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Il faut voir de ce pas les plus confidérables. fo L'un demeure aux Marais, & l'autre aux Incurables. Je reçoi vingt avis qui me glacent d'effroi. Hier, dit-on, de vous on parla chez le Roi Et d'attentat horrible on traita la Satire. Et le Roi, que dit-il ? Le Roi fe prit à rire. $5 Contre vos derniers Vers on eft fort en courroux

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Pradon a mis au jour un Livre contre vous Et chez le Chapelier du coin de notre Place, Autour d'un Caudebec j'en ai lû la Préface. L'Autre jour fur un mot la Cour vous condamna, 60 Le bruit court qu'avant-hier on vous assassina. Un Ecrit fcandaleux fous votre nom fe donne.

D'un Pafquin, qu'on a fait, au Louvre on vous foup

çonne.

Moi ? Vous. On nous l'a dit dans le Palais Roïal. Douze ans font écoulez depuis le jour fatal,

65 Qu'un Libraire imprimant les effais de ma plume, Donna pour mon malheur, un trop heureux volume, Toujours, depuis ce tems, en proie aux fots difcours, Contre eux la Vérité m'eft un foible fecours.

Vers 50. L'un demeure aux Marais, & l'autre aux Inças rables. ] Horace, Epitre 2. du livre II.

Cubat hic in Colle Quirini,

Hic extremo in Aventino: vifendus uterque.

Intervalla vides humanè commoda.

Vers 64. Douze ans font écouler, &c.] Horace, Sat. 6. L. II.
Septimus octavo propior jam fugerit annus,

Ex quo Mecanas me cœpit habere fuorum,

&c.

Vient-il

Vient-il de la Province une Satire fade, 70 D'un Plaifant du païs infipide boutade; Pour la faire courir, on dit qu'elle eft de moir Et le for Campagnard le croit de bonne foi. J'ai beau prendre à témoin & la Cour & la Ville. Non; à d'autres, dit-il, on connoît votre stile. 5 Combien de tems ces Vers vous ont-ils bien coûté? Ils ne font point de moi, Monfieur, en vérité. Peut-on m'attribuer ces fottifes étranges? Ah! Monfieur, vos mépris vous fervent de louanges. Ainfi de cent chagrins dans Paris accablé, do Jage, fi toujours trifte, interrompu, troublé, Lamoignon, j'ai le tems de courtiser les Muses. Le monde cependant fe rit de mes excufes, Croit que pour m'inspirer fur chaque évenement, Apollon doit venir au premier mandement. 85 Un bruit court que le Roi va tout réduire en poudre, Et dans Valencienne eft entré comme un foudre; Que Cambrai, des François l'épouvantable écueil, A vû tomber enfin fes murs & fon orgueil :

qu'il y a entre ces Satires &
celles de notre Auteur, bien
des gens qui n'ont
le dif-
pas
cernement allez jufte, ou qui
n'en ont point du tout ne
laiffent pas de lui attribuer ces
miferables Piéces.

,

Vers 86. Et dans Valencienne. Le Roi aïant fait inve

Vers 69. Vient-il de la Province une Satire fade, &c.] Dans les éditions contrefaites des œuvres de Mr. Defpreaux, les Libraires ont inferé quantité de méchantes Satires dont il n'eft point l'Auteur, & qui font indignes de lui. Telles font les Satires contre le Mariage, contre les maltêtes Ec-ftir la ville de Valencienne au cléfiaftiques; coutre les Diredeurs; contre les Abbez : & plufieurs autres Piéces de la même force. Quelque remarquable que foit la difference Tome I.

commencement de Mars 1677. cette Ville,après quelques jours de fiége, fut emportée d'affaut en moins d'une demi-heure.

Vers 87. Que Cambrai, des

I

Que devant Saint-Omer, Naffau, par la défaite, 90 De Philippe vainqueur rend la gloire compléte. Dieu fait comme les Vers chez vous s'en vont couler, Dit d'abord un ami qui veut me cageoler, Et dans ce tems guerrier, & fécond en Achilles, Croit que l'on fait les Vers comme l'on prend les Villes.

,, Mais moi, dont le génie eft mort en ce moment, Je ne fai que répondre à ce vain compliment : Et justement confus de mon peu d'abondance, Je me fais un chagrin du bonheur de la France. Qu'heureux eft le Mortel, qui du monde ignoré, too Vit content de foi-même en un coin retiré! Que l'amour de ce rien, qu'on nomme Renommée, N'a jamais enïvré d'une vaine fumée;

Qui de fa liberté forme tout fon plaifir,

Et ne rend qu'à lui feul conte de fon loifir! tos Il n'a point à fouffrir d'affronts ni d'injuftices, Et du peuple inconstant il brave les caprices.

