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STANCES

A Mr. Moliére, fur la Comédie de l'Ecole
des Femmes.

E

N vain mille jaloux Efprits,
Moliére, ofent avec mépris
Cenfurer ton plus bel Ouvrage ›

Sa charmante naïveté

S'en va pour jamais d'âge en âge
Divertir la Poftérité.

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12

Que tu ris agréablement !
Que tu badines favamment!
Celui qui fçut vaincre Numance,
Qui mit Carthage fous fa loi,
Jadis fous le nom de Terence
Sût-il mieux badiner que toi ?

Ta Mufe avec utilité

Dit plaisamment la verité.
Chacun profite à ton Ecole :

Tout en eft beau, tout en eft bon;

Et ta plus burlesque parole

Eft fouvent un docte fermon.

Laiffe gronder tes Envieux:

Ils ont beau crier en tous lieux,

Vers 9. Celui qui fut vaincre Numance &c.] Scipion l'Africain.

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Qu'en vain tu charmes le Vulgaire ;
Que tes Vers n'ont rien de plaifant,
Si tu favois un peu moins plaire,
Tu ne leur déplairois pas tant.

SONNET

PARM

Sur la Mort d'une Parente.

ARMI les doux transports d'une amitié fidelle,
Je voïois près d'Iris couler mes heureux jours.
Iris que j'aime encor, & que j'aimai toujours,
Brûloit des mêmes feux dont je brûlois pour

elle.

Quand par l'ordre du Ciel une fiévre crüelle
M'enleva cet objet de mes tendres amours;
Et de tous mes plaisirs interrompant le cours,
Me lailla de regrets une fuite éternelle.

Ah ! qu'un fi rude coup éronna mes esprits!
Que je verfai de pleurs! que je poussai de cris!
De combien de douleurs ma douleur fut fuivie!

Iris, tu fus alors moins à plaindre que moi.
Et, bien qu'un trifte fort t'ait fait perdre la vie,
Hélas! en te perdant, j'ai perdu plus que toi,

!

AUTRE SONNET

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Sur le même fujet.

TOURRI dès le berceau près de la jeune Orante, Et non moins par le coeur que par le fang lié, A fes jeux innocens Enfant affocié,

Je goûtois les douceurs d'une amitié charmante.

Quand un faux Efculape, à cervelle ignorante, A la fin d'un long mal vainement pallié, Rompant de fes beaux jours le fil trop délié, Pour jamais me ravit mon aimable Parente.

O! qu'un fi rude coup me fit verser de pleurs! Bien-tôt, la plume en main, fignalant mes douleurs, Je demandai raifon d'un acte fi perfide.

Oui, j'en fis dès quinze ans ma plainte à l'Univers;
Et l'ardeur de venger ce barbare homicide
Fut le premier Démon qui m'inspira des Vers.

EPIGRAMMES.

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I.

A un Médecin.

UI, j'ai dit dans mes Vers, qu'un célébre Assassin, Laiffant de Galien la fcience infertile, D'ignorant Medecin devint Maçon habile: Mais de parler de vous je n'eûs jamais deffein; Perrault, ma Mufe eft trop correcte. Vous êtes, je l'avoue, ignorant Médecin, Mais non pas habile Architecte.

Cette Epigramme fut compofée en 1674. après la publication de l'Art poëtique, où l'Auteur avoit fait, au com

R

mencement du quatriéme Chant, la Métamorphofe d'un Médecin en Architecte.

I I.

A Mr. Racine.

ACINE, plain ma destinée.
C'est demain la triste journée,

Où le Prophéte Des - Marais,

Armé de cette

même foudre

En 1674. Mr. Des-Marêts de St. Sorlin entreprit une Critique générale des Oeuvres de Mr. Defpréaux, & la fit impri- | mer en 1675. Notre Poëte qui en fut averti, prévint la critique par cette Epigramme.

Vers 3. Où le Prophête DesMarais.] Son nom eft ici écrit Des-Marais, afin que la rime foit plus vifible. Il s'étoit érigé en homme infpiré, & en Prophéte. Voïele Dict. Hift. de Bayle.

ΤΟ

Qui mit le Port-Roïal en poudre,
Va me percer de mille traits.
C'en eft fait, mon heure eft venuë.
Non que ma Muse foûtenuë

De tes judicieux avis,

N'ait affez de quoi le confondre :

Mais, cher Ami, pour lui répondre,
Hélas! il faut lire

Vers 5. Qui mit le Port-Roial en poudre.] Des-Marêts avoit fait en 1665. une Réponse à l'Apologie pour les Réligieufes de Port-Roïal.

Clovis.

Vers 12. Hélas! il faut lire Clovis.] Poëme de Des-Marêts, ennuïeux à la mort.Cette petite Note eft de notre Auteur.

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I I I.

Contre S. Sorlaini

DAN's le Palais hier Bilain

Vouloit gager contre Ménage,
Qu'il étoit faux que Saint Sorlain
Contre Arnauld eût fait un Ouvrage.
Il en a fait, j'en fai le temps',
Dit un des plus fameux Libraires.
Attendez..... C'eft depuis vingt- ans.
On en tira cent Exemplaires.

C'est beaucoup, dis-je, en m'approchant,
La piéce n'eft pas fi publique.

Il faut conter, dit le Marchand,

Tout eft encor dans ma Boutique.

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