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fon retour qu'il découvrit qu'il y JACQUES avoit dans les Mathematiques quel- BERque chofe de bien plus excellent, NOULLI que tout ce qu'il avoit appris jufques-là, quoiqu'il eût appris alors tout ce que fçavent de fort habiles Geometres.

Avec cette petite provifion de connoiffances Geometriques faites en cachette dans la maifon paternelle, il ne laiffa pas à l'âge de dixhuit ans de donner des marques de la pénétration & de la fubtilité de fon efprit,en réfolvant ceProblême de Chronologie affez difficile, où les années du Cicle Solaire, du Nombre d'Or & de l'Indiction étant données, il s'agit de trouver l'année de la Periode Julienne.

M. Bernoulli commença les voya ges en 1676. Etant à Geneve, il trouva moyen d'apprendre à écrire à une fille qui avoit perdu la vûë deux mois après fa naillance. Il fit à Bordeaux des Tables Gnomoniques univerfelles, qui n'ont pas été encore publiées. Après avoir vû la France, il retourna chez lui en 1680. Ce fut alors

que par

le con

JACQUES feil de fes amis il lut la recherche BER- de la Verité du P. Malbranche, & NOULLI. la Philofophie de Defcartes, dont il gouta plus la méthode que les

principes.
Il

ce tems

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là une

dans parut Comête, il en prédit le retour, & compofa là-deffus en fe divertiffant un petit effai en fa langue. II fe mit enfuite fur le Rhin pour paffer en Hollande. Là il fe laiffa prendre plus qu'il n'avoit encore fait aux charmes de la nouvelle Philophie, mais fur-tout il s'abanna aux attraits de cette noble partie des Mathématiques, qui confifte dans la réfolution des Problêmes & dans les Démonftrations, & qu'il n'avoit gueres connue jufqu'alors. Il dévora la Geometrie de Defcartes, & par des efforts redoublez, il fe rendit bientôt maître, fans le fecours de perfonne, des plus grandes difficultez. Il traduifit auffi en Latin fon effai fur le mouvement des Cometes, & ce petit Traité fut fuivi d'un autre fur la pefanteur

de l'Air.

M. Bernoulli ayant vifité la Flan

dre & le Brabant, se rendit à Ca- JACQUES lais & paffa en Angleterre. Il vit à BERLondres tout ce qu'il y avoit NOULLI. d'Hommes célebres dans les Sciences, & en fut confideré. Il eut même le plaifir de fe trouver aux Conferences, qui fe tenoient toutes les femaines, chez le fameux M.Boyle, dont il acquit particulierement l'eftime.

De retour chez lui en 168 2. il fongea à rendre fes études utiles au public. Il crut que rien ne contribueroit davantage à fon def fein, que de faire des experien ces publiques de Phyfique & de Méchanique. Il s'y diftingua, & fit voir dans la Ville de Bafle ce grand nombre de belles choses nouvellement découvertes, qu'on n'y connoiffoit point avant lui. On le demanda en 1684. à Heidelberg pour y profeffer les Mathématiques, & il étoit prêt d'entrer dans cet engagement, lorsqu'il fut retenu par un autre; on tourna fes vûes du côté du mariage, & on lui fit époufer une Demoiselle d'une famille très-honorable.

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JACQUES Arrêté

par ces nouveaux

liens

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BER- qui l'attachoient à fa Patrie, il s'apNOULLI. pliqua plus que jamais aux Mathematiques & s'y donna tout entier. M. Leibnitz ayant alors donné dans le Journal de Leipfic quelques effais de fon nouveau calcul differentiel ou des infinimens petits, dont il cachoit l'Art & la Methode, M. Bernoulli & un de fes freres, qui étoit auffi fameux Geometre fentirent par le peu qu'ils voyoient de ce calcul quelle en devoit être la beauté & l'étendue; ils s'appliquerent donc à en chercher le fecret & à l'enlever à l'inventeur, ils y réuffirent, & perfectionnerent cette Methode à un tel point, que M. Leibnitz par une ncerité digne d'un grand homme a déclaré qu'elle leur appartenoit autant qu'à lui.

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En 1687. la Chaire de Mathematique à Bafle étant venu à vaquer par la mort de Pierre Megerlin, Profeffeur très-eftimé & Docteur en Droit, on jetta auffi-toft les yeux fur M. Bernoulli, pour la remplir, & il fut élu du confente

ment unanime des Magiftrats. Il fit JACQUES honneur à cette place, & s'acquitta BERde ses devoirs avec un applaudiffe- NOULLI. ment univerfel. Sa réputation attira dans Bafle un nombre confide rable d'Etrangers, qui venoient de toute part pour l'entendre. Il avoit un talent merveilleux pour enfeigner, & une adreffe particuliere à s'accommoder à la portée & au different genie de fes difciples; & le tour qu'il fçavoit donner aux chofes les plus difficiles & les plus obfcures les rendoit claires & faciles à ceuxmêmes qui avoient le moins d'ouverture d'efprit.

En 1699. l'Académie des Sciences ayant prise une nouvelle forme, M. Bernoulli y fut admis avec Jean Bernoulli fon frere,en qualité d'Af focié étranger. En 1701. ils furent auffi affociez tous les deux à l'Académie de Berlin.

Ses travaux continuels caufés par les devoirs de fa Charge, & par fon ardeur pour l'étude, furent apparemment ce qui le rendit fujet à la goute d'affez bonne heure, & enfin le firent tomber dans une

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