485 Souvenez-vous pourtant que ma famille illustre De ces Nobles fans nom, que par plus d'une voie, 490 La Province fouvent en guêtres nous envoie. Mais eussai-je comme eux des Meûniers pour parens: 495 Son cœur toujours nourri dans la dévotion, De Et pour vous détromper de la pensée étrange, Que l'Hymen aujourd'hui la corrompe & la change, Sachez qu'en notre accord elle a, pour premier point 500 Exigé, qu'un époux ne la contraindroit point A traîner après elle un pompeux équipage, Ni fur tout de fouffrir, par un profane ufage, Qu'à l'Eglife jamais devant le Dieu jaloux, Un faftueux carreau foit vû fous fes genoux. sos Telle est l'humble vertu qui dans fon ame em prainte... Je le vois bien, tu vas époufer une Sainte: Et dans tout ce grand zele il n'eft rien d'affecté. Sais-tu bien cependant fous cette humilité, L'orgueil que quelquefois nous cache une Bigotte, 10 Alcippe, & connois-tu la nation dévote? Vers 486. De l'affistance au Sceau, &c.] Une des principales fonctions des Secretaires du Roi, eft d'affifter au Sceau, dans les Chancéleries. Edit de Louis XI. Novembre 1482. 520 Il te faut de ce pas en tracer quelques traits, A Paris, à la Cour on trouve, je l'avouë, Des Femmes dont le zele eft digne qu'on le louë, s15 Qui s'occupent du bien en tout tems, en tout lieu. J'en fais Une, cherie & du monde & de Dieu, Humble dans les grandeurs, fage dans la fortune, Qui gémit, comme Efther, de fa gloire importune; Que le Vice lui-même eft contraint d'eftimer, Et que fur ce tableau d'abord tu vas nommer. Mais pour quelques vertus fi pures, fi finceres, Combien y trouve-t-on d'impudentes Fauffaires, Qui fous un vain dehors d'auftere pieté, De leurs crimes fecrets cherchent l'impunité, 25 Et couvrent de Dieu même empraint sur leur visage De leur honteux plaifirs l'affreux libertinage? N'atten pas qu'à tes yeux j'aille ici l'étaler. Il vaut mieux le fouffrir que de le dévoiler. De leurs galans exploits les Buffis, les Brantomes 30 Pourroient avec plaifir te compiler des tomes: Mais pour moi dont le front trop ailément rougit, Ma bouche a déja peur de t'en avoir trop dit. Rien n'égale en fureur, en monftrueux caprices, Une fauffe Vertu qui s'abandonne aux vices. De ces Femmes pourtant l'hypocrite noirceur, 535 Vers 520. Et que fur ce ta- Les Bullis les Brantomes. ] Le Comte de Buffi Rabutin, Auteur de l'Hi ftoire amoureufe des Gaules. Brantome a fait les Vies des Dames Galantes de fon tems. Au moins pour un Mari garde quelque douceur. 140 Penfe atteindre au fommet de la perfection: 545 Qui du foin qu'elle prend de me gêner fans ceffe, Tous les jours à l'Eglise entend jusqu'à fix Messes. ƒƒ• Mais de combattre en elle, & dompter ses foiblesses, Sur le fard, fur le jeu vaincre fa paffion, Mettre un frein à fon luxe, à fon ambition, Et foumettre l'orgueil de fon efprit rebelle: C'est ce qu'envain le Ciel voudroit éxiger d'elle. 155 Et peut-il, dira-t-elle, en effet l'éxiger? Elle a fon Directeur, c'est à lui d'en juger. Il faut, fans differer, favoir ce qu'il en pense. Bon! vers nous à propos je le voi qui s'avance. Qu'il paroît bien nourri! Quel vermillon, quel teint! 560 Le Printems dans fa fleur fur fon vifage eft peint. Cependant, à l'entendre, il fe foutient à peine,` Il eut encor hier la fiévre & la migraine: Vers 546. Elle lit Rodriguez.] Traité de la Perfection ChréLe P. Alphonfe Rodriguez Jefuite, a fait un excellent tienne. Et fans les promts fecours qu'on prit foin d'apporter, 565 Mais de tous les Mortels, grace aux dévotes Ames, Nul n'eft fi bien foigné qu'un Directeur de Femmes. Une froide vapeur Un Efcadron coëffé d'abord court à fon aide. 570 L'une chauffe un bouillon, l'autre apprête un remede, Chez lui firops exquis, ratafias vantez, Confitures fur tout volent de tous côtez ; Car de tous mets fucrez, fecs, en pâte, ou liquides, Les eftomachs dévots toujours furent avides: $75 Le premier maffe-pain pour eux, je croi, fe fit, Et le premier citron à Rouen fut confit. Notre Docteur bien-tôt va lever tous les doutes, Du Paradis pour elle il applanit les routes; Et loin fur fes défauts de la mortifier; 80 Lui-même prend le foin de la justifier. Pourquoi vous allarmer d'une vaine cenfure? Du rouge qu'on vous voit on s'étonne, on murmure. Mais a-t-on, dira-il, fujet de s'étonner? Eft-ce qu'à faire peur on veut vous condamner? 585 Aux ufages reçus il faut qu'on s'accommode. Une femme fur tout doit tribut à la Mode. L'orgueil brille, dit-on, fur vos pompeux habits, L'oeil à peine foutient l'éclat de vos rubis. Dieu veut-il qu'on étale un luxe fi profane? 590 Oüi, lorsqu'à l'étaler notre rang nous condamne. Mais ce grand jeu chez vous comment l'autorifer? Le jeu fut de tout tems permis pour s'amufer. On ne peut pas toujours travailler, prier, lire: Il vaut mieux s'occuper à jouer qu'à médire. 595 Le plus grand jeu joué dans cette intention, Peut même devenir une bonne action. Tout est sanctifié par une ame pieuse. Vous êtes, pourfuit-on, avide, ambitieuse, Sans ceffe vous brûlez de voir tous vos parens 600 Engloutir à la Cour Charges, Dignitez, Rangs. Votre bon naturel en cela pour eux brille. Dieu ne nous défend point d'aimer notre famille. D'ailleurs tous vos parens font fages, vertueux. Il eft bon d'empêcher ces Emplois faftueux 605 D'être donnez peut-être à des Ames mondaines, Eprifes du néant des vanitez humaines. Laiffez-là, croïez-moi, gronder les Indévots, Et fur votre falut demeurez en repos. Sur tous ces points douteux c'est ainsi qu'il pro nonce. 610 Alors croïant d'un Ange entendre la réponse, |