Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

propriété, mais ce ne peut être non plus le Souverain, à qui vous n'en accordez aucunes. J'aime à me flatter, Monfieur, que les vérités que je vous ai exposées, commencent à faire impreffion fur vous, que votre attachement au fyftême de la communauté des biens, n'eft plus la même, que vous avez déja reconnu la néceffité de la propriété fonciere comme, une fuite de la néceffité de la culture, & la néceffité de l'inégalité des conditions comme une fuite de l'inégalité phyfique des individus, & de la néceffité de la propriété fonciere. J'aime à croire que vous fentez enfin qu'indépendamment des droits inféparables de la fouveraineté, il eft indifpenfable d'affigner au Chef de l'Etat les fonds destinés à la défense des propriétés de chaque citoyen. J'efpere que vous conviendrez également, que pour éviter les paffions perverfes de plufieurs, il eft prudent de

fe confier aux paffions d'un feul, en établiffant le plus grand intérêt de ces paffions même fur la plus grande profpérité publique; que le plus grand obftacle qu'on puiffe oppofer aux défordres & aux égarements, c'est l'inftruction conftante & générale de la Nation, & que c'est le feul moyen d'écarter les abus, fans troubler l'exercice d'un pouvoir indispensable. C'est là, Monfieur, ce qui fera le fujet de mes lettres fuivantes; mais je vous entretiendrai auparavant dans la premiere, de l'évidence, je ferai de nouveaux efforts pour diffiper le nuage qui vous la dérobe. Je croirai avoir combattu le préjugé avec fuccès, fi je parviens à éclaircir vos doutes.

Je fuis, &c.

EPHEMERIDES

DU CITOYEN,

ου

BIBLIOTHEQUE RAISONNÉE

DES SCIENCES

MORALES ET POLITIQUES.

1768. TOME QUATRIEM F.

TROISIEME PARTIE. EVENEMENS PUBLICS.

N°. PREMIER.

TABEAU de l'Exportation du Bled pendant les années dernieres.

LA pofition actuelle du Royaume,

par rapport aux Bleds, donne lieu à

beaucoup de converfations & de réfle xions fur les partis qui ont été pris par le miniftere fur cette importante matiere.

Le Public paroiffoit, il y a quatre ans, demander la liberté de l'exportation avec une espece d'enthousiasme : fes vœux ont été remplis, & aujourd'hui une grande partie de ce même Public paroît s'élever contre cette belle & utile opération, avec la même violence avec laquelle il blâmoit la lenteur du Gouvernement à s'y porter. Cette efpece d'injustice n'eft pas rare pour ceux qui ont confacré leur vie & leur repos au fervice du Public: il en résulte qu'il faut, fans fe laiffer entraîner par ces clameurs également mal fondées dans tous les cas, examiner les faits fans prévention, & tâcher de voir leurs véritables causes & leurs effets.

Ce fut au mois de Juillet 1764, que la loi fut portée pour permettre la libre fortie des Bleds. On prétendoit alors

que

que tout le Royaume en regorgeoit ; on a vu dans cette même année, les Laboureurs ne pouvoir pas vendre leurs Bleds au-deffus de 9 liv. le feptier, qu'ils vendent aujourd'hui depuis 20 jufqu à 25 liv. & même quelquefois au-delà. Mais le peu d'abondance de la récolte de cette année ayant fait monter confidérablement le prix du Bled, fur-tout dans les premiers mois qui l'ont fuivie : on s'eft plaint amérement que la liberté de l'exportation avoit enlevé tout ce qui fe trouvoit de fubfiftance dans le Royaume. Ces plaintes nées parmi le Peuple qui n'eft pas en état d'aprofondir les caufes de ce qu'il voit, fe font accréditées, même chez les perfonnes faites par état pour être plus inftruites. Mais afin d'être en état d'apprécier la marche qu'a prife ce commerce, & fi comme quelques perfonnes le prétendent, les François fe font livrés à ces fpéculations avec leur ardeur ordinaire, du Eph. 1768. Tom. IV.

M

« AnteriorContinuar »