Imágenes de páginas
PDF
EPUB

fubtil ne peut être que plus prompt que celui du corps le plus pefant & le plus maffif, mais il ne peut pas plus être inftantanée. Un préjugé trop favorable aux Cieux & aux Corps celeftes leur a fait donner bien des prérogatives qu'ils commencent à perdre. On les avoit crus incapables d'alteration, on en eft prefentement defabusé par l'experience, mais fi on avoit bien raisonné, c'auroit été de tout temps un grand préjugé contre eux, que les changemens des Corps fublunaires. Les mêmes Loix de la Nature ont cours par tout, & les Cieux ne doivent nullement être privilegiés. Si l'on veut que le mouvement de la Lumiere ne foit pas un changement réel de lieu, un tranf port effectif, mais une fimple preffion de quelque matiere fubtile, une ondulation, le Son n'en eft qu'une non-plus, & il ne fe répand pas en un inftant. De plus les 14 Minutes que la Lumiere doit emploïer à traverser l'Orbe annuel, c'est à dire à parcourir 66 millions de lieuës, donnent une facilité agréable à faire des calculs fur ce mouvement, à lui comparer celui du Son, à fonder des fpeculations élevées & fubtiles, & tout cela perfuade en faveur de l'hypothêfe.

Cependant M. Maraldi la combat presentement, & d'une maniere affés forte. Il prouve que tout ne s'y accorde pas, & c'est affés, car une hypothese eft obligée de répondre à tout.

Il est vrai que d'une oppofition de Jupiter à une conjonction, ou d'une conjonction à une oppofition les Eclipfes du premier Satellite varient felon que le demanderoit le mouvement fucceffif de la Lumiere. Il eft vrai de plus qu'entre ces deux termes, c'est à dire, vers les quadratures de Jupiter avec le Soleil, la variation des Eclipses du Satellite eft la moitié de la variation totale, de même que la variation de la distance de Jupiter à la Terre eft alors la moitié de la variation totale de cette même distance depuis une oppofition jufqu'à une conjonction.

Mais il faudroit encore que du Perihelie à l'Aphelie de Jupiter ou réciproquement, il y eût une variation dans

les Eclipfes du Satellite; car du Perihelie à l'Aphelie de Jupiter la variation de fa distance à l'égard du Soleil, est le quart du diametre de l'Orbe annuel de la Terre, & fi la lumiere traverse cet Orbe en 14', elle parcourt le quart de fon diametre en 4' à peu près, qui font une quantité affés fenfible pour l'Aftronomie d'aujourd'hui. Il s'enfuit donc que fi l'on a plufieurs obfervations des Eclipses du Satellite pendant l'oppofition de Jupiter, mais que dans les unes Jupiter ait été à fon Perihelie, & dans les autres à fon Aphelie, elles doivent donner une variation sensible dans les Eclipfes du Satellite, mais M. Maraldi, qui a un grand nombre d'observations entre les mains, prouve que cette variation ne s'y rencontre jamais, & que l'on gâteroit les Tables fi l'on y vouloit introduire à cet égard la confideration du Perihelie & de l'Aphelie de Jupiter.

Il faudroit de plus dans l'hypothèse du mouvement fucceffif de la lumiere, que la feconde inégalité du premier Satellite lui fût commune avec les trois autres; les differences de leurs distances à la Terre ne font rien, ni par rapport à l'énorme distance où ils en font tous, ni par rapport à la prodigieufe rapidité qu'on eft obligé d'attribuer à la lumiere. Mais M. Maraldi fait encore voir que les trois Satellites les plus élevés ont, à la verité, des fecondes inégalités, auffi-bien que le premier, mais fort differentes, & beaucoup plus grandes, au lieu qu'elles devroient être égales à la fienne.

Y

Il paroît donc qu'il faut renoncer, quoique peut-être avec regret, à l'ingenieufe & féduifante hypothefe de la propagation fucceffive de la lumiere, ou du moins à l'unique preuve certaine que l'on crût en avoir, car une preuve manquée ne rend pas une chofe impoffible. Il est vrai que fi la lumiere traverse 66 millions de lieuës fans emploïer le moindre temps dont nous puiffions nous appercevoir, il y a fujet de craindre qu'elle ne se répande en un inftant, il faudroit qu'elle eût une viteffe au-delà de toute vrai semblance. A quoi tient-il que nous ne tombions dans de grandes erreurs? Si Jupiter n'eût eu qu'un Satellite,

Satellite, & fi fon excentricité à l'égard du Soleil eût été moindre, & ces deux chofes-là étoient fort poffibles, nous nous ferions tenus fûrs que la lumiere traversoit en 14′ l'Orbe annuel de la Terre.

SUR L'ECLIPSE DE LUNE

DU DIX-SEPT AVRIL.

V. les

'Eclipfe de Lune du 17 Avril ne fut obfervée que fort dur M. imparfaitement par les Aftronomes de l'Academie; P.168.172. des nuages qui paffoient prefque à chaque moment de sss. vant la Lune leur déroberent un grand nombre de Phafes, & leur rendirent douteuses la plupart de celles qu'ils leur laifferent appercevoir.

