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Épitaphe de l'Abbé de Chaulieu.

Apôtre de la volupté

Qu'il aimoit & qu'il prêchoit d'exemple,
Et des Mufes enfant gâté,
Ci-gît l'Anacréon du Temple.

Par M. DE LA PLACE.

MADAME DU TORT, morte vers 1720.

Cette Dame eft connue par plufieurs ouvrages en profe & en vers, imprimés dans les Mercures, fur-tout par les vers fuivans, que M. de Fontenelle mit au bas de fon portrait :

C'eftici Madame du Tort:

Qui la voit fans l'aimer a tort;
Mais qui l'entend & ne l'adore,
A mille fois plus tort encore.
Pour celui qui fit ces vers-ci,
Il n'eut aucun tort, dieu-merci.

Anne-MarguerITE PETIT, femme de M.DU NOYER, née à Nîmes, vers 1663, morte en 1720.

Quoique Madame du Noyer ne fe piquât pas d'une grande fidélité envers son époux, cependant, dès qu'elle apprenoit que M. du Noyer alloit d'habitude chez quelque femme, auffi-tôt le démon de la jaloufie s'emparoit de son ame, & il n'y avoit point d'excès auxquels elle ne fe portât; mais sa jalouse curiofité fut un jour bien punie.

Les efpions qu'elle avoit toujours en campagne, pour observer son mari, vinrent lui rapporter que M. du Noyer rendoit de fréquentes visites à une Madame Boulanger. Auffi-tôt la jaloufie de Madame du Noyer fe réveille. Elle va un matin à la friperie, y achete un habit de livrée complet; &, fur le foir, ainsi déguisée, elle vient à la porte de Madame Boulanger; fe gliffe dans la cour, lorfqu'un caroffe y entroit, & va fe cacher dans une écurie, mais non pas fi à couvert, qu'un cocher, en y entrant, ne

l'y apperçût. Le cocher ne fit pas femblant de l'avoir vue; la peur même le faifit. Il ferma les portes, assembla les domeftiques, &, d'un air égaré, monta à l'appartement de la Dame. « Au » fecours, s'écria-t-il, au fecours! la maifon » eft pleine de voleurs! je les tiens enfermés » dans mon écurie! » Les Dames fe crurent perdues; les Robins & les Financiers ne favoient où fe cacher. M. du Noyer, qui étoit préfent, & qui avoit autrefois affronté le canon & le moufquet, fe déclara le chef des exterminateurs des voleurs qui étoient cachés. Il prit un bon fufil, & fit armer les domeftiques. Chacun prit ce qu'il rencontra fous fa main. Le cocher conduifit les combattans à l'écurie. Ils tomberent à grands coups de bâtons fur le voleur, qui se mit à crier miféricorde. M. du Noyer reconnut auffi-tôt la voix de fa femme, & demeura étrangement furpris. Il fit ceffer les coups, mais non pas fi promptement, qu'elle n'en reçût encore quelques-uns, qui la mirent hors de connoiffance. Il fit retirer tous les domeftiques, & appeller fes gens. Il fit porter fa femme dans fon caroffe, & la reconduifit chez lui.

EUSEBE RENAUDOT, né à Paris en 1646, mort en 1720.

Théophrafte Renaudot, aïeul de M. l'Abbé Renaudot, a introduit les Gazettes en France. Il en fit agréer le projet au Cardinal de Richelieu en 1631, & obtint un privilége.

que

Le défintéreffement de l'Abbé Renaudot eft remarquable. Il refusa un Prieuré en Bretagne, Clément XI lui donnoit comme une marque de fon eftime. Il fallut une efpece d'ordre du Cardinal de Noailles, pour l'obliger à accepter ce Bénéfice.

On prétend que l'Abbé Renaudot favoit dixfept langues, dont il parloit le plus grand nom bre avec facilité.

L'Abbé Renaudot avoit un esprit net, un jugement folide, une mémoire prodigieuse. Sa converfation étoit amufante & inftructive par la

variété & le nombre d'anecdotes & de connoiffances dont il l'entremêloit. Homme de cabinet & homme du monde tout enfemble, il fe livroit à l'étude par goût, & se prêtoit à la fociété par politeffe. Attentif à garder les bienséances, ami fidele & généreux, libéral & même prodigue envers les pauvres, irréprochable dans fes mœurs, il fut le modele de l'honnête homme & du parfait chrétien. Tel eft le portrait que font de ce favant les Auteurs du nouveau Dictionnaire Hiftorique.

ANNE LEFEBVRE, depuis Madame DACIER, née à Saumur en 1651, morte à Paris en 1720.

M. Lefebvre avoit un ami fort entêté de l'aftrologie judiciaire. Le jour qu'Anne vint au monde, il le pria d'en faire l'horoscope, & lui donna l'heure précise de fa naiffance. L'Aftrologue, après avoir bien travaillé à cette figure, dit à M. Lefebvre qu'il l'avoit trompé, & qu'il n'avoit pas bien marqué l'heure; car, difoit-il, je vois dans cette naiffance une fortune & un

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