tout que de mourir; apprenez que je feray autant de bruit par monts & par vaux, qu'en feroit un millier de chats qui font à leur sabat; je retrancheray la moitié dé ma pitance à chaque repas, pour devenir maigre & pâle comme un étique, tant qu'à la fin trépas s'en fuive, & vous ferez contente & moy auffi. Ah! que me dites-vous, petit fripon d'Ecuyer, répondit Dina, vra

ment vous mettez mon cœur

dans un grand tracas; je ne fçay que dire, ni que faire; mais ne voyez-vous pas bien que je rougis, & que ma chienne de langue va plus vîte que je ne voudrois, vous pouvez vous en aller quand

il

de

il vous plaira; mais fi vous m'en croyez nôtre Amant, rien ne vous preffe, adieu Timane, je ne puis plus foutenir le regard de vos amoureufes prunelles, j'en ay trop dit, mais on ne peut pas ôter de cela comme d'un morceau de gâteau. Ah! ma Reine, s'écria alors Ti-. mane, je ne me fens pas plaifir, morbleu que cela eft bien quel charme d'être aimé d'une fille qui parle fans qu'elle fache ce qu'elle dit: mais Dina voilà mon maître que vôtre maîtreffe ne veut plus voir Felicie s'en va peut être fortir de ces lieux en charette où fur une mule, Amandor de fon côté va fe defefperer parmy les

,

N

loups dans les forefts, en attendant que le coup de coû teau qu'il a baillé au cœur de Felicie foit refermé. Eh! dame, que feray-je avec luy, fi nous n'avions pas auffi que. relle enfemble; approchez Dina, que je vous taste itou voftre gentil corfet, & puis aprés cela, plus fiere qu'un Capitaine aux Gardes, vous vous quarerez pour me regarder du haut en bas, vous me direz que je fuis un coquin, un infolent, un dévargondé, aprés vous me tour. nerez itou le dos comme Felicie, je feray étonné, les efprits me reviendront, je courray aprés vous, je me jetteray à terre, vous vous

retournerez pour me traitter

encore comme une voirie & puis j'auray ma part auffibien qu'Amandor, &pendant qu'il gémira de fon cofté, je crieray comme un chat qu'on écorche, de l'autre ; & voilà le plaifir de l'amour quand on veut fe diftinguer.

A peine Timane eut-il prononcé ce grotefque difcours, qu'il approcha de Dina & fit ce qu'il venoit de projeter, fans qu'elle eût le temps de s'en défendre Dina en fe reculant luy donna un coup de poing dans l'eftomac, qui fit reculer l'audacieux de quatre pas. Ah ah noftre Ecuyer de chat, comme vous y allez ! marguenne, je ne fçay à quoy y tient que je ne vous ar

rache les yeux, en galleres, malheureux, & retire-toy, car je t'étrangleray avec ma jartiere, Par la fanguienne, quand tu le ferois, je ne ferois pas plus aife que je le fuis, dit Timane. Dina làdeffus s'en alla; Timane se mit dans la posture d'un homme étonné, & puis quit ta fes fabots (car c'eftoit fa chauffure pour courir aprés elle, il l'attrapa par fon cotillon, qu'il tira comme s'il avoit voulu le déchirer, & puis fe jettant à genoux: Hélas Dina, ne foyez point tant furieufe, confiderez la mifere où je fuis. Houffe, infolent, repartit Dina en s'en retournant, vous n'eftes qu'un âne d'Ecuyer; &aprés ce