contenta du faufconduit, & fi-tôt qu'il eut mis le pied fur les terres de France, il dépêcha un courier en Flandre, pour ordonner de fa part, qu'on renvoyât inceffamment les ôtages François, déclarant qu'il ne vouloit point d'autre affu

rance que la parole du Roy leur maitre. Etant arrivé à Lyon, on luy rendit tous les honneurs dûs à fa dignité, & jamais il ne vint dans l'efprit ni au Roy ni à fon confeil, de foupçonner que l'Efpagne ne recherchât pas fincement la paix, & ne la voulût conclure à des conditions raifonnables, puifqu'autrement c'eût été commettre l'Archiduc, & l'expofer à recevoir un affront tres-injurieux. Quant au deffein de paix projetté, il y eut deux fortes de conferences; les unes entre le Roy & l'Archiduc; les autres entre le Cardinal d'Amboife & l'Evêque d'Alby pour la France, & les deux Miniftres qui avoient fuivi l'Archiduc pour l'Espagne. On convenoit de part & d'autre, qu'il étoit impoffible que le partage du Royaume de Naples entre les deux Couronnes, pût fubfifter, & qu'à moins que d'en réünir les deux parts pour les attribuer à un même Prince, du confentement des deux nations, ce feroit une fource intariffable de divifions & de guerres. Les François confentoient, que le Labour & l'Abruzze fuffent données pour dot à la Princeffe Claude, fille ainée de Louis, en échange du Duché de Milan, quand elle épouferoit le Duc de Luxembourg.

Ces deux provinces valoient mieux incontestablement que le Duché de Milan, tant par le nombre & la puiffance des villes, que par l'étenduë & la fertilité du païs, fans parler du relief qu'elles tiroient du titre de Roy qui y étoit attaché. Cependant les Miniftres d'Espagne, pour avoir lieu de prolonger la negociation, s'opiniâtrerent à foûtenir le contraire, & la difcuffion de ce feul article occupa plufieurs féances. Mais enfin que l'équivalent fût jufte ou non, l'Archiduc ne jugeoit pas que cette confideration fuffit pour rebuter les offres de la France, & il fit de fi preffantes inftances aux Miniftres d'Efpagne, qu'ils confentirent enfin à dreffer un nouveau contract de mariage entre le Duc de Luxembourg & la Princeffe Françoise, qui portoit expreffément, que ce que les François occupoient dans le Royaume de Naples, tiendroit lieu du Duché de Milan. Un autre article du traité auffi contefté par les Espagnols, & prefque avec autant d'opiniâtreté que le premier, fut de fçavoir qui demeureroit maître des provinces du Royaume de Naples, difputées par les deux Rois jufqu'à l'accompliffement du mariage du Prince & de la Princeffe

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pour qui on travailloit. Les François qui s'en étoient mis en poffeffion demandoient, qu'on leur confiât ce dépôt, & vouloient qu'on fe contentât de la parole qu'ils donnoient de le remettre au Duc de Luxembourg, aussitôt qu'il auroit époufé leur Princeffe. Les Espagnols foutenoient, que ces provinces étant du lot de leur maître, nul autre que luy n'avoit droit de tendre qu'on les laiffat entre fes mains; & comme ils vouloient que leur demande fût fondée en raifon, il leur fallut encore plufieurs conferences pour juftifier qu'en effet ces provinces étoient du partage de Ferdinand. Les François ne manquoient pas de raifons pour combattre celles des Efpagnols, & cependant les femaines & les mois s'écouloient fans que rien fe conclût. L'Archiduc impatient de voir le traité figné, & voulant couper court à ces lenteurs, & à ces difficultez affectées, s'offrit à prendre luy-même ces provinces en fequeftre, & le refpect qu'on eut pour fa dignité & pour fa parole, y fit confentir les deux parties.

Tandis que cette affaire fe negocioit à Lyon, Ferdinand eut nouvelle que la flotte qu'il avoit envoyée en Sicile, avec le renfort de troupes dont j'ay

parlé au livre precedent, y étoit arrivée heureusement, & que Confalve avoit reçû les deux mille hommes qu'il attendoit d'Allemagne. Il fçavoit que les François, n'avoient ni navires ni galeres fur la côte de Naples, le Roy Loüis, ayant contremandé la flotte qu'il deftinoit pour l'Italie, & l'ayant retenue à Genes fur l'efperance d'une paix prochaine ; au lieu que celle que Ferdinand venoit d'envoyer en Sicile, augmentée des vaiffeaux que Confalve avoit déja fur les côtes de la Calabre, le rendoit maître de la mer. Le Duc de Nemours avoit un tiers moins de

troupes que Confalve depuis les fecours qui étoient venus à ce dernier, & loin de pouvoir continuer le blocus. de Barlette, il penfoit à fe renfermer dans quelques places du Labour ou de l'Abruzze, ne pouvant plus tenir la campagne devant fon ennemi. Il fe faifoit de nouvelles levées dans l'Empire,& Maximilien ne diffimuloit point que ce n'étoit que pour aider les Efpagnols à recouvrer ce que les François avoient ufurpé fur eux. La Republique de Venife, depuis la menace que Chaumont Ambaffadeur de France luy avoit faite de la part de fon maître, de retirer les places du Milanez qui luy

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