le fanal qui les conduit fur la voie de leurs avantages.

rir que par

Que peut defirer la richeffe, fi ce n'eft les jouiffances, l'accroît facile & fucceffif de ces jouiffances? Eh bien! la multiplication des jouiffances ne peut s'obtenir que par l'accroît des richesses. L'accroît des richesses ne peut s'acquéle concours des travaux humains, qui tous dévoués au fervice de l'intérêt particulier, operent, par cela même, un ensemble de profpérité qui conftitue l'intérêt général. Ce concours ne peut être plein & entier que par le regne de la justice, qui eft la confervafion des droits de chacun. La justice donc eft le vrai moyen de parvenir à la richeffe, d'accroître la richesse, & de la porter au plus haut point d'extention: elle eft auffi le feul moyen d'accroître les jouiffances, ufage defiré de la richeffe, puifqu'elle rapproche les travaux des hommes, travaux facilités

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& multipliés par la réunion, & mis au rabais par la concurrence.

Que peut defirer la médiocrité, cet heureux lot des diftributions, par lef

quelles la divine Providence étend le partage de fes dons à un plus grand nombre d'hommes? La médiocrité, disje, plus à portée que toute autre du climat falubre de la modération, que peut-elle defirer, fi ce n'eft la tranquille jouiffance du fruit de fes foins & de fes peines, & l'accroiffement permis des avantages qui font l'objet de fon travail? Eh bien ! la paix & la jouiffance du préfent par la fécurité, de l'avenir par l'efpoir, ne peuvent fe trouver que dans le regne de la juftice; cet attribut divin qui réchauffe constamment & religieufement le cœur de tous les hommes, qui toujours éclaire & prédomine la raifon, au milieu même des tenebres de la corruption, qui toujours decide fouverainement de l'emploi de la puis

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fance, de l'autorité des Chefs, au maintien de l'immunité des petites poffeffions, du concours des droits, des devoirs, des intérêts & des engagements réciproques des hommes. La justice donc eft le feul moyen de parvenir à la paix & à la fécurité, d'affeoir la modération, d'obtenir le fruit defiré de nos peines, par le secours de la puiffance confervatrice & protectrice de nos pro priétés, de notre fureté perfonnelle & de notre liberté.

Que peuvent enfin defirer les petits & les foibles? Que peut defirer cette portion du Peuple, la plus laborieuse, la plus intéreffante & la plus deftituée de moyens & de jouiffances, dans laquelle nous nous trouverions néceffairement confondus, fi nos defirs de tous les genres étoient exaucés ; ( puisque la perpétuité du nom, de la famille, de la postérité en est un dans l'ordre des chofes; puifque defirer la perpétuité, fans

fuppofer la multiplication des êtres, feroit auffi abfurde que de vouloir l'exiftence fans fubfiftance; & que nos enfants en fe multipliant & se partageant les héritages deviendront à la fin dans l'ordre des petits). Que peut, dis-je, defirer certe portion précieuse de l'humanité, fi ce n'eft protection & liberté ? Eh bien! ces deux chofes ne fe rencontrent pour elle, plus encore que pour tous autres, que dans le regne de la justice. Il n'eft pas vrai que la juftice égalife les rangs; elle n'en décide que con

formément à l'ordre effentiel & à fes loix. Il n'est pas vrai qu'elle ne confidere perfonne; elle confidere tout & tous. Elle réclame féverement les attributions relatives à tous, felon la direction naturelle de l'ordre, & maintient tous, fans exception, dans la pleine jouiffance de leurs droits. Le pauvre ne fe plaindra point de voir aller le riche en caroffe, au Tribunal qui en doit pro

noncer les décrets; mais il murmurera fi ce riche eft plutôt entendu que lui.

La vraie justice n'a pas de relations plus exactes & plus invariables que celles qui s'adaptent au peuple, par la raifon que c'eft lui qui a le plus de befoins preffants & moins de moyens, d'y fatisfaire. Quiconque prend pour prétexte de l'injuftice, la néceffité de contenir rigoureusement le peuple, confond le peuple avec les brigands raffem. blés dans les grandes Villes, les hommes perdus de dettes & de crimes, une vile populace fondoyée par le defordre des Villes, ruinée par fes déréglements, & avide de gains illicites, dont les grands fuppots de l'injuftice favent tirer un tribut: ces brigands disent aussi qu'il faut contenir le peuple, & ils entendent tous les fujets paifibles & laboborieux livrés à l'oppreffion. C'eft ainfi que les opinions les plus funeftes & les plus déteftables s'établiffent, à la fa