François l'épouvantable écueil.] fur les hauteurs de Caffel. Au
Sous les régnes précedens bruit de fa marche, le Duc
Cambrai avoit été affiégé inu-d'Orleans laiffa des Troupes
tilement par les François; devant la Place; & quoi qu'in-
mais après vingt jours de fié-férieur en nombre, il alla au
ge, le Roi fe rendit maître de devant de lui pour le combat-
La Ville & de la Citadelle, le tre. Malgré le défavantage dụ
17. d'Avril 1677.
nombre & du lieu, ce Prince
remporta une victoire com
plette le 11. Avril 1677, &
init en fuite le Prince d'Orange
avec les troupes. Après la vi
&toire de Caflel, le Duc d'Or,

Vers 90. De Philippe vain-
queur,&c.] Philippe de Fran-
ce, Duc d'Orleans, fit le fiége
de Saint-Omer, pendant que le
Roi affiégeoit Cambrai. Guil-
laume de Naffau, Prince d'Oleans rentra dans les Lignes
range, défefpérant de fauver pour continuer le fiége de
Cambrai, marcha avec trente Saint-Omer qui capitula le
mille hommes pour fecourir 20. du même mois.
Saint-Omer & vint fe pofter

Mais nous autres faifeurs de Livres & d'Ecrits, Sur les bords du Permeffe aux louanges nourris, Nous ne faurions brifer nos fers & nos entraves; 11 Du Lecteur dédaigneux honorables efclaves.

Du rang où notre esprit une fois s'eft fait voir,
Sans un fâcheux éclat nous ne faurions décheoir.
Le Public, enrichi du tribut de nos veilles,

Croit qu'on doit ajoûter merveilles fur merveille
115 Au comble parvenus il veut que nous croiffions.
Il veut en vieilliffant que nous rajeunissions.
Cependant tout décroît, & moi-même à qui l'âge
D'aucune ride encor n'a flétri le visage,

Déja moins plein de feu, pour animer ma voix 120 J'ai besoin du filence & de l'ombre des Bois.

Ma Mufe qui fe plaît dans leurs routes perdue's, Ne fauroit plus marcher fur le pavé des ruës. Ce n'est que dans ces bois propres à m'exciter, Qu'Apollon quelquefois daigne encor m'écouter 125 Ne demande donc plus par quelle humeur sauvage, Tout l'Eté loin de toi demeurant au village, J'y paffe obftinément les ardeurs du Lion, Et montre pour Paris fi peu de passion.

Vers 116. Il veut en vieil- qui l'âge, &c. ] 11 étoit dans Liffant, que nous rajeunissions.] fa quarante-uniéme année. C'eft pour le plaindre de cette Vers 127. Jy paffe obfinéinjuftice, qu'il a compofément les ardeurs du Lion.] Le mois de Juillet.

l'Epitre X. à fes Vers.

Vers 117. Et moi-même à

Vers 127.

livre I.

Les ardeurs du Lion.] Horace, Ep. 10.

Ubi gratior aura

Leniat & rabiem Capis, & momenta Leonis.

C'est à toi, Lamoignon, que le rang, la naissance 130 Le mérite éclatant, & la haute éloquence Appellent dans Paris aux fublimes emplois, Qu'il fied bien d'y veiller pour le maintien des Loix. Tu dois là tous tes foins au bien de ta patrie. Tu ne t'en peux bannir que l'Orphelin ne crie; Que l'Oppreffeur ne montre un front audacieux; Et Thémis pour voir clair a besoin de tes yeux. Mais pour moi, de Paris Citoïen inhabile, Qui ne lui puis fournir qu'un rêveur inutile, Il me faut du repos, des prez & des forêts. 140 Laiffe-moi donc ici, fous leurs ombrages frais,

135

Attendre que Septembre ait ramené l'Automne,
Et que Cerès contente ait fait place à Pomone.
Quand Bacchus comblera de ses nouveaux bienfaits
Le Vendangeur ravi de ploïer fous le faix,
145 Aufsi-tôt ton Ami, redoutant moins la Ville,
T'ira joindre à Paris, pour s'enfuir à Bâville.
Là, dans le feul loifir que Thémis t'a laiffé,
Tu me verras souvent à te fuivre empressé,
Pour monter à cheval rappellant mon audace,
15. Apprentif Cavalier galopper fur ta trace.

Tantôt fur l'herbe affis au pié de ces côteaux,
Où Policréne épand fes liberales eaux,

Pour s'enfuir
Vers 146.
à Baville, 1 Terre qui appar-
tient à Mr. de Lamoignon.
Elie eft à neuf lieues de Pa-
ris, du côté d'Etampes & de
Châtres,.

Vers 152.

Où Polycréne épand fes liberales eaux. ] Fontaine à une demi-lieuë de Bâville, ainfi nommée par Mr. le Premier Président de Lamoignon、

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