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tielle de toutes les vertus, a été méconnue dans fon principe. On s'en eft fait un phantôme fufceptible de toutes les contrariétés d'application, flexible à tous les préjugés d'ignorance ou de corruption, faute de l'affeoir sur son pivot. De-là l'injustice infidieufe & converte du voile de la justice, l'injuftice politique, l'injuftice fifcale; & dès-lors on n'a confervé que le langage & l'éloge illufoire de ce phantôme informe de vertu. Voilà les faits visibles, voilà leur marche, voilà leur caufe. Où trouver au milieu de tant de defordres, le plan d'une Société paifible, profpere & permanente? Où donc ? Dans la nature où nous l'allons chercher.

Il eft, il existe un grand ordre naturel, c'est-à-dire, une loi générale & conftante dans la conftitution de l'Univers, & dans l'ensemble de toutes les efpeces qu'il renferme, pour leur action, leur durée & leur perpétuité ; le Créa

teur a pourvu toutes fes créatures d'organes relatifs à ces objets. Toutes obéiffent, les unes par impulfion que nous tenons pour inanimée, les autres par une action de vie visiblement mêlée d'une forte de difcernenient & de volonté, & que nous appellons inftinct. L'homme enfin, créature privilégiée, doué de sensibilité morale, d'intelligence, de raison & de liberté éclairée, mais affujetti aux mêmes befoins, qui s'accroiffent encore par l'étendue immense de fes facultés, dont la. perfectibilité doit, felon l'ordre, opérer l'aptitude de fes organes.

L'objet de ces dons particuliers à l'homme, eft, dans le plan de l'Etre Suprême, eft, dis je, ainfi que celui des attributs qui lui font communs avec les autres animaux, de fervir à son action, à fa durée, à la perpétuité de fon efpece, c'est-à-dire, à fon bonheur. Seul il s'écarte de la loi prefcrite & préor

donnée; il abuse de la liberté qui lui fut accordée pour perfectionner fon obéiffance, pour l'ériger en culte, la rendre méritoire & agréable au grand Inftituteur; il s'écarte, dis-je, mais l'effor de fon indépendance eft auffi borné que fa puiffance, les barrieres phifiques ne reculent pas, & le terme néceffaire de fa révolte eft l'abrutiffement, la mifere, le malheur & l'extinction de fon efpece: voilà le mal, voici d'où il procéde.

L'homme brute, ignorant & borné au fenfitif, a méconnu la loi de l'ordre, interprête visible des volontés de fon Auteur; il a féparé l'emploi de ses organes phifiques, de celui de fes facultés intellectuelles; il a regardé fes organes comme destinés à pourvoir à ses besoins phyfiques & forcés ; il a préfumé de fon intelligence, & a cru qu'il pourroit se procurer à volonté la jouiffance de fes facultés intellectuelles, & s'égaler en quelque forte à fon Auteur, il a cru

que fes connoiffances, fes talens, fa raifon & fes devoirs n'avoient rien de commun avec fes besoins physiques; il a vu dans les derniers fon abbaiffement, dans les autres fa fuprématie, il s'eft livré à la présomption & à l'orgueil; la présomption a voulu tout voir, tout entreprendre, & fe tracer à elle-même les voies de fa conduite; l'orgueil a ambitionné la fupériorité, la domination; il a rapporté tout à lui même, & pour lui exclufivement; il a voulu foumettre tout à l'empire de fes befoins & de fes defirs; il n'a fenti la néceffité de la coopération d'autrui pour le bonheur, que pour l'affortir & la concilier avec la prétention audacieufe de tout affujettir à fes volontés & à la prévention effrenée de fon imagination: l'homme ainfi déreglé n'a trouvé par tout que résistance, mépris & aviliffement, il n'a opéré que l'injuftice la défobéiffance & le crime.

Le principe reconnu du mal indique

le remede pour le rétablissement de l'ordre, le remede eft la connoiffance de l'ordre même, l'inftruction générale & la confpiration de tous pour le bonheur de tous, conformément aux décrets de l'Eterne! qui reglent l'état évidemment le plus avantageux aux hommes réunis en fociétés.

Les malheurs & les fouffrances que les hommes éprouvent dans les Gouvernemens défastreux, les plongent dans une confternation qui ne préfente aucune reffource réelle, s'ils reftent enveloppés dans les ténébres de l'ignorance: négligence criminelle, dont la punition la plus févére eft inévitable.

Quelle est donc la loi de l'ordre naturel relative à l'homme ?

C'eft de pourvoir à fes befoins; c'est la loi primitive & mere de toutes les autres qui en déterminent les moyens.

D'où peut-il tirer les chofes néceffai res pour fatisfaire à fes besoins?

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