... Mrs Caffini & Maraldi virent au travers des nuages le bord oriental de la Lune déja un peu éclipfé à 11° 57′ du 16 Avril, & Mrs de la Hire obferverent pour premiere phase 3 doits 36' éclipfés à o2 11' du 17. Ces deux observations s'accordent à donner le commencement de l'E clipfe beaucoup plutôt que oh 5' du 17, temps auquel il avoit été marqué par la Connoiffance des Temps. Elle s'eft trop écartée du Ciel fur ce point, & l'Academie ne fait point de difficulté de l'avouer. Les calculs, quoique longs & penibles, ont été refaits tout de nouveau par ceux même qui ne les avoient pas faits en premier lieu, & qui n'y avoient nul interest personnel; on n'a pû y découvrir d'erreur. Il fe peut que les irrégularités de la Lune, qui en a plus qu'aucune autre Planete, ne foient pas encore toutes connuës, ou ne le foient pas parfaitement.

C'est dans les obfervations difficiles que les Aftronomes ont lieu de faire paroître plus d'industrie. M. de la Hire avoit deux obfervations fûres, éloignées l'une de l'autre de 23', & entre ces deux il en avoit 8 de douteufes. Il fit reflexion que cette Eclipfe étoit centrale à trespeu de chose prés, c'eft à dire, que le centre de la Lune

1707.

L

[ocr errors]
[ocr errors]

paffoit par celui de l'ombre, & qu'en vertu de ce paffage direct & perpendiculaire, l'ombre devoit marcher d'un pas égal fur le corps de la Lune, & y couvrir ou y laiffer découvertes des parties égales en des temps égaux. Comme il avoit 8 obfervations douteufes entre 2 fûres, il partagea en 10 intervalles de temps égaux les 23 Minutes qui étoient l'intervalle des deux bonnes obfervations, & par-là il trouva les 10 parties égales correfpondantes du diametre de la Lune, où l'ombre devoit s'être trouvée fucceffivement. En comparant à ces phases certaines celles qu'il avoit par fes obfervations douteufes, ou celles qu'elles lui donnoient, il vit à quoi pouvoit monter l'erreur, & jufqu'où il pouvoit fe fier à des operations faites dans cette efpece de defordre. D'un autre côté M's Caffini & Maraldi fuppléerent aux obfervations qui leur manquoient par celles qui leur vinrent de divers endroits. Par exemple, ils avoient observé avec fûreté le commencement de l'Emerfion, M. le Marquis Salvago leur enyoïa de Gennes le moment de l'Immerfion totale, & par la difference connue des Meridiens de Paris & de Gennes, ils eurent ce moment pour Paris. Ils eurent donc le temps de la demeure entiere de la Lune dans l'ombre, & ils le trouverent de 1° 47′ 50′′, & fe rencontrerent dans la même Minute avec la Connoiffance des Temps, qui le donne de 1' 47' 8". Son erreur ne confifte donc qu'à avoir retardé l'Eclipfe.

Si l'on fe fouvient de ce qui a été dit dans l'Hist. de *P. 59. & 1704 * fur les differentes refractions de l'Atmosphere, & fur les changemens qu'elles peuvent causer dans l'ombre de la Terre, on ne fera étonné, ni que pendant l'obscurité totale la Lune ait toûjours été fort rouge, ni que vers le centre de l'ombre on y ait vû une espece de Tache plus noire, ni que cette Tache ait paru changer de figure & de place, ainfi que l'a obfervé M. de la Hire.

Le même P. Boutin Miffionnaire Jefuite, qui, comme *p. 113. & nous l'avons dit dans l'Hift de 1706 *, avoit obfervé au Port de Paix dans l'Ifle de S. Domingue l'Eclipfe de Lune

114.

du 28 Avril 1706, obferva celle-ci dans le même lieu. Par fon observation de la premiere Eclipfe l'Ile de S. Domingue, & par confequent toute l'Amerique étoit de 6 degrés, c'est à dire de 150 lieuës à peu prés plus occidentale qu'elle ne l'eft par les meilleures Cartes que nous aïons euës jufqu'à prefent; mais par l'observation de la feconde Eclipfe, cette grande difference diminuë, & l'Amerique n'eft plus que de 2 degrés & demi plus occidentale qu'on ne croïoit. Les obfervations de l'une ni de l'autre Eclipfe n'ont été faites avec tous les Inftrumens necessaimais il paroît que ce font celles de la premiere dont on peut le plus fe défier.

res,

LA DERNIERE

SUR LA

CONJONCTION ECLIPTIQUE

DE MERCURE AVEC LE SOLEIL,

N

Et en general fur la Planete de Mercure.

V. les M. p. 175, 198, 200,& 359. * p. 106,

Ous avons dit dans l'Hist. de 1706 * que Mercure eft affés difficile à voir, tant parcequ'il eft fort petit, que parcequ'il eft toûjours fort proche du Soleil, & par-là fon mouvement doit être difficile à déterminer, & y mais il l'est encore par deux autres raifons. Cette Planete va fort vîte, & fon Orbe eft fort excentrique au Soleil, ce qui rend fon mouvement fort inégal dans de petits intervalles de temps.

Les Conjonctions écliptiques de Mercure avec le Soleil, c'est à dire, celles où il paffe devant le Soleil, & en écli pfe une petite partie, doivent donc être fort importantes, puifque de tous les points de fon cours ce font les plus propres à des déterminations exactes & précises. Depuis qu'il y a des Aftronomes, on n'a encore que 6 de ces Conjonctions, toutes 6 dans le Siécle paffé.

La plupart des Tables Aftronomiques en promettoient

« AnteriorContinuar »