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tôt de puissantes Nations ; c'est-à-dire des Nations féparées, & nécessairement ennemies dans la fuite entr'elles, fi la connoiffance de l'ordre naturel pénétrant chez ces nouveaux Peuples, ne bannit les jaloufies politiques & nationnales de ce nouveau continent; nécessairement ennemies, dis-je, car les diverfes formes de Gouvernement intérieur qu'elles ont contractées dès leur établissement, deviendront bientôt le principe de la diverfité des opinions & des préjugés, & l'étendard de la rivalité & de l'incompatibilité nationale.

Je vous demande maintenant, moi, fi c'eft-là ce que vous prétendez faire dans votre Empire; fi vous voulez dérouter la feve du tronc pour vivifier les branches; c'est-à-dire épuiser vos Provinces actuellement peuplées & cultivées, pour défricher & vivifier des deferts; établir dans le fein de votre Empire des diffonances & des desunions civiles,

qui le divifent un jour en plufieurs fortes & puiffantes Nations féparées & néceffairement ennemies.

Ceffez donc de m'arrêter par de tels exemples; perdez de vue de femblables modeles, & revenons aux principes de la nature, pour fonder, unir & corroborer votre grand Etat. Retenez feulement, d'après le coup d'oeil que nous venons de jetter fur les fondations modernes, qu'un effain profpere ne peut être que la jettée d'un ancien effain. Ce n'eft que de la force du tronc, que les branches peuvent recevoir la faculté & le pouvoir de fortir & de s'étendre: ce n'eft que de la partie vivante de votre Etat, que les principes de vie peuvent fe répandre dans les membres encore engourdis. Cultivez votre enclos avant que de défricher au-dehors. Cherchez avant tout, dans l'ordre de la nature, les vrais principes de la profpérité ; ils vous donneront bientôt ceux de l'extenfion,

Ces principes font connus maintenant, & ce font ceux de toute l'action de la Société humaine; propriété, liberté fureté, conditions inhérentes & inféparables les unes des autres. Nous en examinerons d'abord & féparément les conféquences & l'application.

Ces conditions effentielles de la ftabilité & de la perpétuité d'une Société, doivent, comme un dépôt facré, être confiées à une fauve-garde incorruptible. C'est encore ce que nous chercherons dans la nature; & fi nous trouvons cette fauve-garde & le moyen de la perpétuer folidement, nous aurons trouvé le point du bonheur, de la stabilité & de la durée d'un Etat, autant que le Créateur en aura donné au grand ordre qu'il a prefcrit à la nature; autant qu'il permettra au Soleil d'échaufer aux fontaines de couler, aux végétaux de mûrir & de fe reproduire.

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C'est donc de la propriété que nous allons traiter, comme de la Loi fondamentale de la Société. Vous favez, Monheur, & la Science économique aujourd'hui répandue en Europe vous a appris, , que la Loi divine & irréfragable de la propriété se divise en trois points de propriété, qui embrassent & renferment tous les droits de l'humanité, 1o. propriété de la perfonne; 2°. pro priété de nos acquets & de nos richesfes mobiliaires quelconques. 39. Propriété du fond de la terre, dont notre travail doit tirer la fourniture de nos befoins propriété facrée & inviolable encore, toute divine, dis-je, & non d'inftitution sociale; puifque la néceffité de cette propriété tient à la néceffité de la culture, & que la néceffité de la culture tient à la Loi impérieufe de nos befoins, qui font d'inftitution divine, comme nos forces, notre intelligence, & tous nos talents phyfiques & moraux,

Voilà donc trois fortes de propriétés inattaquables felon la Juftice divine & humaine, divifion qui par parenthese n'eût jamais dû être faite, puifqu'elle semble supposer l'admiffion frauduleufe d'une justice d'institution humaine, d'une justice arbitraire & étrangere à l'étude, à l'obfervation & aux decrets immuables de la justice par effence, cet attribut indélébile de l'être infiniment parfait.

Ces trois propriétés renferment tous nos droits, comme auffi nos droits s'étendent à ces trois propriétés entieres & fans restriction quelconque. Le refpect & la pleine immunité des droits d'autrui, fait la maffe de nos devoirs, & constitue la barriere fixe de nos droits. Les caracteres distincts & manifeftes du jufte & de l'injufte, dans les inftitutions fociales quelconques, font fuffifamment indiqués par cet apperçu ; la maffe des crimes réels eft fixée; c'est au Créateur,

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